Dans le cadre de l’édition 2024 des Francos de Montréal, le Théâtre du Nouveau Monde propose la comédie musicale Lili St-Cyr. La pièce revient sur l’arrivée de la danseuse burlesque à Montréal ainsi que sur l’impact que cette femme a eu sur la ville pendant la prohibition. Ce spectacle, mêlant fiction et faits réels, propose une réflexion féministe tout en permettant aux spectateurs de se laisser enchanter par les pièces musicales, les danses et les costumes des six comédiens présents sur scène.
Avant même le début de la pièce, le public est plongé dans l’univers des années 40. Un jeune « paper boy » en short et en chemise est devant le théâtre, tenant les programmes qui ressemblent à de vieux journaux. Ce n’est pas au TNM que le public se rend mais à son prédécesseur : la Gayety, théâtre et club dans lequel Lili St-Cyr se produisait dans les années 1940.
Selon les membres du Théâtre du Nouveau Monde, une rumeur selon laquelle un « fantôme du TNM » serait en fait celui de Lili St-Cyr est revenue hanter le théâtre montréalais dans lequel elle a dansé pendant plusieurs années.
Lili St-Cyr, également connue sous le nom de « Miss Champagne », est une artiste américaine embauchée par un théâtre montréalais, le Gayety, pendant la Prohibition. Cette actrice était connue pour être la « reine du strip-tease ». L’artiste danse nu, mais n’est pas un simple danseur burlesque ; selon elle, elle fait de l’art, des spectacles à grande échelle, dont un qui se déroule dans une baignoire placée au milieu de la scène.
Dans la pièce écrite par Mélissa Cardona, Lili St-Cyr, interprétée par Marie-Pier Labrecque, arrive à Montréal alors que la première femme maire de la ville, Jessie Fisher (Kathleen Fortin), tente d’interdire les clubs de strip-tease. Elle devra faire preuve d’inventivité pour contourner les nouvelles règles mises en place pour l’empêcher de faire ses shows. Historiquement, ce sont les membres du clergé québécois qui voulaient interdire l’artiste et ses spectacles « provocateurs » ; le fait d’avoir inventé ce personnage du maire de Montréal est intéressant. Cela donne un aspect plus féministe et actuel à la pièce.
Même objectif, visions différentes
La comédie musicale est un spectacle féministe dans lequel les trois personnages principaux, Lili St-Cyr, la mairesse Jessie Fisher et la chanteuse Sophie Leblanc (Lunou Zucchini) sont des femmes visant un même objectif : la liberté pour toutes les femmes. Cependant, chacun d’eux a sa propre vision de la manière d’atteindre cet objectif, ils se mettront des obstacles les uns dans les autres, ajoutant au côté comique de la pièce mais prouvant aussi que l’union fait la force.
La pièce comprend de nombreuses scènes comiques qui ne manqueront pas de faire rire le public. Que ce soit par les expressions faciales, les perruques et autres costumes des personnages ou encore simplement par les dialogues. La plupart des spectateurs auront le sourire aux lèvres tout au long de la pièce. Les personnages les plus comiques sont souvent les différents rôles joués par l’acteur Roger La Rue. L’acteur passe facilement d’un rôle à l’autre, ne manquant jamais de faire rire le public au passage.
Les différentes pièces musicales, composées par Kevin Houle, sont très bien pensées, elles s’intègrent facilement à l’histoire. Pour le public, il semble normal que les personnages se mettent à chanter lorsqu’ils font cela. Les numéros de danse ainsi que les costumes des six comédiens, notamment ceux de Lili St-Cyr, sont particulièrement beaux.
Le décor est sobre : deux scènes, quelques tables de cabaret et des projecteurs qui permettent de mieux se concentrer sur les danses, les paroles et les costumes des acteurs et actrices présents sur scène. Malgré la simplicité du décor, le public n’a aucun mal à comprendre les différents lieux dans lesquels évoluent les personnages. La mise en scène de Benoît Landry est une réussite.
Lili St-Cyr est une comédie musicale dynamique, vraiment drôle et intéressante. Il permet au public d’en savoir un peu plus sur l’artiste Lili St-Cyr et son attachement à Montréal. Il ne faut pas prendre tous les passages du récit pour des faits historiques, de nombreux événements ont été modifiés, notamment pour rendre la pièce plus drôle, plus percutante mais aussi plus féministe et contemporaine.
Le spectacle comprend une véritable réflexion sur les femmes, leur image et leur volonté de contrôler. C’est un sujet d’actualité aujourd’hui et qui a été abordé de manière grandiose.
