Ça y est, l’Espagne a raté sa balle ! – Euro 2024 – Gr. B – Espagne-Italie – .

Ça y est, l’Espagne a raté sa balle ! – Euro 2024 – Gr. B – Espagne-Italie – .
Ça y est, l’Espagne a raté sa balle ! – Euro 2024 – Gr. B – Espagne-Italie – .

Avant d’aborder le match contre l’Italie ce jeudi, Unai Simón s’est rendu en conférence de presse où il a notamment été question d’un débrief de la première journée maîtrisée face à la Croatie (3-0). Le gardien a été interrogé sur une statistique qui alimente les débats en Espagne : pour la première fois depuis la finale de l’Euro 2008, soit 137 matches en compétition officielle, le Rouge a laissé la possession à son adversaire (46% contre 54%). « Nous n’aurons pas toujours la possession, nous n’aurons pas toujours plus de contrôle du ballon que l’adversaire, mais il s’agit de gagner des matchs, avec 5% de possession ou avec 95 »a analysé le gardien de l’Athletic Club, marquant ainsi une véritable rupture dans l’histoire récente du football ibérique marquée par des séquences de passes interminables, pour le meilleur et pour le pire.

Une adaptation obligatoire

En juin 2008, lorsque son pays surprenait l’Allemagne en lui donnant le ballon, Pep Guardiola n’avait pas officié un seul match à la tête de l’équipe première du FC Barcelone et n’avait donc pas encore dicté la marche à suivre à l’ensemble de l’Europe. Nous n’avons même jamais calculé ces pourcentages relativement vagues avec cette précision. Sous le mandat de Luis Aragonés, commencé quatre ans plus tôt, l’art de la confiscation s’était déjà quelque peu développé, mais il fut considérablement intensifié par ses successeurs Vicente del Bosque, Julen Lopetegui ou, surtout, Luis Enrique. Ces derniers ont débuté l’Euro 2021 par un triste 0-0 face à la Suède, gardant la tête pendant 86% de la rencontre ! Au fil de la compétition, l’actuel entraîneur du PSG avait affiné son style pour atteindre le dernier carré, avant de se caricaturer à nouveau lors du Mondial 2022 en sortant en huitièmes de finale face au Maroc malgré plus de 1 000 passes.

Avant, avoir plus de contrôle sur le ballon vous garantissait de meilleurs résultats. Désormais, c’est nous qui pouvons surprendre les adversaires.

Luis de la Fuente

Mais comment la sélection espagnole a-t-elle pu opérer un tel changement en si peu de temps ? Selon Carles Martínez Novell, entraîneur ibérique de Toulouse, ce ne sont pas les échecs successifs aux Coupes du monde 2018 et 2022 qui l’expliquent : « Le football prend une direction qui nécessite de dominer toutes les phases du jeu, la phase de possession, la phase défensive et les transitions offensives et défensives. Les Espagnols sont également concernés par cette évolution et doivent s’adapter. » Ainsi, Pedri, loué pour sa qualité de passe, s’est fait remarquer davantage pour son pressing lors de l’ouverture de l’Euro 2024 que pour ses 25 ballons touchés. Lors de la dernière édition, il en avait une moyenne de 91 et, si ce total est augmenté de trois prolongations, il est surtout révélateur de l’évolution du rôle du milieu barcelonais en sélection. De son côté, José Luis Mendilibar, entraîneur espagnol de l’Olympiakos et vainqueur de la C4, n’a pas raté une miette du match contre la Croatie et est satisfait de la fin. « Des passes en retrait sans risque pour garder le ballon à tout prix » pour que cela se produise « passes directes vers l’avant qui peuvent surprendre l’adversaire ». Celui de Fabián Ruiz pour l’ouverture du score d’Álvaro Morata n’aurait en effet jamais été imaginé pendant les années Luis Enrique.

« Peut-être qu’avant, avoir plus de contrôle sur le ballon vous garantissait de meilleurs résultats. Maintenant, c’est nous qui pouvons surprendre nos adversaires comme nous l’avons fait aujourd’hui. », s’est félicité samedi Luis de la Fuente, dont le style contraste clairement avec celui de son prédécesseur, tant sur le terrain qu’en dehors. L’ère de l’entraîneur à la manière de proviseur a pourtant débuté avec les mêmes carences face à l’Ecosse lors d’une défaite (2-0) malgré 75% de possession. Depuis, il s’est montré plus souple que l’entraîneur du PSG et « n’apprécie pas son jeu simplement parce qu’il avait le ballon ou pas »selon Carles Martínez Novell, qui a notamment permis de remporter la Ligue des Nations, six mois après l’élimination anticipée au Qatar.

Le mérite de Luis de la Fuente

L’ancien latéral de l’Athletic Club ne vit que de gagner selon Marc Fachan, son joueur lors de onze matches courts à Alavés en 2011. Licencié trois mois après son arrivée, Luis de la Fuente a néanmoins laissé un souvenir inoubliable à l’actuel entraîneur de Tarbes, qui termine son diplôme d’État supérieur et qui est resté en contact avec le sélectionneur espagnol pour discuter tactique. « C’est un entraîneur pragmatique, qui voit le jeu verticalement. Il veut toujours avancer avec beaucoup de vitesse », confirme le latéral droit. Ce dernier reconnaît avoir « gémit » dès son départ et assure que l’équipe de deuxième division aurait pu développer le même style que l’équipe Rouge contre la Croatie.

Finalement, le Deportivo Alavés n’a pas laissé suffisamment de temps à l’entraîneur pour mettre en œuvre son projet, malgré de nets progrès au fil des semaines : « ÔIl manquait de qualité pour le mettre en pratique lors des matches, mais l’essentiel était déjà là. Si on le garde, on va en barrages et on joue pour la promotion en Liga. » Après cette courte expérience, qu’il a eu du mal à digérer selon Marc Fachan, Luis de la Fuente rejoint la fédération en 2013 pour entraîner les différentes sélections, gravissant les échelons petit à petit. Après des titres européens en tête des U19 et des Espoirs – en plus d’une finale olympique – son nouvel objectif est clair : l’Euro chez les grands.

Vers un changement définitif ?

Reste à savoir s’il parviendra à faire perdurer ses idées au-delà de l’été dans ce pays où le football se regarde depuis un tableau noir. Même si l’Italie de Luciano Spalletti parvient à reprendre le ballon à Rougece jeudi, on ne dit pas que l’ensemble du football espagnol soit touché et abandonne définitivement le contrôle de la possession. « L’Espagne est un pays où les entraîneurs sont toujours à la recherche de nouvelles options. Je pense qu’il y a toujours un débat entre le style de Guardiola au Barça, le plus défensif de cette année avec Xavi, le jeu d’Emery, mais avoir le ballon reste très important. », explique Carles Martínez Novell. Selon lui, il semble peu probable de voir un amour du jeu de transition, ou pire encore, de la contre-attaque, arriver du jour au lendemain dans les catégories des jeunes joueurs espagnols. José Luis Mendilibar croit également en une tradition qui se poursuivra dans les années à venir, car « il est fondamental d’avoir soit les joueurs pour arriver à ce résultat, soit la mentalité pour pratiquer le football de transition ». Avant 2008 et l’avènement de guardiolismeL’Espagne ne pensait certainement pas non plus qu’elle parviendrait à conserver le ballon pendant seize longues années.

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