Navire canadien à Cuba : Ottawa veut envoyer « un message de dissuasion » à Moscou

Critiqué par les conservateurs, le ministre fédéral de la Défense, Bill Blair, a défendu lundi sa décision d’envoyer un navire canadien à Cuba, où il a accosté aux côtés d’une partie de la flotte russe, dont un sous-marin à propulsion nucléaire et une frégate.

Le ministre Blair a déclaré que le Canada avait collaboré étroitement avec la Marine américaine dès l’arrivée de la flottille russe dans les eaux nord-américaines, en déployant plusieurs navires dans la région, dont le NCSM Margaret Brooke et le NCSM Ville de Québec, ainsi qu’un avion de patrouille.

Il a également réitéré que la décision d’envoyer le NCSM Margaret Brooke à La Havane a été soigneusement planifié et qu’il l’a autorisé en réponse à une demande de la Marine royale canadienne et du Commandement des opérations interarmées du Canada.

M. Blair n’a cependant pas voulu expliquer les raisons qui l’ont amené à autoriser une telle demande, affirmant qu’il s’agissait information confidentielle.

Le NCSM Margaret Brooke arrive au port de La Havane le 14 juin 2024, passant devant un sous-marin et une frégate russes.

Photo : Reuters/Alexandre Meneghini

Le Canada dispose d’une armée compétente et déployable et nous n’hésiterons pas à faire ce qui est nécessaire pour protéger nos intérêts nationaux.dit encore le ministre. Le Canada est déterminé à maintenir une présence militaire crédible dans les mers et dans les airs autour de notre continent.

Tout acteur étranger venant dans notre voisinage doit s’attendre à voir nos forces armées remplir leur mission de protection des intérêts du Canada. […] Notre présence [dans la région] envoie un message de dissuasion.

Une citation de Bill Blair, ministre de la Défense nationale

Le NCSM Margaret Brooke, arrivé à La Havane vendredi, a quitté Cuba dimanche mais, selon M. Blair, les Forces armées canadiennes continueront de suivre les mouvements et les activités des navires russes dans les eaux régionales.

« Une mission militaire »

Les conservateurs ont critiqué cette décision sur les réseaux sociaux après que la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré dans une récente entrevue à CBC qu’elle ignorait qu’un des patrouilleurs canadiens était amarré à La Havane en même temps que des navires russes.

C’est une nouvelle information pour moi.a déclaré le ministre qui accueillera David Cochrane.

Contacté par Radio-Canada, le ministère des Affaires étrangères n’a toujours pas répondu à nos questions au moment de la publication de ce texte.

Interrogé sur ce point lors de sa conférence de presse, le ministre Blair a souligné que la visite du navire canadien à Cuba était « une mission militaire » et non diplomatique.

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Le ministre de la Défense nationale du Canada, Bill Blair.

Photo : Reuters / Blair Gable

Samedi, le chef conservateur Pierre Poilievre a publié une déclaration sur X, qualifiant la visiteimprudent, radical et dangereux.

Alors que nos troupes manquent de ressources, Trudeau dépense le budget de la défense et envoie un navire militaire canadien à Cuba aux côtés de la marine russe pour honorer le gouvernement communiste brutal de Cuba.a écrit M. Poilievre.

Le porte-parole conservateur pour la défense nationale à l’étranger, James Bezan, estime que cette mesure nécessite une enquête du Comité permanent de la défense. Il aimerait que les ministres Joly et Blair comparaissent à ce sujet.

Selon Gilles Rivard, ancien ambassadeur du Canada en Haïti, en envoyant un navire à La Havane, Ottawa n’a pas voulu se laisser intimider par la présence de la flottille russe à Cuba.

Nous montrerons notre présence. Ce n’est pas parce que les Russes sont là qu’on va donner l’impression de leur céder.a-t-il déclaré en entrevue à Radio-Canada. C’est un positionnement à la fois militaire et politique. Il n’y a actuellement aucune animosité d’un point de vue militaire avec les Russes.

C’est vrai que le timing peut paraître inhabituel, mais cela ne me surprend pas du tout que cela se fasse de cette façon.

Une citation de Gilles Rivard, ancien diplomate canadien

La guerre en Ukraine

La visite à La Havane est la première de la marine canadienne en huit ans et intervient au moment où le Canada a envoyé des milliards de dollars d’aide et d’équipement militaire à l’Ukraine pour l’aider à lutter contre l’invasion russe.

Le Premier ministre Justin Trudeau lui-même est rentré au Canada dimanche à la suite d’un sommet organisé en Suisse pour la paix en Ukraine.

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Le premier ministre Justin Trudeau au Sommet de la paix en Ukraine en Suisse.

Photo : Associated Press / Urs Flueeler

Durant son séjour, M. Trudeau a promis 52 millions de dollars pour aider l’Ukraine et a coprésidé une séance au cours de laquelle il a discuté de la nécessité pour la communauté internationale d’exiger le retour de près de 20 000 enfants ukrainiens retirés de force de leurs foyers par la Russie.

Dans un message publié cette semaine sur le réseau social X, le Commandement des opérations interarmées du Canada a expliqué que cette visite était une reconnaissance de la relation bilatérale de longue date entre le Canada et Cuba.

Pas une « menace » pour la région

Le ministère cubain des Forces armées révolutionnaires (Minfar) a assuré la semaine dernière que les navires russes ne détenaient pas d’armes nucléaires et ne représentaient pas une menace pour la région.

Le ministère russe de la Défense a également indiqué qu’un jour avant leur arrivée au port de La Havane, les navires avaient effectué un exercice sur l’utilisation d’armes de missiles de haute précision.

Dans le même temps, le Pentagone a indiqué jeudi que le sous-marin nucléaire d’attaque USS Helena se trouvait également à Cuba, dans la baie de Guantanamo, la base navale américaine de l’île, dans le cadre d’une visite de routinemais sans préciser la durée de son escale.

Vendredi, le vice-ministre cubain des Affaires étrangères Carlos Fernández de Cossio a déclaré dans un communiqué que son gouvernement avait été informé à l’avance de la visite.

Mais il est évident que nous n’apprécions pas la présence sur notre territoire et le passage dans nos eaux d’un sous-marin de cette nature appartenant à un pays, dont la politique officielle et en pratique est hostile à Cubaa-t-il déclaré.

Avec les informations de Marie Chabot-Johnson.

Avec des informations de La Presse Canadienne, de l’Agence France-Presse et de Reuters

 
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