A Strasbourg, des policiers condamnés à de la prison pour interpellation violente sans motif prouvé

A Strasbourg, des policiers condamnés à de la prison pour interpellation violente sans motif prouvé
A Strasbourg, des policiers condamnés à de la prison pour interpellation violente sans motif prouvé

Le cas est “un résumé de tout ce qu’il ne faut pas faire”, selon le procureur. Des peines de prison et de récusation ont été prononcées contre des policiers, jeudi 20 juin, par le tribunal de Strasbourg, dans une affaire relative à l’arrestation « sans fondement » de deux individus pour cinq membres de la police.

Les cinq membres de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) 36, basée en Moselle, ont été poursuivis pour « violences aggravées » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle » après la plainte d’un individu interpellé le 11 avril 2023, dans le quartier de Cronenbourg. Strasbourg. Le chef du groupe a été condamné à trente mois de prison, dont douze mois, avec bracelet électronique, et à cinq ans d’interdiction d’exercer la profession de policier. Il a été acquitté du vol d’argent liquide, soit les 410 euros que la victime prétendait avoir été volés.

Un deuxième agent a également été condamné à dix-huit mois de prison, dont neuf mois, sous bracelet électronique, et à deux ans d’interdiction de travailler. Sur les trois derniers agents, deux ont été condamnés à des peines de prison avec sursis de douze et six mois sans interdiction d’exercer, le dernier a été acquitté. « au bénéfice du doute ».

L’avocat des deux policiers les plus lourdement sanctionnés, Philippe Lopez, a dénoncé à l’Agence France-Presse (AFP) une décision “injuste”, affirmant qu’il étudiait la possibilité de faire appel. Il avait plaidé pour sa libération, comme ses confrères. Ces peines sont inférieures à celles demandées par le procureur, qui avait requis des peines de prison plus lourdes et des interdictions d’exercer pour toutes les personnes impliquées.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Un policier de Dijon BRI mis en examen après avoir tiré sur un homme lors d’une intervention

Ajouter à vos sélections

« Ils étaient censés faire respecter la loi, ils l’ont enfreinte »

Le procureur a décrit l’affaire comme « un cas d’école, un résumé de tout ce qu’il ne faut pas faire ». « Ces policiers étaient censés maintenir l’ordre, ils créaient le désordre. Ils étaient censés faire respecter la loi, ils l’ont enfreinte.a-t-il déclaré au début de son réquisitoire.

Lors de l’intervention contestée, ces cinq CRS avaient élevé avec force et brutalité deux jeunes hommes « Type nord-africain » dans leur véhicule, sans que le motif de l’arrestation n’apparaisse clairement. Après un premier transport, ils ont procédé à un contrôle d’identité dans une impasse, où ils ont relâché l’un des deux individus, emmenant l’autre au commissariat.

« Surmontez-vous, ne cherchez pas de merde, foutez le camp ! » »avait ordonné au chef du groupe de s’approcher du premier individu en le poussant sur la poitrine. “On le ramène, on l’a trop secoué”, “il est trop bête, alors on le ramène”a-t-il déclaré à propos du deuxième, selon les vidéos diffusées à l’audience et enregistrées par les caméras des agents.

L’homme a été libéré après quarante-huit heures de garde à vue. Il s’est plaint d’avoir été frappé et a accusé les policiers de lui avoir volé son argent liquide, 410 euros. Un médecin lui avait prescrit une ITT d’une journée.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Refus d’obtempérer : un projet de loi pour clarifier l’usage des armes par les forces de l’ordre

Ajouter à vos sélections

“PV plein d’omissions”

Les débats ont longuement porté sur les raisons de l’arrestation. Cela était justifié selon la police par les insultes proférées à leur égard et les crachats, mais ni visibles ni audibles sur les vidéos. Les insultes n’ont pas non plus été mentionnées dans le rapport d’intervention, a relevé le procureur Alexandre Chevrier, pas plus que l’arrestation de l’un des deux individus, par exemple.

Les ateliers du monde

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences

Découvrir

“Le PV est plein d’omissions, de fausses choses”a déploré le procureur, estimant que sur “ce que la police a dit, il n’y a pas une image qui leur revient”. Il a dénoncé le comportement « de policiers qui sont dans la toute-puissance, dans l’impunité, qui s’affranchissent de la loi, de la procédure, qui bafouent les libertés individuelles. C’est inacceptable dans une démocratie..

Il a mentionné un “confiance brisée” envers les policiers. « C’est sur la base de leur PV qu’on rend la justice, que les tribunaux condamnent. Si nous ne pouvons plus faire confiance, que faisons-nous ? »Il a demandé.

La défense des CRS a au contraire remis en cause la force probante des vidéos. “C’est l’avènement de la justice TikTok”s’agace Eymeric Molin, évoquant « des images pas vraiment lisibles, des mots pas vraiment audibles ». « Le cœur de métier des CRS, c’est le maintien de l’ordre »pas des opérations de sécurité urbaine, a répondu le chef du groupe, contestant fermement les accusations.

« Des mois peuvent passer sans qu’une procédure ne soit rédigée », a-t-il dit pour expliquer les manquements constatés dans le procès-verbal, rappelant le manque de pratique des CRS dans cet exercice. Les agents, bien notés par leurs supérieurs et pour certains décorés pour actes de bravoure, ont exprimé leur sentiment de” humiliation “ être jugés devant un tribunal, leurs avocats envisageant la procédure « disproportionné et excessif au regard de tous les services rendus à la République ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au CRS 30, soupçons d’homophobie et de “gestion toxique” pour un policier

Ajouter à vos sélections

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV après Lasso Coulibaly, Auxerre veut enchaîner
NEXT Pontarlier. Quelques idées de sorties dans le Haut-Doubs pour le week-end du 1er et 2 juin