Adel Amara, le candidat du Front populaire qui a mis fin à la guerre entre deux villes

Villiers-sur-Marne (94) – « Pourquoi parle-t-on d’« émeutes » dans les quartiers alors que les agriculteurs se « révoltent » ? » « Pourquoi Nahel n’a-t-il d’importance que pour nous ? » « Comment pouvons-nous changer les choses ? » Adel Amara, 37 ans, écoute avec sérieux les questions de la dizaine de jeunes venus à sa rencontre. « Nous sommes tous en colère. Et sans les émeutes, personne n’aurait parlé de Nahel, c’est sûr. » Ils ont entre 19 et 25 ans, comptent le soutenir dans sa campagne pour les législatives, à la fois fier de cette candidature de la société civile et rempli de frustration envers la classe politique. “Mais celui qui se fait prendre prend pour tout le monde, c’est l’abattoir !” », poursuit le représentant du Nouveau Front Populaire, qui voudrait proposer d’autres modalités de mobilisation :

« Pendant qu’il y a 50 jeunes devant la mairie, qui ont des revendications et disent « sinon on ne votera plus pour vous », ça marche beaucoup mieux. »

A Villiers-sur-Marne (94), La France insoumise a désigné un candidat issu de la société civile. /
Crédits : Louisa Ben

L’homme au béret titi parisien, chemise blanche et col retroussé sait de quoi il parle. Il décide de se lancer en politique en 2020, après des années d’engagement associatif, en présentant sa liste aux élections municipales. Devenu conseiller municipal d’opposition pugnace – « C’est mon rôle, je suis là pour les bousculer », sourit l’intéressé – il s’engage bec et ongles contre l’islamophobie et la discrimination, sur la question palestinienne et pour la jeunesse. C’est lui qui a proposé – pour la deuxième fois – sa candidature à La France insoumise (LFI). Investi jeudi soir en urgence, il s’est entouré d’une équipe tout aussi jeune et, comme lui, s’est investi dans l’association locale. Ensemble, ils voudraient mener une « campagne pour » : « Pour la démocratie, pour le climat, pour la justice sociale, pour la paix. » En partie cependant contre le fatalisme de certains électeurs de la 4e circonscription du Val-de-Marne. Aux jeunes assis autour de lui, il assure :

« Au lieu de perdre notre temps à convaincre les décideurs, prenons leur place et décidons. »

A Villiers-sur-Marne, Adel Amara, candidat du Nouveau Front populaire, voudrait vaincre le fatalisme et continuer à s’engager en faveur de la jeunesse. /
Crédits : Louisa Ben

“Nous sommes fiers! »

“C’est super qu’il se présente”, sourit Bamba, 22 ans, qui connaît le candidat depuis longtemps. Son acolyte Mara, 23 ans, ne mâche pas ses mots non plus. “Nous sommes fiers! Il ne suffit pas d’être applaudi pour pouvoir faire de la politique depuis un quartier. » Pochette Bamba :

« Il a opté pour des choses que je ne pensais pas être bonnes pour nous. Je ne me suis jamais dit que je pouvais écrire un programme, faire valoir mes idées et me présenter à la mairie. Maintenant, je sais que c’est possible et je ne ferme plus les portes. »

Adel Amara, 37 ans, s’est entouré d’une équipe tout aussi jeune et s’est investi comme lui dans l’association locale. /
Crédits : Louisa Ben

En 2020, Adel Amara tente de se présenter à la mairie de Villiers-sur-Marne face au Républicain (LR) Jacques Alain Benisti, vétéran politique de 72 ans. Un vent de jeunesse qui divise la gauche en un triangle orageux, que les socialistes n’ont pas pardonné localement. Toujours utile, le nouveau sur la scène politique rassemble 16,92% et 980 voix, avec d’excellents scores dans les arrondissements de la ville.

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Adel Amara représente une voix qui donne de l’espoir dans sa ville de Villiers-sur-Marne. /
Crédits : Louisa Ben

Adel Amara s’est beaucoup impliqué dans ce dossier. « Je suis un enfant de l’éducation populaire. J’ai à cœur de rendre ce que j’ai reçu. » Il dirige un temps le club de futsal, participe à des actions associatives citoyennes et s’engage auprès de la jeunesse. Avec une poignée d’amis, il réussit notamment à mettre fin à la guerre entre les villes des Hautes-Noues à Villiers et du Bois l’Abbé à Champigny-sur-Marne (94). Une situation extraordinaire que « StreetPress rapportait en juillet 2021 » :https://www.streetpress.com/sujet/1626097198-fin-guerre-cites-val-marne-hautes-noues-villiers-bois-labbe-champigny. Le candidat a également participé à ces rixes. Il a vu ces rivalités se transmettre de génération en génération. « On a mis les jeunes dans ce pétrin, il fallait les sortir », avait-il alors expliqué. Bamba faisait partie des jeunes sauvés. Il organise désormais des matchs de football avec ses anciens rivaux. «C’est un justicier de l’ombre», commente Mara.

L’opposant politique

Le Bondy Blog, mais aussi les caméras de Reuters, Mediapart et même d’un média allemand passent d’un jeune à l’autre. Le candidat de la société civile investi par le LFI intrigue. Sera-t-il à la hauteur d’une circonscription divisée entre quartiers, classes moyennes minées par le sentiment de déclassement, et coins plus bourgeois ? Les journalistes connaissent aussi le caractère du candidat, élu dans l’opposition offensive depuis 2020. Sur sa chaîne YouTube, il publie des comptes rendus du conseil municipal, leurre le maire et, le cas échéant, participe à la diffusion de l’information dans la presse :

« Au conseil municipal, le maire est tout-puissant. Alors je sors les problèmes de sa bulle, pour qu’ils ne puissent pas être réduits au silence. »

Alors que la mairie tente d’annuler une réunion publique avec Rima Hassan – la députée européenne nouvellement élue et insoumise, engagée contre le génocide en cours à Gaza – Adel organise une manifestation devant la mairie. Le maire se replie quelques heures avant et le rassemblement n’a pas besoin d’avoir lieu.

Le candidat de la société civile désigné par LFI intrigue les médias. /
Crédits : Louisa Ben

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Une dizaine de jeunes sont venus rencontrer Adel Amara. Ils ont entre 19 et 25 ans, et comptent le soutenir dans sa campagne pour les législatives. /
Crédits : Louisa Ben

Le candidat est également officier municipal à Champigny-sur-Marne, commune voisine où il est à la tête d’une structure jeunesse. Le maire de droite, Laurent Jeanne, n’a pas apprécié l’engagement de son chef en faveur d’un candidat – de gauche – aux élections départementales. Adel Amara n’aurait pas respecté son obligation de secret. Menacé de licenciement, il dénonce une « chasse aux sorcières ». 320 élus signent une tribune pour le soutenir. Un coup de pression qui réduit la sanction à trois jours d’exclusion.

Les journalistes connaissent aussi le caractère du candidat, qui s’est révélé être un élu d’opposition offensif depuis 2020. /
Crédits : Louisa Ben

“Je ne vais pas voter”

Adel Amara se précipite vers Adama, carrure de golgoth et peigne disposé dans sa barbe. Câlin chaleureux, les deux hommes sont amis depuis longtemps. “On te soutient Adel, tu sais, mais on n’ira pas voter”il dit jovial et droit dans ses bottes :

« Depuis Hollande, je me suis promis de ne plus voter. Je veux y aller pour Adel, mais je ne veux pas revenir sur ma parole. »

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Adel Amara se précipite vers Adama. Câlin chaleureux, les deux hommes sont amis depuis longtemps. /
Crédits : Louisa Ben

Comme un blocage psychologique, compris par Mahamadou, un proche d’Adel, acteur de la vie associative de la ville. S’il s’implique au quotidien, il assure rester loin des politiques qui l’ont déçu.

« Aujourd’hui, je vois une voisine mettre de l’essence dans sa voiture pour aller travailler, mais qui fait les poubelles à la fin du mois. Qui s’en soucie ? »

Il répond quand Adel l’appelle et va voter, car il connaît ses convictions et ses combats, tout en doutant des leviers d’action dont il disposerait une fois à l’assemblée.

“Nous te soutenons Adel, tu sais, mais nous n’irons pas voter.” /
Crédits : Louisa Ben

“On met fin aux rixes, on tient tête à la mairie, on est au-delà du fatalisme”, affirme en marge le candidat, convaincu de son mode d’action. Mais il n’est pas le candidat des circonscriptions, tient-il à préciser :

« Les jeunes et les quartiers sont ma force. Mais nous allons avoir tout le monde. Certaines personnes ne peuvent pas parler aux quartiers. Nous avons les clés pour parler au plus grand nombre. »

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Il se dit prêt à venir à l’Assemblée. Grâce au Nouveau Front populaire, il est la seule voix de gauche de l’énorme circonscription qui regroupe sept communes du Val-de-Marne. Positif, il conclut :

« Je suis fier de notre programme et je sais que nous pouvons convaincre. Notre ennemi est le temps. »

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Adel Amara se dit prêt à venir à l’Assemblée. /
Crédits : Louisa Ben

Article d’Inès Belgacem, avec photos de Louisa Ben.

 
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