Le Village Essénien de Cookshire-Eaton en défaut de paiement des taxes

De ce montant, des paiements totalisant près de 153 300 $ sont déjà dus, note la municipalité. À cela s’ajoutent les intérêts accumulés par l’Église de plus de 3 200 $.

Une soixantaine de fidèles résident sur ce domaine évalué, selon la MRC du Haut-Saint-François, à 5 583 200 $.

Après avoir interrompu à la toute dernière minute sa demande de recours contre la décision rendue dans le cadre de son litige avec la municipalité, l’Église chrétienne essénienne fait valoir de son côté qu’elle « n’a pas refusé de payer les impôts », mais qu’elle espérait plutôt pouvoir entamer un dialogue avec elle et trouver un terrain d’entente, ce qu’elle n’a pas réussi à obtenir.

« Nous voulons avoir de bonnes relations avec tout le monde et respecter la loi. Mais nous voulons comprendre ce que nous devons payer, payer ce qu’il est juste de payer et pouvoir vivre selon nos croyances », exprime le président de l’Église, Florent Cecchella.

L’Église chrétienne essénienne de Québec est en litige depuis de nombreuses années avec la municipalité de Cookshire-Eaton en raison de l’utilisation de sa propriété agricole pour des rituels, des cérémonies et des séminaires religieux : le zonage municipal n’a jamais autorisé que seules des activités religieuses puissent y être tenues.

Plusieurs bâtiments et lieux de culte s’étendent sur le vaste territoire agricole. (Jean Roy/La Tribune)

Le litige a été porté devant la Cour supérieure, devant laquelle l’Église a déploré de ne pas avoir été entendue par la municipalité alors qu’elle avait demandé, sans succès, que le règlement de zonage soit modifié pour permettre la tenue d’activités religieuses.

La Municipalité soutient que lorsque l’Église a acquis son vaste domaine sur le chemin Brochu en 2007, il s’agissait plutôt d’un lieu de tourisme et de villégiature, une finalité alors intégrée au règlement de zonage. Une affirmation qui a été démentie par les représentants de l’organisation qui s’est chargée de l’acquisition sous le nom de Fondation Essenia, arguant que la Ville était effectivement consciente de ses intentions d’usage des lieux de culte.

La juge Line Samoisette a finalement statué, en décembre 2021, qu’il n’y avait pas d’atteinte à la liberté de religion et que l’Église devait cesser toute activité religieuse afin de respecter le zonage de la municipalité.

Décision acceptée

Après des démarches en appel et des prolongations de délais, l’Église s’est finalement retirée très récemment, ce qui a officialisé la décision.

«En abandonnant l’appel, cela nous a donné raison que ce n’était pas un lieu de culte, et donc un lieu imposable», explique le directeur général de Cookshire-Eaton, Martin Tremblay.

“Au début, lorsqu’ils ont raccroché, ils semblaient prêts à discuter du paiement des impôts, mais maintenant ils ne veulent plus les payer.”

— Martin Tremblay, directeur général de Cookshire-Eaton

De son côté, Florent Cecchella, déplore plutôt un manque de collaboration de la municipalité « Pour montrer notre bonne foi, nous avons annulé l’appel. La municipalité était prête à nous rencontrer. Après le jugement, la municipalité n’a plus voulu discuter avec nous.

Un compte de taxes de 125 176 $, rétroactif pour 2022 et 2023, a été transmis en septembre dernier aux responsables du Village essénien de l’Érable. Alors que l’ensemble des versements demandés pour ces deux années seront dus le 25 juin, aucun versement n’avait encore été reçu au moment d’écrire ces lignes. À cela s’ajoute également le compte de taxes pour 2024 envoyé en début d’année, soit 57 915,78 $.

L’Église essénienne a confirmé son intention de ne pas payer par courrier recommandé à la Ville, selon la Ville.

Selon M. Cecchella, pas question de perdre le domaine de plus de 250 acres où vivent une soixantaine d’Esséniens.

“Nous voulons résoudre la situation le plus simplement possible”, a-t-il déclaré. Ce conflit dure depuis trop longtemps. Cela a coûté beaucoup d’argent aux deux parties.

— Florent Cecchella, président de l’Église chrétienne essénienne et de l’Église chrétienne essénienne de Québec

Bâtiments sans permis

Plusieurs Esséniens qui ont choisi de s’établir à Maple Village ont payé l’équivalent de la valeur de leur propriété à l’Église en échange de la construction de leur maison et d’un contrat de « droit d’usage ». avec la corporation religieuse. Ce contrat prévoit qu’ils pourront récupérer leur investissement s’ils cèdent la place à un nouvel occupant essénien.

L’Église elle-même a également construit certains bâtiments à des fins de location, en échange d’une contribution communautaire.

Toutefois, certains bâtiments sur le site ont été construits sans permis, précise Martin Tremblay. Une situation qui a également contribué à réduire le total des taxes à percevoir, a-t-il ajouté, puisque l’évaluation de la MRC ne prend en compte que les bâtiments construits avec permis.

« En plus d’avoir été construits sans permis, certains bâtiments ont été construits en zone verte. La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pourrait carrément demander qu’ils soient déplacés ou démolis », note M. Tremblay.

Activités de culte

Le lieu de culte dédié à l’archange Gabriel et aux anges représentant les vertus. (Maxime Picard/La Tribune)

Lorsqu’on lui a demandé si les activités de culte avaient toujours lieu sur place malgré qu’un juge ait ordonné à l’église d’y cesser, M. Cecchella a répondu que « les membres de l’église qui habitent au Village de l’Érable pratiquent leur religion à la maison ou dans la nature.

Lors d’une visite le 15 mars, La galerie a pu constater qu’un séminaire religieux se déroulait dans un bâtiment partagé par la communauté.

En 2016, la CPTAQ a adressé à l’Église un arrêté lui ordonnant de cesser toute activité non agricole sur sa propriété, à l’exception de quelques zones précises, et de détruire ou déplacer tous les bâtiments non visés par une exception. Il a également été exigé le démantèlement de toutes les installations et bâtiments dédiés au culte, notamment le monument en l’honneur de l’archange Gabriel et les statues qui l’entourent. Celui-ci est toujours là.

Le plus ancien lieu de culte du village des Érables, où 12 érables ont été plantés en cercle. (Maxime Picard/La Tribune)

Contestée par la corporation religieuse, cette ordonnance a été confirmée en 2018 par un juge du Tribunal administratif du Québec. L’Église s’est alors vu refuser la permission d’en appeler à la Cour du Québec.

Martin Tremblay précise qu’une visite de la CPTAQ a été effectuée en début d’année. Si son rapport conclut que les lieux étaient utilisés à des fins de culte, des amendes municipales pourraient être imposées à l’Église.

La CPTAQ confirme de son côté qu’une enquête est toujours en cours, mais qu’elle ne peut en dévoiler les détails pour le moment.

 
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