un modèle de conciliation diplomatie-famille

un modèle de conciliation diplomatie-famille
un modèle de conciliation diplomatie-famille

« Nous essayons de ne pas parler de travail au dîner. Ça marche parfois, parfois pas”, confie en souriant Tjorven Bellmann, dans une interview à l’émission Dans les coulisses du pouvoir.

Parler de travail semble en effet inévitable pour elle et son mari qui, en plus de partager leur vie, partagent le rôle d’ambassadeur d’Allemagne au Canada. Pourtant, la famille est au cœur du choix professionnel des deux diplomates.

Tjorven Bellmann, Matthias Lüttenberg et leurs trois enfants âgés de 10, 12 et 15 ans ont emménagé dans la résidence officielle d’Ottawa en septembre dernier. C’est dans un premier temps Mme Bellmann qui occupe le poste d’ambassadeur, tandis que son mari prendra la relève au bout de huit mois. Le couple alternera dans ce poste pendant la durée du mandat d’au moins quatre ans.

Ils sont tous deux diplomates de carrière. Avant d’arriver à Ottawa, elle était directrice politique au ministère des Affaires étrangères à Berlin. Il était directeur au sein du même ministère et responsable de l’Europe de l’Est.

Nos enfants […] ont besoin de leurs parents. À Berlin, […] on n’a pas eu le temps de les écouter, de les soutenir à l’école et c’est beaucoup plus facile ici quand on partage le travail.

Une citation de Tjorven Bellmann, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Canada

Ce modèle diplomatique est né d’une volonté délibérée de moderniser la profession, d’être flexible pour les jeunes familles et d’inciter davantage de femmes à occuper ce poste.

Si elle est déjà appliquée en Slovénie et en Suède, c’est une première hors des frontières de l’Europe et au sein d’un pays du G7.

Cette initiative du gouvernement allemand a suscité beaucoup de curiosité chez ses collègues diplomates à Ottawa. C’est vraiment quelque chose que les gens aiment ici. J’espère qu’il est possible de stimuler [une discussion] aussi dans d’autres paysremarque M. Lüttenberg.

C’est vrai que nous avons inventé ce modèle pour nous-mêmes, mais je pense que cela devient de plus en plus normal. Au sein du service [diplomatique] Allemands, il y a 60 couples comme nous. C’est vraiment intéressant pour de nombreux collègues à Berlin de voir si cela fonctionne.

Une citation de Matthias Lüttenberg, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Canada.

Deux ambassadeurs… mais un seul salaire

Lorsqu’on interroge le couple sur les avantages de partager le poste et de l’occuper en alternance, les réponses fusent, sans hésitation et presque à l’unisson.

Les huit mois nous donnent le[occasion] avoir ses règles […] où vous pouvez vraiment démarrer des projets et aussi les terminerexplique Mme Bellman.

Le diplomate souligne que pour faciliter le futur transfert de pouvoir, la communication et la coordination sont essentielles.

Je m’occupe du foyer pour enfants, […] Je suis le chauffeur. On va au foot, à l’orchestre, donc mes semaines sont chargées, mais parfois je travaille aussi un peuajoute M. Lüttenberg. Il explique que la situation rend aussi leurs enfants heureux.

Lequel des deux pense avoir le meilleur rôle ? C’est une très bonne questionassure Matthias Lüttenberg, le sourire aux lèvres.

Je trouve les deux rôles super intéressants. L’ambassadeur est un poste de rêve. Il y en a tellement […] choses que nous pouvons fairedit l’ambassadeur. Leur modèle d’alternance leur permet également de consacrer plus de temps à leur famille.

C’est la dernière mission avant qu’ils [les enfants] ne sortez pas de la maison, alors c’est aussi un moment qui coûte très cherajoute-t-elle.

Cette répartition des rôles ne s’arrête pas aux responsabilités diplomatiques. Le couple partage également un seul salaire. C’est le seul point triste du modèle» concède avec humour Matthias Lüttenberg. Malgré tout, les ambassadeurs ne regrettent pas leur choix.

C’est une décision délibérée de notre part pour parvenir réellement à un équilibre, un peu plus, entre famille et profession.explique Tjorven Bellman.

L’ambassadrice sait déjà qu’elle remettra les clés de l’ambassade à son mari dans le courant du mois de mai 2025.

Si elle admet ne pas y pensersa compagne confie franchement qu’elle l’attend avec impatience.

Naturellement, j’y pensedit-il, déclenchant d’autres éclats de rire.

 
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