En Seine-Saint-Denis, un centre médical fréquenté par des sans-papiers va fermer pendant les JO

En Seine-Saint-Denis, un centre médical fréquenté par des sans-papiers va fermer pendant les JO
En Seine-Saint-Denis, un centre médical fréquenté par des sans-papiers va fermer pendant les JO

Chaque année environ 4 000 personnes, dont une « grande majorité » de migrants clandestins, visitent les locaux du centre de santé de l’ONG Médecins du Monde, situé à moins de deux kilomètres du Stade de France, des bassins olympiques et de l’Adidas Porte de la Chapelle, sites majeurs des JO de Paris.

A deux pas des principaux sites des JO en Seine-Saint-Denis, un centre de santé géré par l’ONG Médecins du Monde fermera ses portes durant l’été pour ne pas « exposer » ses patients sans papiers à la multiplication attendue des contrôles policiers officiers.

Fausse couche, tuberculose, dermatite aiguë : la salle d’attente est toujours pleine en cette journée de juin au Centre d’accès aux soins et d’orientation de l’ONG. Il n’accueillera cependant plus personne entre le 1er juillet et le 15 septembre.

« C’est une décision très lourde mais on ne peut pas exposer les sans-papiers au risque d’arrestation », explique Matthieu Dréan, responsable du site.

« Présence policière accrue » dans la rue

Chaque année environ 4 000 personnes, dont une « grande majorité » de migrants clandestins, fréquentent ces locaux situés à moins de deux kilomètres du Stade de France, des bassins olympiques et de l’Adidas Porte de la Chapelle, sites majeurs des Jeux olympiques. de Paris.

Depuis plusieurs semaines déjà, des bénévoles constatent « une présence policière accrue » dans la rue. Pour protéger l’événement sportif qui se déroulera du 26 juillet au 8 septembre (y compris les Jeux paralympiques), près de 45 000 policiers et gendarmes sont mobilisés. Ils seront appuyés par 18 000 soldats.

Les contrôles des transports seront également renforcés et dissuaderont les patients, anticipe l’ONG présente depuis 2004 dans le département le plus pauvre et le premier désert médical de France métropolitaine.

Si deux autres sites seront ouverts temporairement dans le même département, à Pantin et Bobigny, accessibles en bus, métro ou tramway, l’association craint que ces patients, dont la moitié sont en France depuis moins de trois mois, ne choisissent pas de aller sous terre.

« Déjà, en temps ordinaire, nous avons des gens très méfiants qui détruisent les murs et qui ont besoin d’être rassurés. Nous avons peur aujourd’hui qu’ils renoncent à se faire soigner et ne reviennent pas », s’inquiète Agnès, bénévole à l’accueil.

A quelques mètres de là, une femme prosternée vient d’apprendre qu’elle fait une fausse couche tandis que la salle d’attente se remplit en silence de patientes aux traits tirés.

« Le plus discret possible »

“Dans leur grande majorité” ils n’ont jamais vu de médecin en France auparavant, note la structure.

“Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, il y a un vrai problème de morbidité, et pour celles qui ont besoin d’un soutien psychologique, c’est une forme d’abandon”, déplore le docteur Isabelle Pipien.

Les migrants « vivent tous une expérience difficile, souvent marquée par la violence, même s’ils ne l’expriment pas toujours en premier lieu et ne les somatisent », explique le médecin, rappelant que le chemin de l’exil met à rude épreuve la santé physique. et les aspects psychologiques des migrants.

Marina, une Ivoirienne sans papiers de 43 ans, souffre d’une dermatite aiguë. Cette femme de ménage, qui a pu ouvrir ses droits à l’Aide médicale de l’État (AME) au centre, a rendez-vous chez un dermatologue dans un an.

« Ce ne sera pas long, ça me fait mal », dit-elle d’une voix fine. «Je pense que c’est le stress», euphémise le jeune SDF.

Désireuse de regarder les Jeux olympiques à la télévision et de découvrir la nouvelle championne du 100 mètres, Marina, fan de la légende du sprint Usain Bolt, craint les contrôles durant cette période. Cela inclut cependant la présence importante de policiers pour assurer la sécurité des spectateurs.

« La rentrée scolaire en septembre nous inquiète »

Agé de 24 ans, Ayoub, 59 kg et mesurant 1,84 mètre, est venu se faire soigner contre la sclérose en plaques, une maladie neurodégénérative diagnostiquée au Maroc. Le jeune homme qui travaille sur des chantiers devra se rendre sur un autre chantier pour récupérer les médicaments manquants, l’informe le médecin.

« J’espère qu’ils nous laisseront tranquilles, mais je ne suis pas chez moi ici en France, je ne peux rien dire », glisse-t-il. “Je vais être le plus discret possible.”

Après les Jeux olympiques, les conséquences de la fermeture du centre sur la santé de ces patients seront mesurées, juge l’ONG.

“La rentrée scolaire en septembre nous inquiète” au plus haut point, prévient Matthieu Dréan, également “extrêmement préoccupé” par la situation politique et la possible montée en puissance de l’extrême droite aux législatives.

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