Par
Valentin Gaxieu
Publié le
17 novembre 2024 à 20h30
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Nichée à Rahon, la scierie Mutelet est un institution familiale avec une histoire qui remonte à plus de 120 ans. Fondée en 1899 par un arrière-arrière-grand-père, l’entreprise a traversé les épreuves du temps et les guerrestout en restant fidèle à ses racines.
La société, initialement créée sous le nom une scierie et un moulin à farines’est rapidement spécialisé dans transformation du chênesurtout après le Seconde Guerre mondiale. « La scierie a démarré grâce à l’énergie hydraulique. Vers 1939, les Allemands l’ont démantelé. Après la guerre, il a été remis en place », a-t-il déclaré. Voix du Jura le patron actuel, Pierre Mutelet.
« Chaque membre est important »
Depuis sa création, l’entreprise est restée famille. Pierre Mutelet a toujours fait partie de cette aventure, d’abord en tant que salarié puis en reprenant l’entreprise il y a sept ans. « Notre force, c’est l’esprit de famille, chaque membre de l’équipe est important. Si je ne suis pas là, les choses continuent à fonctionner», confie-t-il.
Il faut dire que la scierie Mutelet, avec son 26 salariésa toujours pu compter sur la fidélité et l’expérience de son personnel. Un exemple poignant de cette continuité : Bruno Bongainl’employé le plus ancien, qui prendra sa retraite en janvier 2025 après 42 ans de servicetout comme son père avant lui, fidèle depuis 47 ans.
Piédestaux destinés aux artisans
Aujourd’hui, la scierie Mutelet se démarque dans le secteur par sa spécialisation dans le chêne. L’entreprise se concentre principalement sur la production de parcelles de grande longueur, largeur et épaisseur, atteignant jusqu’à 140 mm. Ces parcelles sont destinées aux commerçants, qui les revendent ensuite à des artisans, dans le but de fabriquer des meublesrestaurer bâtiments anciens ou historiquesou encore créer du parquet.
La scierie s’approvisionne principalement Burgundy-Franche-Comtédans le Grand Esten Île-de-France ou encore en le Centre.
Nous traitons du bois de très bonne qualité, nous pouvons donc nous permettre d’aller loin par rapport au prix de vente.
16 000 m3 de bois transformés par an
Une fois arrivé à la scierie, le bloc est scié et mis à sécher dehors. « Il va rester là entre un et deux ansselon l’épaisseur », explique Pierre Mutelet.
A noter que l’entreprise dispose en permanence d’un stock de 5 000 m3 de blocs, plateaux et bords. Les bois sont naturellement emballé et séché. La scierie est équipée d’un installation moderne séchage. L’énergie thermique nécessaire au processus provient d’un chaudière biomasse récentealimenté par l’écorce produite par la scierie. Les produits secs sont stockés dans un hangar.
Chaque année, 16 000 m³ de bois sont transformés. Le directeur explique : « Les parquets et les bois de moyenne qualité vont en France, et les bois de bonne qualité vont en France. Angleterre et Belgique. » Au total, 60% des parcelles sont exportées. Pour un chiffre d’affaires de neuf millions d’euros par année.
Un scanner nouvelle génération
L’autre partie du bois est sciée, bordée et reliée à l’aide d’un nouveaux scanners. Il y a deux ans, la scierie a investi dans un nouvelle ligne dernière génération. « Il existe un premier scanner qui optimise les largeurs de planches et les rendements. De là, deux ou trois planches sortiront de la machine et seront à nouveau scannées afin d’être retravaillé transversalement »présente Pierre Mutelet. Le rôle du scanning, donc, trouver la planche la plus chère en une fraction de seconde.
Le premier au monde
Ce scanner est le premier modèle au monde concernant le chêne. Développé par un fabricant luxembourgeoisil a été testé pendant un an et demi. Le réalisateur raconte : « Lorsque nous avons commencé à prendre contact il y a cinq ou six ans, il y avait de mauvaises lectures de bois, de mauvaises définitions de caméra. Depuis, il y a eu une évolution, avec nouvelles technologiesnotamment l’arrivée de intelligence artificielle. »
Cette innovation a donc servi de vitrine au constructeur luxembourgeois. « Nous étions les seuls au monde à l’avoir, alors il a attiré des clients du monde entierAméricains, Russes… Je voulais être le premier parce que je savais que j’allais avoir un public derrière moi », confie-t-il.
Moderniser la scierie
Dès son arrivée à la tête de l’entreprise, Pierre Mutelet n’a pas hésité à lancer de nouveaux objectifs. « Je n’ai pas attendu de rembourser l’entreprise pour investir, j’ai dû y aller », raconte-t-il. Sa prochaine ambition, reconstruire la scierie pour moderniser les installations et intégrer davantage les technologies de pointe. Un projet qui s’inscrit dans la continuité de l’esprit d’innovation.
Reste à savoir si l’entreprise restera familiale. Père de trois garçons, Pierre Mutelet assure qu’ils feront « ce qu’ils veulent ». Il confie, le sourire aux lèvres : « Dans la famille, nous n’avons jamais été obligés de reprendre l’entreprise. »
Visite du préfet et du député
Cependant, s’approvisionner en bois de qualité peut s’avérer difficile, notamment avec le changement climatique. « Il y a de moins en moins de bois de qualité, avec de plus en plus de dépérissement. La seule solution est de s’adapter», explique Pierre Mutelet. D’autant que les conditions de récolte du bois dépendent en grande partie des décisions prises par l’Office national des forêts (ONF).
Suite aux dernières intempéries, de nombreux bois de la forêt de Chaux sont tombés. C’est dans ce contexte que Pierre Mutelet a reçu la visite du préfet du Jura Serge Castel, et de la députée Justine Gruet, ce jeudi 7 novembre 2024.
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