Le troisième lien Québec-Lévis de François Legault vu par trois experts

Le troisième lien Québec-Lévis de François Legault vu par trois experts
Le troisième lien Québec-Lévis de François Legault vu par trois experts

QUÉBEC — La nécessité de construire, à coups de milliards de dollars, un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis est loin d’être démontrée, selon trois experts consultés lundi par La Presse Canadienne.

Après plusieurs atermoiements, le premier ministre François Legault a annoncé jeudi dernier qu’il relançait son projet de troisième lien autoroutier, même si la Caisse de dépôt et placement du Québec le déconseille.

Il a évoqué un nouvel argument de « sécurité économique » ; selon lui, la région de Québec a besoin d’un autre pont pour assurer le transport des marchandises par camion advenant la fermeture du pont Pierre-Laporte.

Cet argument « sort de nulle part », déplore la professeure Catherine Morency du Département de génie civil, géologique et minier de Polytechnique Montréal en entrevue téléphonique.

“Premièrement, ça sort de nulle part, (…) et deuxièmement, si nous voulons assurer la faisabilité du transport de nos marchandises, ce n’est pas le camion qui devrait être notre plan A”, soutient-elle.

« Pour tout ce qui touche au transport de marchandises, l’avenir n’est pas autour des camions lourds pour les longues distances ; nous devons passer au ferroviaire et au maritime » qui ont une empreinte carbone plus faible.

Le gouvernement Legault, dénonce Mme Morency, « ne s’appuie jamais sur des analyses ».

«C’est extrêmement inquiétant, c’est même odieux, qu’un projet de cette ampleur soit décidé à se lancer comme ça sans rien, aucune justification, rien. Ça devient farfelu.

« Le gouvernement peut-il me laisser faire mon travail ? (…) Je suis enseignant, je suis censé faire des recherches et former les gens. Mais il arrive un moment où c’est tellement absurde qu’on se dit : ‘Allez, on ne peut pas laisser passer une chose aussi stupide'”, ajoute-t-elle.

Le professeur Jean Dubé, de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional de l’Université Laval, déplore également que « le besoin ne soit même pas documenté ».

Dans une interview, il préconise de réaliser une analyse coûts-bénéfices. « Sachant que ce que nous faisons aura des impacts sur les générations à venir, la moindre des choses est de ne pas fermer les yeux (…) et de mettre en avant toutes les possibilités », dit-il.

Le gouvernement va actuellement « à contre-courant de ce que nous devrions faire en termes de société pour le développement de nos villes, pour la lutte contre les changements climatiques », renchérit Jérôme Laviolette, doctorant en ingénierie des transports au sein de la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal.

« Les données ne sont pas là pour justifier un troisième lien. (…) C’est beaucoup d’argent investi pour un lien qui, selon les analyses de la CDPQ, ne va pas rapporter grand-chose.»

 
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