Des Aurès au Panthéon en passant par Ravensbrück, le voyage exceptionnel du siècle d’une femme rayonnante d’humanité.
Personnalité phare du réseau des Musées de l’Homme, panthéonisée en 2015, l’ethnologue Germaine Tillion (1907-2008) ne se considérait pas comme une héroïne. De sa jeunesse libre à Saint-Maur-des-Fossés dans une famille catholique et intellectuelle à ses missions africaines dans les années 1970, en passant par sa formation auprès du professeur Marcel Mauss dans l’effervescence parisienne d’un Trocadéro devenu phare d’une science aux ressources humaines renouvelées, son immersion de quatre ans parmi les Chaouïas des Aurès, son activité d’évasion, de faux papiers et de renseignements pendant l’Occupation, son emprisonnement à Fresnes puis au camp de Ravensbrück ou encore son engagement au cœur de la guerre d’Algérie – auprès du général de Gaulle , Yacef Saâdi ou Albert Camus, chaque étape de sa longue existence est fascinante. On découvre une femme audacieuse et courageuse, d’une honnêteté intellectuelle remarquable qui combat les mensonges idéologiques, use de l’humour en toutes circonstances, y compris au cœur du système concentrationnaire nazi, et agit autant qu’elle l’écrit, pour aider et sauver ses semblables. Toute sa vie, Germaine Tillion est restée fidèle à l’esprit de sa mère, Émilie Tillion, décédée à Ravensbrück, à ses camarades assassinés par les nazis et à une certaine idée de résistance. Avec ses amies Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Anise Postel-Vinay et Denise Vernay, qui lui portaient toutes une grande admiration, elle incarnait la mémoire de la lutte contre la barbarie. Au terme de son voyage à travers le XXee siècle, elle s’impose comme une figure majeure, à la fois incarnation du combat pour la liberté et trait d’union entre l’Afrique et l’Europe.
