Damian Penaud est vraiment insaisissable

Damian Penaud est vraiment insaisissable
Damian Penaud est vraiment insaisissable

jeIl est aussi insaisissable sur le terrain qu’en dehors. Il y a en Damian Penaud (27 ans), ce joueur de classe mondiale, cet ailier extrêmement efficace et capable de changer le destin d’un match d’un coup de génie. Et il y a ce gars un peu décalé, parfois « lunaire », détaché de tout, qui surprend même ses coéquipiers à l’approche des matchs. Mais l’un n’empêche pas l’autre. « Il est vraiment fascinant, c’est le mot », sourit l’arrière Nans Ducuing. « On a l’impression qu’il est un peu nonchalant ou paresseux mais dès qu’il prend un ballon, il y a toujours du feu. Il peut vous débloquer dans n’importe quelle situation en passant derrière les poteaux, en passant par la buvette, les tribunes, avant de revenir et de marquer. »

Aux vestiaires, quelques minutes avant le coup d’envoi, l’international français (53 sélections) est dans sa bulle. Il siffle, termine sa partie d’échecs sur son téléphone et n’enfile ses chaussettes et ses crampons qu’au tout dernier moment. « Si vous le regardez, c’est un spectacle », s’amuse Ducuing. Mais il ne joue pas trop, il est vraiment comme ça, avant même un quart de finale de Coupe du monde. Il a un détachement par rapport aux événements qui est assez frappant. » Et il ne changera pas sa routine même pour une demi-finale de Top 14 face au Stade Français, ce samedi (21h05) au Matmut Atlantique.


Damian Penaud.

Laurent Theillet/Sud Ouest

«Ça apporte un peu de légèreté», confirme le pilier gauche Jefferson Poirot. Il aborde les grands rendez-vous avec une simplicité que je ne serais pas capable d’avoir. Il apporte beaucoup de bonne humeur au groupe. Au quotidien, c’est quand même un régal d’avoir ce type de joueur qui relativise et rappelle que c’est un jeu. Et il le prend vraiment comme ça. »

« Sur l’aile opposée à l’action, le gasman avait les deux mains dans son short et avançait à un rythme soutenu. Je me suis dit : mais qui fait ça en Top 14 ? »

Lorsque Damian Penaud est arrivé en équipe de France (2016-2017), cette attitude « cool » a un peu agacé le sélectionneur de l’époque. « Guy Novès est un peu plus old school que moi, ça l’a déstabilisé », se souvient Yannick Bru, qui fut son adjoint. « Mais il a vite vu que Damian faisait partie des gros concurrents. »

Vraiment aucune pression

Une fois sur le terrain, entre deux actions, Damian Penaud entretient toujours la même décontraction et fait rire ses coéquipiers, comme Nicolas Depoortere, le week-end dernier lors du barrage contre le Racing 92, dont l’échange a été capté au micro de Canal+ après un tacle manqué. sur Vinaya Habosi. « Franchement, j’ai rarement vu ça… Pourtant, j’y ai mis un peu. Je me suis dit « je vais le faire bouger ». C’est un platane frérot, c’est un arbre… » Malgré l’enjeu d’une telle rencontre, Damian Penaud n’a pas perdu sa légèreté.

“Au micro, il se retenait, et en plus, il était un peu malade (problèmes de ventre)”, se souvient Nans Ducuing, qui se souvient du match de l’UBB à Oyonnax, sous la neige, en décembre dernier. « Sur l’aile opposée à l’action, le gasman avait les deux mains dans son short et avançait à un rythme soutenu. Je me suis dit : mais qui fait ça en Top 14 ? Sur l’action suivante, on lui envoie un ballon et il marque. »

On peut être un grand ailier sans se prendre au sérieux. Damian Penaud en est la parfaite illustration. “J’essaie de bien m’entendre avec tout le monde, donc j’ai toujours tendance à faire un peu les bêtises, pour amuser la galerie”, expliquait-il dans un entretien au “Parisien” la semaine dernière. « C’est ma façon d’être, de m’exprimer, de faire vivre le groupe. J’essaie d’être le plus joyeux possible, d’être moi-même ! » A l’UBB, l’ailier a trouvé un client sérieux dans ce domaine en la personne de Nans Ducuing. Tous deux ont également tourné une publicité déjantée pour du beurre de cacahuète, se faisant passer pour des sauveteurs au bord d’une piscine.

« Ce qui me choque, c’est l’écart entre Damian Penaud à l’entraînement et en match »

En revanche, l’international français se replie parfois un peu sur lui-même. « Il aime être seul, qu’on ne lui en demande pas trop, explique Nans Ducuing. Nous aimons aller jouer au golf mais ce n’est pas facile de le sortir de son terrier. Il n’aime pas vraiment les foules. Comme c’est une superstar, je comprends aussi. »

Attention aux apparences

Durant les semaines de préparation, “ce n’est pas toujours évident de lire son état d’esprit”, reconnaissait il y a quelques temps Christophe Laussucq, l’entraîneur en charge de la défense. « Ce qui me choque, c’est l’écart entre Damian Penaud à l’entraînement et Damian Penaud en matches, poursuit Nans Ducuing. C’est une chose folle. A l’entraînement, on pourrait mettre ma grand-mère, c’est la même chose. Mais il se connaît parfaitement, il joue beaucoup de matches saison après saison et il se blesse rarement. Il fait des choses très ciblées en termes de récupération, de mobilité. »


Damian Penaud.

Thierry DAVID/SudOuest

Damian Penaud aurait-il un statut particulier ? « Pas du tout », assure Yannick Bru. Le seul statut qu’on lui demande c’est d’être le meilleur et il répond aux attentes. Je salue son engagement auprès du club. Avec la Coupe du monde, il est sur le pont depuis très longtemps. C’est normal qu’il garde les cartouches d’agression pour le match. Il ne peut pas être en déplacement tout le temps. Et tout le monde à l’UBB l’a bien compris. On travaille beaucoup sur la responsabilité, chacun a sa méthode de préparation. Damian, il lui reste juste à finir sa partie d’échecs à 21h04 ce samedi. »


Damian Penaud.

Guillaume Bonnaud/South West

Des statistiques exaspérantes

14 matchs (13 départs)
14 essais (1 par match)
16 passages (1,14 par match)
25 défenseurs battus (2,5 par match)
757 mètres gagnés ballon en main (54,1 par match)

 
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