Impôt fédéral sur les investissements – .

Impôt fédéral sur les investissements – .
Impôt fédéral sur les investissements – .

« En bref, la prochaine fois que quelqu’un vous dira que les riches devraient payer leur juste part, commencez par vous demander qui sont réellement les « riches ». Il est fort possible qu’un jour ce soit toi. (Photo : 123RF)

EXPERT INVITÉ. De nombreux propriétaires de petites entreprises, de terres agricoles et de simples duplex avaient les yeux tournés vers Ottawa la semaine dernière.

Cette semaine émouvante a débuté sur une note dramatique, alors que la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a dressé le portrait d’une société au bord de l’insurrection. Sans un nouvel impôt ciblant les « très riches », les plus riches du pays devraient bientôt se réfugier dans des résidences sécurisées et voyager en avion pour éviter le mécontentement populaire.

Cette sortie haute en couleurs du ministre fédéral visait à promouvoir l’augmentation du taux d’inclusion de l’impôt sur les plus-values. Le ministre et les défenseurs de cette politique, parmi lesquels d’éminents syndicalistes, ont fait de leur mieux pour tenter de convaincre le bon peuple que seuls les 0,13 pour cent les plus riches seraient concernés par une telle mesure.

Mais est-ce vrai ? Évidemment pas. Ce n’est même pas à la limite de la vérité.

L’éminent professeur Jack Mintz s’est penché sur la question et a démantelé avec éloquence la tromperie fédérale. En effet, le choix de 0,13 pour cent est une stratégie de communication politique visant à cacher le fait que 4,3 pour cent des Canadiens devront payer le prix de cette mesure une fois dans leur vie.

En effet, la majorité des personnes qui déclarent des gains en capital élevés au cours d’une année ne le font qu’une seule fois dans leur vie. En 2011, par exemple, 25 100 Canadiens ont déclaré des gains en capital supérieurs à 250 000 $. Parmi eux, les deux tiers n’ont plus déclaré de tels revenus au cours des dix années suivantes.

Cela s’explique par le fait qu’il s’agit de personnes qui ont privilégié certains types d’investissements par rapport à d’autres. Il s’agit d’un couple qui a investi dans un duplex et l’a vendu à la retraite, par exemple. Ou une famille qui vend son chalet. Ce ne sont pas des gens qui vont manquer un repas à cause de cette hausse de taxes, certes, mais on est loin des gens qui voyagent en jet privé décrits par la ministre Freeland.

Il ne s’agit donc pas des 40 000 personnes indiquées par le gouvernement fédéral, mais bien de 1,26 million de nos concitoyens. Bref, cela représente 33 fois plus de personnes que ce que le gouvernement veut vous dire. Ce n’est pas une erreur stupide. Après tout, vous vous en rendriez vite compte si vous aviez apporté 33 pintes de lait de l’épicerie plutôt qu’une.

Mais l’indication la plus claire du nombre réel de personnes qui paieront pour cette mesure se trouve ailleurs. On retrouve dans la colonne les revenus que le gouvernement estime pouvoir tirer de cette mesure. Tout d’abord, le grand financier du gouvernement misait clairement sur des ventes éclair puisque les revenus attendus s’élèvent à 6,7 milliards de dollars pour cette année.

Ce montant diminue cependant de moitié pour l’année suivante. Et la troisième année, il ne reste que 375 millions de dollars de revenus supplémentaires. Autrement dit, le gouvernement sait très bien que cette mesure représente à terme un frein aux investissements dans le pays. Cela signifie moins d’investissements privés pour moderniser les usines, former les employés et assurer la croissance.

Au fond, c’est le niveau de vie des Canadiens qui augmentera moins vite ou qui stagnera encore plus pour un très grand nombre de nos concitoyens de tous horizons et de toutes catégories de revenus. En réalité, il s’agit d’une mesure qui ne peut que nuire à la mobilité économique et sociale.

Le cynisme de cette mesure et la façon dont elle est communiquée par le gouvernement libéral est donc quelque peu choquant. C’est d’autant plus décevant qu’on s’attaque directement à ce qu’on pourrait qualifier de « réussite ordinaire », c’est-à-dire les économies réalisées par un individu ou un couple qui a décidé d’investir dans un ou deux plex afin de financer sa retraite. . C’est également le cas de nombreux Québécois.

Ce gouvernement fédéral tente donc de regagner une certaine popularité en nous divisant. À les entendre dire, ce serait donc la classe moyenne contre les ultra-riches. Il s’agit d’un populisme de gauche franchement dangereux pour notre tissu social. On en parle très rarement, mais les 10 pour cent les plus riches de la population paient déjà 54 pour cent de tous les impôts perçus au Canada. Tout cela alors même que cela représente un peu plus d’un tiers des revenus.

Quoi qu’il en soit, la prochaine fois que quelqu’un vous dira que les riches devraient payer leur juste part, commencez par vous demander qui sont réellement « les riches ». Il est fort possible qu’un jour ce soit vous.

Ensuite, demandez-vous ce qui constitue véritablement « une part équitable » ? Comme l’a récemment souligné le chroniqueur torontois Andrew Coyne, la frontière qui nous sépare d’une confiscation pure et simple est parfois très mince.

 
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