Avoir un accident vasculaire cérébral à 26 ans

Avoir un accident vasculaire cérébral à 26 ans
Avoir un accident vasculaire cérébral à 26 ans

De retour à la maison, une sensation de vertige l’envahit alors qu’elle met ses courses au réfrigérateur. « C’est probablement une autre migraine », pense la mère. Après s’être ressaisie, elle décompresse le manteau d’hiver de son bébé, mais le laisse dans sa poussette pour ne pas le réveiller.

La situation s’est aggravée vers 14h30 alors qu’elle passait l’aspirateur. « Alors que je me penchais pour ramasser un objet, je me sentais très étourdi. J’ai appris plus tard que j’étais complètement paralysé du côté droit.

Sans qu’elle le sache, un caillot de sang s’était logé dans son cerveau.

À ce moment-là, Stéphanie « ne sait pas du tout » qu’elle est victime d’un accident vasculaire cérébral, mais elle comprend très bien que quelque chose ne va pas. « À ce moment-là, j’étais encore conscient. Je me souviens m’être dit « Je devrais appeler le 911 ». Mais elle en est incapable. La principale concernée confie avoir affronté cet épisode avec sérénité. «Je me suis dit : ‘J’avais encore deux beaux garçons.’»

Plus le temps passe, plus la jeune femme de 26 ans perd le contrôle de ses moyens. Incapable de bouger, elle s’écrase au sol et y demeure jusqu’au retour du travail de son ex-conjoint, vers 16 h 45. Il compose immédiatement le 9-1-1, conscient que Stéphanie est en train de faire un accident vasculaire cérébral et que sa vie est en jeu. en danger.

Tout le monde est en danger

Un accident vasculaire cérébral résulte d’un manque d’oxygène dans une partie du cerveau. Elle peut être provoquée par une thrombose ou une embolie, c’est-à-dire la migration d’un caillot ou d’un débris graisseux dans les vaisseaux cérébraux.

Même si le souvenir de cet événement la bouleverse, Stéphanie souhaite aujourd’hui « adresser un message d’espoir et de prévention à ceux qui ont vécu un accident vasculaire cérébral ou à ceux qui en subissent les séquelles ».

A l’occasion du mois de l’AVC et du dixième anniversaire de la campagne de sensibilisation FAST lancée en 2014 par l’organisme Cœur + AVC, la mère de deux enfants estime important de rappeler à quel point un tel accident peut survenir « subitement ».

Stéphanie tient dans ses bras son plus jeune enfant, en 2019, l’année de son accident. (Stéphanie Dubé)

Jeune et sans problème de santé connu, Stéphanie Dubé ne semble pas avoir le profil « type » d’une victime d’un AVC. « Tout le monde risque d’être victime d’un accident vasculaire cérébral, quel que soit son âge. Tant le fœtus dans le ventre de sa mère que l’athlète en excellente condition physique», affirme la Dre Marie-Christine Camden, neurologue à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec.

Agir rapidement peut être une question de vie ou de mort, ou peut déterminer si une personne vivra le reste de sa vie avec des séquelles. Pour aider les gens à identifier les signes d’un AVC et à reconnaître l’urgence de la situation, l’organisme Cœur + AVC a lancé la campagne de sensibilisation VITE en 2014. Dix ans plus tard, même si des progrès ont été réalisés, « il n’y a toujours pas assez de gens qui reconnaissent les signes. », juge l’organisation.

Des progrès mais encore du chemin à parcourir

Au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes dans le pays capables de citer au moins deux signes RAPIDES d’AVC a doublé, passant de deux sur dix à plus de quatre sur dix, selon des enquêtes menées par Groupe de recherche Environics.

Le Dr Camden a pris soin de Stéphanie Dubé lorsqu’elle a été transportée à l’urgence. Le neurologue n’a pas été surpris de voir la jeune maman post-partum à l’hôpital parce que c’est le bon moment pour avoir un accident vasculaire cérébral. Le risque d’accident vasculaire cérébral augmente « considérablement » après un épisode de stress ou après un effort physique.

Le Dr Camden souligne qu’il existe plusieurs autres facteurs de risque « silencieux » connus d’accident vasculaire cérébral, comme le diabète, le cholestérol, la fibrillation auriculaire, l’obésité, l’inactivité physique, le tabagisme et une mauvaise alimentation.

L’urgence d’agir

Que se serait-il passé si l’ex-conjoint n’avait jamais entendu parler de ce sigle ? Aurait-il pu reconnaître rapidement les signes de l’accident ? Le caillot de sang s’était retrouvé dans une zone du cerveau responsable de la respiration. Selon le personnel médical, Stéphanie était « à quelques minutes de la mort ».

En cas d’accident vasculaire cérébral, « il ne faut pas hésiter et appeler les urgences le plus rapidement possible car chaque seconde compte », précise sans détour le Dr Camden.

Chaque jour, le Dr Camden reçoit des dizaines de nouveaux cas d’AVC à traiter. Les ambulanciers savent que l’Hôpital Enfant-Jésus est considéré comme « le centre tertiaire » pour traiter les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral au Québec, révèle le neurologue.

« Les patients y sont soignés le plus rapidement possible », généralement dans les 30 minutes. «C’est comme un arrêt au stand en F1 », plaisante-t-elle pour illustrer à la fois l’ampleur de l’équipe médicale et la rapidité avec laquelle tous les membres travaillent pour découvrir pourquoi la circulation du sang vers le cerveau est obstruée.

“Miraculeux”

Lorsque Stéphanie a repris conscience à l’hôpital, le personnel médical a été stupéfait de constater que leur patiente « avait déjà repris ses esprits ».

“Ils m’ont dit : ‘tu es béni des dieux, tu es miraculeux'”, se souvient le principal concerné, rentré chez lui une semaine seulement après les faits. Même si Stéphanie a éprouvé « un peu de difficulté » à marcher et à monter les escaliers pendant quelques jours, elle n’a pas eu besoin de soins supplémentaires suite à son séjour à l’hôpital.

Beaucoup de personnes vivant seules sont « moins avantagées » que Stéphanie et restent dans l’agonie beaucoup plus longtemps, constate la neurologue.

Outre le fait qu’elle a été soignée dans un délai « très court », le jeune âge de Stéphanie explique aussi « en grande partie » le succès de son traitement. « Les cerveaux des plus jeunes ont la capacité de se régénérer plus rapidement », note Mme Camden.

Depuis son accident vasculaire cérébral, Stéphanie Dubé s’est mise à la course à pied et a participé à plusieurs événements, dont le Demi-marathon de Lévis. (Stéphanie Dubé)

De manière générale, poursuit le porte-parole de Cœur + AVC, « il faut deux ans pour que les séquelles se consolident ». Certains patients perdent complètement leurs capacités motrices, tandis que d’autres conservent toutes leurs facultés cérébrales. Les plus chanceux, comme Stéphanie, échappent indemnes à un tel accident.

Prévenir, pas guérir

Depuis son accident, en plus de s’occuper de ses enfants, Stéphanie a entamé un baccalauréat et a couru plusieurs marathons.

Plutôt que de se laisser décourager, Stéphanie a décidé d’adopter de meilleures habitudes de vie. “Je me sentais tellement chanceux d’être en vie et de ne pas être paralysé.” Courir est ainsi devenu une solution logique pour la maman.

“Vivre un événement comme celui-ci change votre vision de la vie.”

— Stéphanie Dubé

Exactement six mois après son accident vasculaire cérébral, le 6 septembre 2019, celle qui n’avait jamais couru auparavant a complété son premier semi-marathon. Dès qu’elle atteint la ligne de départ, un flot de larmes coule sur ses joues.

La meilleure façon de prévenir un accident vasculaire cérébral est de réduire les facteurs de risque, explique le Dr Camden. Une tâche à laquelle Stéphanie se consacre depuis cinq ans, une course à la fois.

 
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