un an après le séisme, les sinistrés toujours sans logement

un an après le séisme, les sinistrés toujours sans logement
un an après le séisme, les sinistrés toujours sans logement

Le 16 juin 2023 à 18h38, la terre a tremblé en Charente-Maritime, dans les Deux-Sèvres et au-delà, ébranlant les maisons et bouleversant la vie des habitants.

Le 19 juin 2023, trois jours après le séisme, alors que deux ministres parcouraient les rues pour constater les dégâts, une habitante est sortie en trombe de sa maison endommagée. Elle vient de retrouver une horloge cassée, qui s’arrêtait à 18h38, heure du séisme.
© (Photo archives NR, Hélène Echasseriau)

Pas de blessé grave, mais d’importants dégâts matériels. Les maires se battent toujours pour que leurs électeurs aient une chance d’être indemnisés. Plus grave encore, 160 familles ont été chassées de leurs foyers menacés en Charente-Maritime. A La Laigne, petite ville la plus touchée, deux ministres sont venus assurer les victimes de leur soutien par des promesses.

Un village fantôme gelé

Un an plus tard, à La Laigne, rien ne semble avoir changé avec l’apparition d’un village fantôme dans certaines rues : mêmes murs effondrés, maisons fissurées abandonnées, toits couverts, barrières et arrêtés.

Seul aménagement visible, ces grands étais qui traversent les ruelles pour soutenir les maisons, l’église ou l’école désertée. On y voit les silhouettes de chats laissés vivre là entre décombres et jardins en friche abandonnés. L’impression que le temps s’est arrêté, hormis quelques trous béants à la place de la poignée de maisons rasées.

A 500 m de là, à La Grève-sur-Mignon, Matthieu Priez n’a pas été épargné. « J’ai acheté cette maison en 2022 avec un prêt sur 25 ans, en faisant beaucoup de travaux avec mon fils ». Dès juillet 2023, il a participé à la création d’un collectif de sinistrés qui a récemment obtenu un soutien pour le relogement de 160 familles aux maisons inhabitables qui ont dû payer un loyer en plus de leur crédit pour être remboursé.

Dans sa grange, un mur de pierre s’est effondré. A l’intérieur de sa maison, les signes de destruction se multiplient. “Les deux murs se sont écartés, la charpente a bougé, j’ai des infiltrations partout”. Interdiction d’y vivre. Dans l’urgence, l’homme a trouvé un mobil-home où lui et son fils ont pu se réfugier. Un an plus tard, il y vit toujours… « Les dossiers classés concernent les maisons les moins impactées. »

« En une heure, nous sommes passés de 150 000 € à 23 000 € de travaux »

Son cas illustre le caractère aléatoire, voire fantaisiste, des estimations de dégâts. « Un expert venu en juillet a estimé les travaux à 150 000 €, raconte Matthieu Prier. Il est revenu avec une « entreprise partenaire ». En une heure, nous sommes passés de 150 000 € à 23 000 € de travaux et « pas besoin de bureau d’études ».

En août, deuxième expert, « qui recommande l’arrivée d’un bureau d’études ! » En décembre, voici le bureau d’études. « Il n’a pas visité la maison et s’est contenté de faire une étude visuelle sans regarder les murs. » Et le revoilà « une entreprise partenaire » : « Elle nous a proposé une seule croix de Saint-André en gros œuvre, un ravalement de la toiture et des aménagements de menuiserie… Il ne faut pas exagérer. Comment faire une observation visuelle sans voir ? Pour lire un livre, il faut l’ouvrir. »

Un bureau d’études devait revenir le 14 juin. « On repart de zéro… Un an, c’est très long, c’est inacceptable. Et après, il faudra attendre le rapport, puis qu’une entreprise revienne chiffrer les travaux prescrits… Et comment savoir si les réparations seront durables ? » De son côté, il a fait appel à un chef de projet. « Il démolirait tout… »

Matthieu Pray, devant sa maison devenue inhabitable car la structure a été touchée par le séisme.
© (Photo N°)

Comme les autres familles expulsées, il est inquiet : « Nous avons tous très peur. On ne sait pas ce qu’on va nous proposer. Les experts et les assureurs ont entre leurs mains notre avenir patrimonial et financier. » Le présent aussi, qui nécessite un moral d’acier pour survivre à cet exil forcé sans fin. « Mon fils me demande souvent : Quand est-ce qu’on va revenir, papa ? ». Le père ne le sait pas. Lui aussi n’aspire qu’à « revenir à une vie normale et épanouissante, comme avant ».

 
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