Des années Bélisle jusqu’à la fin des indépendants; Daniel Champagne révèle le fond de sa pensée

« La formule du « je suis le candidat indépendant de 300 000 personnes », il faut arrêter ça, dit celui qui siège au conseil municipal depuis 2013. J’ai moi-même utilisé ce type d’argument, tout ce brevet-là, au fil des années. années. Je l’ai cru. Mais après onze années de politique municipale, le constat que je fais, c’est qu’il faut un groupe pour bien réfléchir à Gatineau. Pour moi, il est devenu essentiel d’avoir une proposition intéressante pour les citoyens. À la question : est-on encore capable à Gatineau de se présenter à la mairie et de faire de la politique en dehors d’un parti, ma réponse est claire, c’est non.

En ce sens, il se classe derrière le président du conseil d’administration, Steven Boivin, qui a tenu à peu près les mêmes propos lors d’une entrevue avec La droite, lundi dernier. Daniel Champagne estime que la formule du parti doit être peaufinée au niveau municipal afin d’éviter que les villes ne se retrouvent piégées dans des blocages systématiques en raison de la composition de leur conseil.

« Qu’il s’agisse d’une équipe qui se rassemble autour d’une personne ou d’une fête, le modèle n’a pas d’importance », ajoute-t-il. Mais l’offre politique doit devenir collective. Il ne peut plus s’agir d’une proposition individuelle basée sur une personnalité.

Le président du conseil municipal Steven Boivin et l’actuel maire Daniel Champagne. (Patrick Woodbury/Le Droit)

Aux conseillers indépendants qui pensent que se rassembler autour d’un candidat indépendant à la mairie peut représenter un compromis acceptable, M. Champagne rappelle le résultat de l’élection partielle qui vient de se terminer. « Six personnes alignées derrière un candidat, c’est une forme de regroupement », insiste-t-il. Nous ne pouvons plus prétendre être indépendants. Je veux dire, à un moment donné, il faut prendre ses responsabilités.

Le reflet de 2021

Daniel Champagne ne s’attendait pas à devenir maire de Gatineau lorsqu’il a décidé de briguer un troisième mandat comme conseiller du district du Versant, en 2021. Il affirme y avoir réfléchi.

« Ah oui, très, très sérieusement », dit-il. Cela m’a tenté. Je sentais qu’il y avait du soutien pour moi. Mais ce n’était pas suffisant. J’avais une vision pour Gatineau, mais je me demandais si j’avais un plan complet. Je me suis demandé si mon insatisfaction envers Action Gatineau était suffisante, si j’avais vraiment mieux à offrir. J’ai décidé de ne pas solliciter de mandat à la mairie.

— Daniel Champagne

Beaucoup de gens se présentent aux élections avec la seule véritable ambition de vivre une expérience, estime M. Champagne.

« À la mairie, cela aurait été mon cas et je ne voulais absolument pas faire ça », insiste-t-il. En outre, ceux qui font cela ont tendance à se faire prendre assez rapidement par la suite. La portée est moins importante lorsqu’il s’agit d’un conseiller, mais en mairie, cela peut vouloir dire que votre mandat est long et difficile maudit.”

Les années Bélisle

Daniel Champagne a principalement été président du conseil municipal au cours de ses trois mandats. Cela l’a amené à travailler en étroite collaboration avec Maxime Pedneaud-Jobin et France Bélisle.

« Comme conseiller, j’ai toujours pensé, et je pense encore, que le mandat qui me est confié par la population est de travailler avec la personne qui est élue à la mairie. J’ai donc ramé avec France Bélisle pendant deux ans. J’ai eu des expériences intéressantes avec son style de leadership. Je travaillais pour que ça marche, mais évidemment c’était difficile pour elle. La lutte politique n’a pas été facile pour Mme Bélisle et elle ne l’est pas devenue pour son entourage et pour le reste du conseil. Je ne blâme certainement pas Mme Bélile. Je comprends qu’elle a vécu des choses difficiles, mais pour nous, trouver un équilibre n’a pas été facile.

L’ancienne mairesse de Gatineau, France Belisle accompagnée du conseiller Daniel Champagne, lors de la crue de 2023. (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)

Daniel Champagne reconnaît s’être momentanément éloigné des valeurs sur lesquelles il a bâti sa carrière politique jusqu’à présent ; des valeurs de collaboration, d’ouverture et d’écoute, énumère-t-il. Auparavant allergique aux attaques partisanes et prêt à sauter sur la table dès qu’un échange entre deux élus dépassait le décorum, M. Champagne a un temps durci le ton avec ses collègues.

« À un moment donné, des gens autour de moi, des proches, m’ont dit : “Qu’est-ce que tu fais ?” C’est à ce moment-là que j’ai réalisé. Et c’est lors du dernier budget que je me suis dit que ça suffisait. Il y a eu une pause à ce moment-là. C’est là que je me suis dit que je ne pourrais pas faire un mandat complet avec cette attitude, étant autre chose que ce que je suis vraiment, un gars collaboratif, un gars de gang, un gars qui aime le dialogue et qui se nourrit des idées et de l’énergie des autres. .»

Le conseil municipal se dirigeait droit dans le mur à l’automne 2023. Il était alors président du comité exécutif. Il ne pouvait pas imaginer soumettre un budget au conseil pour un vote sans le soutien d’une majorité d’élus.

« J’étais président de l’exécutif, je devais agir et je suis allé voir mes collègues et on a fait du lien », raconte-t-il. Ça marche. Quelques jours plus tard, nous avons adopté notre budget à la majorité.»

Daniel Champagne n’a plus jamais parlé à France Bélisle après sa démission. Il veut lui dire qu’il reconnaît que ce qu’elle a vécu a été difficile, mais qu’il ne partage pas sa perception du dysfonctionnement du conseil. «Je lui souhaite de s’épanouir professionnellement et je comprends ce qu’elle a vécu», ajoute-t-il. Je ne peux pas me mettre à sa place, mais je reconnais qu’elle a peut-être ressenti cela.

Le fauteuil du maire

Quelques jours avant de démissionner, Mme Bélisle a pris soin de nommer Daniel Champagne comme adjoint au maire. Pour autant, il ne s’attendait pas à se retrouver maire avant la fin de la semaine. Il raconte que plusieurs d’entre eux ont tenté de convaincre l’ex-maire de rester en fonction.

Plusieurs types d’arrangements ont été évoqués pour tenter d’éviter une élection partielle moins de deux ans avant la fin du mandat. Le reste est connu. M. Champagne est devenu maire pour assurer un intérim de quatre mois.

Les fenêtres du meuble au-dessus de l’entrée principale de la Maison du Citoyen. (Martin Roy/Archives Le Droit)

Une fois en fonction, la première chose qu’il fait avec le fauteuil du maire a été de le rapprocher de la grande fenêtre qui permet au bureau de donner sur la rue Laurier.

«C’était mon premier jour», dit-il. Je suis arrivé très tôt ce matin-là. Il devait être 6 heures du matin. Je suis resté assis et j’ai réfléchi pendant plus d’une heure. Je me suis demandé qui j’étais politiquement et sur quelles valeurs je m’appuyais vraiment. J’ai fabriqué des téléphones. J’ai discuté avec les anciens maires Maxime Pedneaud-Jobin, Michel Légère, Marc Bureau et Yves Ducharme. Nous ne savions pas qu’il allait se présenter à ce moment-là. J’ai eu une très bonne discussion avec chacun d’eux. J’en suis arrivé à la conclusion que je ne devais absolument pas me désincarner.

Chambres d’écho

Ainsi, dès son entrée en fonction, Daniel Champagne a souhaité œuvrer à reconstruire les ponts au sein du conseil. Il rappelle que des dossiers importants ont avancé, voire débloqués, depuis quelques mois qu’il est au pouvoir.

“Le quartier général, les sans-abri et le tramway, tout cela a progressé et c’est très bien, mais le vrai travail que j’ai dû faire pendant ces quatre mois a été de regrouper la commune et s’il y a un héritage qui peut m’être attribué, c’est celui-ci, un conseil étroitement tissé.

— Daniel Champagne

La table est bien mise pour Maude Marquis-Bissonnette, ajoute-t-il.

«Elle arrive avec un plan, une vision et elle est déterminée», affirme M. Champagne. Elle possède toutes les compétences et l’expérience nécessaires pour occuper ce poste. Le nouveau maire s’inscrit dans un renouveau, une forme de progressisme qu’on voit dans plusieurs autres villes du Québec, mais qu’on voit moins à Gatineau», explique-t-il.

« On a parfois la perception qu’il y a une forte opposition à ce mouvement à Gatineau, mais quand on regarde les résultats de la dernière élection, ce n’est évidemment pas le cas », constate-t-il. Il faut arrêter de penser que la majorité est opposée parce qu’un petit nombre de personnes se plaignent des fichus bus vides dans une chambre d’écho. Pour les bus vides, nous avons deux choix. Soit on les retire de la route, soit on trouve un moyen de les combler. Je fais partie de ceux qui choisissent la deuxième option.

Daniel Champagne devrait encore une fois se voir confier d’importantes responsabilités par le nouveau maire Marquis-Bissonnette. Il a déjà annoncé qu’il quitterait la politique à la fin de ce mandat.

 
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