Le vol Londres-Zurich, soutenu par Air Baltic, a atterri peu avant minuit, non pas à Kloten, mais à Genève.Image : clé de voûte
À deux reprises en peu de temps, l’aéroport de Zurich a refusé l’atterrissage d’avions à Kloten. Les critiques soupçonnent des motivations politiques derrière cette décision.
Francesco Benini / ch médias
Les clients suisses étaient très mécontents lundi. Le vol Londres-Zurich, soutenu par Air Baltic, a atterri peu avant minuit, non pas à Kloten, mais à Genève. Les passagers ont ensuite été livrés à eux-mêmes. Swiss n’a pas pu leur organiser une nuit dans un hôtel à Genève ni mettre à disposition des bus pour les transporter à Zurich.
Début juin, les voyageurs souhaitant voyager de Chypre à Zurich avec Helvetic ont été concernés. L’avion a atterri tard dans la soirée à Berne, où les attendaient des bus pour les transporter à destination. Mais lorsqu’ils arrivèrent finalement à Zurich, les transports publics ne fonctionnaient plus. C’était trop tard.
Que se passe-t-il? Pourquoi les avions à destination de Zurich atterrissent-ils ailleurs ? Pourquoi le voyage des passagers est-il perturbé ? L’aéroport de Zurich gère généralement les arrivées et les départs entre 6h00 et 23h00. Entre 23h00 et 23h30, les avions en retard peuvent toujours atterrir ou décoller. Après 23h30, la situation devient problématique.
Dans ce cas, un avion a besoin d’une autorisation spéciale de l’aéroport. C’est ce qui s’est passé pour les deux vols détournés : Swiss et Helvetic ont demandé l’autorisation d’atterrir à l’aéroport, mais ils ne l’ont pas obtenue. Les compagnies aériennes n’ont eu d’autre choix que de diriger leurs avions vers une autre destination.
Le nombre d’avions en retard n’a pas jamais été aussi haut
Pourquoi l’aéroport de Zurich a-t-il refusé aux avions d’atterrir ? La porte-parole Bettina Kunz explique que Flughafen Zürich AG peut «accorder une dérogation en cas d’événements imprévisibles et extraordinaires». Chaque cas est examiné individuellement.
“La compagnie aérienne n’a aucun droit à autorisation”
Bettina Kunz
Parmi les « événements extraordinaires », « les conditions météorologiques extrêmes ». Selon l’évaluation de l’aéroport, de telles conditions n’étaient manifestement pas réunies dans les deux cas.
Dans le secteur du transport aérien européen, de nombreuses machines connaissent des retards. Après la pandémie, le nombre de mouvements aériens a fortement augmenté. Toutefois, les aéroports et les compagnies aériennes connaissent une pénurie de personnel. De plus, les grèves ont entravé l’efficacité des opérations.
En 2023, l’aéroport de Zurich a connu «une ponctualité historiquement basse», selon les communiqués de l’aéroport. Des mesures correctives ont été prises avec toutes les parties impliquées. Malgré cela, les avions continuent de décoller le matin avec des retards importants et ne parviennent pas à rattraper les vols ultérieurs dans la journée. C’est ainsi qu’une compagnie aérienne peut se retrouver à vouloir atterrir à Zurich après 23h30 et se voir refuser l’autorisation. Georg Brunner, président de l’organisation « Fair in Air », soupçonne cependant un motif politique derrière ces écarts de vol.
“L’aéroport est déjà en pleine campagne de vote”
Georges Brunner
Cette dernière, en partenariat avec d’autres associations, a récolté des signatures pour l’« Initiative pour le repos nocturne », qui déplore le bruit généré par les avions. En avril, cette proposition a été déposée dans le canton de Zurich. Les initiateurs souhaitent un silence strict à l’aéroport de Zurich de 23h00 à 6h00. Les vols retardés entre 23h et 23h30 ne seraient plus autorisés.
L’aéroport ne veut pas de nouvelles restrictions
Georg Brunner estime que l’aéroport cherche à semer la peur chez les passagers. En effet, il a été démontré que le bruit, notamment la nuit, est nocif pour la santé. Il est de la responsabilité de l’aéroport d’assurer une opération ponctuelle.
«Avec un repos nocturne prolongé, vous atterrirez quelque part, mais pas à Zurich – c’est ce qu’on essaie de dire»
Georges Brunner
L’aéroport de Zurich rejette l’idée selon laquelle l’initiative de nuit plus longue aurait influencé le rejet des deux avions. Un repos nocturne de 7 heures mettrait en danger le statut de hub de Zurich et donc la mission de la Confédération de relier le pays aux plus grandes métropoles du monde. Afin de garantir à la Suisse les connexions directes, la prospérité et les emplois dont elle jouit aujourd’hui, il est crucial de maintenir les conditions-cadres actuelles. L’aéroport de Zurich fonctionne avec les heures d’ouverture les plus courtes par rapport aux autres aéroports nationaux et internationaux.
En attendant, Swiss présente ses excuses aux clients bloqués à Genève.
«On comprend très bien leur mécontentement»
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)
