Aucun décret d’urgence en vue pour le caribou de la Gaspésie

La possibilité que le gouvernement fédéral impose un décret d’urgence pour protéger trois troupeaux de caribous forestiers de la province, mais pas celui de la Gaspésie, soulève interrogations et déception dans la région.

Insatisfait des mesures mises en place par Québec, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a annoncé lundi qu’il recommandera à son gouvernement d’agir pour protéger les populations de Pipmuacan, Val-d’Or et Charlevoix, sans toutefois dont le troupeau Chic-Chocs.

Cependant, la harde gaspésienne compte moins de 24 individus, dont 13 en enclos. En comparaison, la harde Pipmuacan, au nord du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comptait quelque 225 individus en 2020.

Ce n’est certainement pas parce que la situation du caribou de la Gaspésie n’est pas alarmante et urgente.souligne le directeur de la conservation à la Société nature et parcs (SNAP) Québec, Pier-Olivier Boudreault.

Ce dernier précise également que le caribou de la Gaspésie est considéré comme en voie de disparition par le gouvernement fédéral, un statut plus grave que celui du caribou forestier.

INSTANTANÉ Québec avance quelques hypothèses pour expliquer l’exclusion du troupeau gaspésien d’une éventuelle intervention fédérale.

Ce que nous pensons, c’est que l’origine de cette demande vient des Premières Nationscroit M. Boudreault. Il y a des Premières Nations qui ont demandé au gouvernement fédéral d’intervenir, et puis probablement il n’y a pas eu de demande de ce genre, de la part des Premières Nations du côté de Gaspé.

Le représentant de INSTANTANÉ Québec souligne également que le caribou de la Gaspésie fait partie de l’écotype montagnard, tandis que les hardes de Pipmuacan, Val-d’Or et Charlevoix font partie de l’écotype forestier.

Sur le plan juridique, cela pourrait expliquer pourquoi nous n’avons pas d’intervention fédérale prévue pour le caribou de la Gaspésie à l’heure actuelle.dit Pier-Olivier Boudreault.

Pas moins de 13 caribous sur la vingtaine recensés en 2023 ont été mis en enclos durant l’hiver. (Photo d’archives)

Photo : iStock / gotrain

Par courriel, l’attaché du ministre fédéral de l’Environnement confirme que l’analyse fédérale s’est jusqu’à présent limitée au caribou des bois, aussi appelé caribou boréal par les institutions fédérales.

L’analyse initiée par nos experts sur la menace imminente et l’opinion formée par le ministre portaient sur le caribou boréal et non de montagne.écrit Kaitlin Power. Nous sommes également préoccupés par la situation précaire du caribou de Gaspé et continuerons de travailler pour assurer leur rétablissement.

Néanmoins, INSTANTANÉ Québec estime qu’Ottawa, qui a la responsabilité de protéger les espèces menacées en vertu de la loi, aurait la légitimité d’intervenir en Gaspésie.

Il est certain que Québec a proposé une stratégie partielle qui inclut le caribou de la Gaspésie. Peut-être que le gouvernement fédéral attend de voir le résultat, mais nous n’avons pas de date limite pour l’application des mesures de protectionsouligne M. Boudreault. Cela laisse donc une marge de manœuvre au gouvernement fédéral pour intervenir.

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Le caribou de la Gaspésie est le dernier troupeau au sud du Saint-Laurent. (Photo d’archives)

Photo : SEPAQ/Denis Desjardins

Réactions régionales

Le porte-parole du Comité de protection des monts Chic-Chocs, Louis Fradette, est déçu que le gouvernement fédéral n’entende pas, pour le moment, imposer un décret d’urgence pour protéger le caribou de la Gaspésie.

M. Fradette soutient que la stratégie dévoilée par Québec en avril est clairement insuffisante.

Le gouvernement fédéral devrait revoir sa position pour intervenir en Gaspésie, car actuellement, le provincial ne fait que trouver des raisons de reporter la protection du caribou. Québec est toujours en consultation, après des années et des annéesdéplore Louis Fradette.

La stratégie pour protéger le caribou du Québec est tellement vague et manque de mordant qu’elle ne vaut pas la peine d’en parler.

Une citation de Louis Fradette, porte-parole du Comité de protection des monts Chic-Chocs

M. Fradette s’inquiète de la situation de plus en plus alarmante du caribou de la Gaspésie et appelle Québec et Ottawa à travailler ensemble pour assurer sa survie. Le comité n’arrive pas à croire qu’on va assister à la disparition du caribou de la Gaspésie alors qu’on a tous les moyens pour changer les choses.il dit.

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Louis Fradette, porte-parole du Comité de protection des monts Chic-Chocs, est déçu que la harde de caribous de la Gaspésie ne fasse pas partie du plan d’intervention du ministre fédéral. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Adrianne Gauvin-Sasseville

De son côté, le porte-parole d’Environnement Vert Plus, Pascal Bergeron, est divisé sur les effets que pourrait avoir un décret fédéral d’urgence en Gaspésie.

Les mesures annoncées par le provincial qui touchent les ressources naturelles, forestières et minières ne sont pas assez sévères, donc de ce côté-ci, le gouvernement fédéral aurait dû s’impliquer.il croit.

Pascal Bergeron, en entrevue à Radio-Canada.

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Le porte-parole d’Environnement Vert Plus, Pascal Bergeron, estime que Québec aurait dû mettre un terme à l’exploration minière dans l’habitat du caribou. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Pascal Bergeron craint toutefois qu’un décret fédéral puisse nuire à l’industrie récréotouristique, déjà inquiète des effets du plan de protection des caribous sur l’accès au territoire.

Pour l’utilisation du territoire pour les besoins de l’industrie récréotouristique, le gouvernement fédéral aurait pu geler et resserrer les mesures, ce qui n’est pas souhaitable dans le temps.souligne Pascal Bergeron.

Québec a récemment prolongé la période de consultation sur les projets pilotes de protection du troupeau de la Gaspésie et de Charlevoix dévoilés en avril, repoussant l’échéance du 30 juillet au 31 octobre.

Le Comité de protection des monts Chic-Chocs et INSTANTANÉ Québec est désolé de ce nouveau retard.

On demande toujours des reports, mais les caribous n’en peuvent plus d’attendreestime Pier-Olivier Boudreault. Avec les déclins démographiques que l’on observe ces dernières années, ce ne sont pas des reports qui s’imposent, mais plutôt une accélération du rythme.

 
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