Trump, crises en et en Allemagne… « la chute de l’euro face au dollar est inquiétante »

Donald Trump est décidément très fort. Après avoir surmonté sept faillites, échappé à deux attentats et été perdant dans tous les sondages de 2016 et 2024, Donald Trump a réussi à être élu président des États-Unis à deux reprises. De quoi faire pâlir tous les sondeurs et soi-disant spécialistes des Etats-Unis, que l’on voit et entend un peu partout depuis des semaines, tonner que Donald Trump n’avait aucune chance de redevenir locataire de la Maison Blanche…

Après la déception similaire de 2016 ou encore du Brexit, cela nous rappelle à quel point les différents établissementsLes « élites » de tous bords et certains médias sont déconnectés de la réalité économique, politique et sociétale. En effet, les populations sont de moins en moins dupes et de plus en plus difficiles à manipuler. Lorsque la croissance était forte, le chômage faible et les impôts modérés, les erreurs, les mensonges et le déni de la réalité pouvaient parfois être oubliés. Aujourd’hui, de tels dérapages et autres tromperies ne restent plus impunis.

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L’élection de Donald Trump dope Wall Street, mais le CAC 40 en souffre

Mais le succès de Trump ne s’arrête pas à cette victoire, il va même plus loin. Ainsi, alors que son élection faisait craindre le pire et aurait donc logiquement dû conduire à un effondrement des marchés financiers, cela n’a pas été le cas. Au contraire, la Bourse américaine a même multiplié ses plus hauts historiques depuis le 6 novembre. Tout autrement, après un démarrage en fanfare le matin du 6 novembre, le CAC 40 et les Bourses européennes ont ensuite dégringolé, le temps de comprendre que le discours de Donald Trump la victoire était avant tout une bonne nouvelle pour l’économie et les entreprises américaines.

En effet, déjà plutôt très efficace, cette dernière devrait bénéficier d’un soutien encore plus important de la part de la nouvelle administration Trump. Les fameux « America first » et « Business first ». Ces deux leitmotivs ne sont pas l’apanage de Donald Trump. En effet, quel que soit le président de la Maison Blanche, la croissance et le plein emploi sont des objectifs inébranlables de la politique économique américaine. Ainsi, si l’explosion de la dette publique et « l’impression monétaire » n’ont permis que de gagner un peu de temps en et dans la zone euro, elles ont fortement relancé l’économie de l’Oncle Sam, qui est ainsi redevenue l’un des principaux moteurs de l’économie de l’Oncle Sam. de la croissance mondiale.

D’ailleurs, au lendemain de son élection, loin de jeter de l’huile sur le feu, le président Trump a préféré souligner la nécessité de rassembler ses concitoyens, de générer plus de croissance et d’emplois, de baisser les impôts et de permettre aux États-Unis de revenir sur le devant de la scène. la voie d’un dynamisme économique durable. Un tel discours n’a évidemment pas manqué de doper le dollar, notamment face à l’euro, ce dernier étant également pénalisé par la crise politique qui vient de débuter en Allemagne, avec le limogeage du ministre des Finances. Une tempête qui arrive d’autant plus mal que Donald Trump a promis d’augmenter massivement les droits de douane sur de nombreux produits européens et notamment français.

«L’économie française n’a pas eu besoin de la victoire de Trump pour s’effondrer»

A ce sujet, il ne faut pas non plus exagérer les conséquences économiques de ces potentielles mesures. D’abord parce que ce sont des promesses de campagne, qui seront certainement édulcorées dans la réalité. Par ailleurs, n’oublions pas que les Etats-Unis ne représentent que 7% des exportations françaises, soit moins de 2% du PIB français. Il n’y a donc pas de quoi paniquer. En fait, la France n’avait pas besoin de la victoire de Trump pour s’effondrer depuis plusieurs années déjà. En d’autres termes, si Trump est le bouc émissaire idéal, il est grand temps pour les dirigeants français d’arrêter la démagogie et d’assumer la responsabilité de leurs erreurs stratégiques multiples et massives au cours des trois dernières décennies.

L’élection de Donald Trump fait s’envoler le bitcoin et le dollar qui s’apprécie vertigineusement face à l’euro.

En attendant, d’un point de vue financier, la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles du 5 novembre a déjà eu trois conséquences majeures. D’abord, l’envolée vertigineuse du prix du bitcoin qui a même dépassé les 93 000 $ le 13 novembre. Deuxièmement, l’envolée du S&P 500, certes moins impressionnante que celle du bitcoin, mais qui a néanmoins permis à ce dernier de battre plusieurs records historiques, dépassant la barre symbolique des 6 000 points le 11 novembre. Troisièmement, l’élection de Trump a favorisé un net rebond du dollar et l’effondrement de l’euro. Ainsi, alors qu’il se situait autour de 1,12 dollar fin septembre et que (trop) de nombreux prévisionnistes le voyaient encore en hausse durable, l’euro s’est logiquement replié. D’abord à 1,08$ fin octobre, avant de remonter à 1,09 le 5 novembre, pour finalement s’effondrer à 1,05$ le 14 novembre, le plus bas depuis octobre 2023. Notre objectif de 1,05$ pour la fin de l’année et qui a fait sourire certains il y a peu a donc été atteint plus d’un mois à l’avance.

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Les crises politiques en Allemagne et en France contribuent à la chute de l’euro face au dollar

Bien sûr, la rapidité de cette chute s’explique en grande partie par le discours de Donald Trump en faveur d’une Amérique « Great Again », mais aussi par la crise politique qui s’installe en Allemagne. En effet, en limogeant son ministre des Finances Christian Lindner, qui voulait éviter tout dérapage excessif des comptes publics allemands, le chancelier Olaf Scholz a brisé la fragile coalition qui dirigeait jusqu’ici l’Allemagne. De nouvelles élections législatives devraient donc avoir lieu début 2025, avec un risque fort d’une situation « à la française », c’est-à-dire une absence de majorité claire. Une crise politique qui arrive à un moment particulièrement difficile, dans la mesure où l’économie allemande est engluée depuis plus d’un an dans la récession et commence à souffrir d’une forte augmentation des plans de licenciements et du chômage.

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Dans ce contexte, il faut reconnaître que la zone euro sombre dans sa plus grave crise existentielle depuis la tempête grecque de 2010-2015. Et pour cause : ses deux premiers membres en termes de puissance économique (en l’occurrence l’Allemagne et la France) connaissent une crise politique majeure, sans majorité législative pour les diriger et continuent de se rejeter la responsabilité des déboires actuels. Quant aux autres membres de l’UEM, et notamment l’Italie, les Pays-Bas et l’Autriche, leurs dirigeants ne cachent pas leur euroscepticisme qui commence aussi à se répandre comme une tache d’huile. En outre, les écarts de croissance passés et futurs restent largement à l’avantage des États-Unis. De 1995 à 2024, le PIB américain à prix constants a augmenté de 106,6 %, contre + 53,9 % pour son homologue de la zone euro. Il n’y a évidemment pas de photo.

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L’appétit pour l’euro fond comme neige au soleil, d’autant que l’écart de taux Europe-Etats-Unis est à l’avantage du dollar.

Par ailleurs, et malheureusement pour nous, les indicateurs avancés d’activité montrent que ces écarts de création de richesse resteront élevés, avec une croissance stabilisée entre 2,5% et 3% aux Etats-Unis, contre environ 0,5%. tant en France que dans toute la zone euro. De quoi maintenir un différentiel de taux d’intérêt monétaires et obligataires également à l’avantage du dollar. Dans ce contexte de plus en plus périlleux pour l’UEM, force est de constater que l’appétit pour la « monnaie unique » fond comme neige au soleil. Pire encore, si la dépréciation de l’euro pourrait soutenir légèrement les exportations des membres de l’UEM, elle entraînerait également une hausse des prix des produits importés, dopant à nouveau l’inflation, ce qui interdirait à la BCE d’assouplir significativement sa politique monétaire, alimentant ainsi la léthargie économique de la zone euro. Dans ce contexte, l’euro pourrait rapidement tomber en dessous de la parité avec le dollar, aggravant la crise de confiance qui menace de plus en plus les membres de la zone euro et cette dernière dans son ensemble. Attachez vos ceintures !

Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI, auteur de 8 best-sellers économiques, dont RESET II – Bienvenue dans le monde d’après, sorti en septembre 2022.

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Vous pouvez également retrouver ses chroniques vidéos sur sa chaîne YouTube qui compte plus de 196 000 abonnés, dont la dernière en date : « Trump, crise sociale, Allemagne : la France et l’Europe en danger ?

Chaque matin, les informations à retenir sur le marchés financiers.

 
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