Il y a un an aujourd’hui, à 18h38, la terre tremblait comme jamais dans les Deux-Sèvres

Il y a un an aujourd’hui, à 18h38, la terre tremblait comme jamais dans les Deux-Sèvres
Il y a un an aujourd’hui, à 18h38, la terre tremblait comme jamais dans les Deux-Sèvres

Comme une ambiance “fin du monde”, pour citer un habitant de Magné : à 18h38 le vendredi 16 juin 2023, la terre a tremblé quelques secondes aux confins de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres. Et dans des proportions rarement enregistrées, la région étant habituée à des secousses sismiques de moindre intensité. Plus de 600 répliques se sont succédées sur quatre mois, dont une soixantaine le lendemain seulement.

“L’impression qu’une centaine de chevaux couraient à toute allure”

Une fois corrigée, la magnitude du moment de ce séisme a été fixée à 4,9. Son épicentre sera situé dans le village de Sainte-Gemme, à Cram-Chaban, commune voisine de Mauzé-sur-le-Mignon. Selon une note du Bureau de recherches géologiques et minières publiée cinq jours plus tard, le séisme a été ressenti « dans une grande partie de l’ouest de la France, de Bordeaux au sud à Caen au nord, et jusqu’à Clermont-Ferrand à l’est » : les 6 000 et quelques témoignages proviennent de 54 départements.

A Niort, les pompiers sont intervenus le soir même pour retirer les pierres d’une cheminée qui menaçait de tomber dans le centre-ville piétonnier : les premières étaient tombées juste après le passage du défilé d’ouverture du Très Grand Conseil Mondial des clowns.
© (Photo archives NR, Jean-André Boutier)

Un habitant d’Aigondigné racontera, des mois plus tard, avoir “J’avais l’impression qu’une centaine de chevaux couraient à toute vitesse dans la rue.” A l’époque, certains Deux-Sévriens penseront à une explosion d’usine, d’autres au passage d’un avion. ” juste au dessus “ de leurs têtes.

Une Niortaise, rencontrée en centre-ville, affirme avoir ressenti “la vague” progressant littéralement sous ses pieds, dans le sol. Non loin de là, des morceaux de cheminée tombent dans une artère piétonne qu’un cortège festif vient d’emprunter. A Thouars, une chaise à bascule se met à bouger toute seule.

5 720 réclamations au total

Hors Charente-Maritime, les pompiers sont principalement mobilisés dans quatre communes : Niort, Arçais, Saint-Hilaire-la-Palud et Mauzé-sur-le-Mignon. Rien que dans cette dernière, où une cellule de crise sera improvisée, une cinquantaine de pompiers travaillent, sur un total de 80 sans oublier des renforts venus d’ailleurs. Le bilan officiel fait état de deux blessés légers.

Un pompier expert en bâtiment risque de rendre visite aux habitants de Mauzé-sur-le-Mignon : les maisons et autres locaux seront classés en vert, jaune, rouge et noir, les deux dernières couleurs signifiant que les lieux sont inhabitables.
© (Photo archives NR, Jean-André Boutier)

Le nombre d’interventions atteindra 275 dans les Deux-Sèvres à la fin du week-end : des pierres se sont détachées des murs d’immeubles dont certains se sont effondrés et on constate des milliers de fissures dans des maisons aux toits parfois surélevés. Un château à Prahecq est fragilisé, trois églises aussi : une partie des voûtes de celui d’Arçais s’effondre, la facture dépassera les 250 000 €. Au total, 5 720 sinistres seront enregistrés dans notre département, selon France Assureurs.

165 communes oubliées ?

Reste que le séisme n’a pas seulement fait craquer les murs et envoyé des dizaines de victimes chez des proches, des hôtels ou des mobil-homes, avec 160 propriétés déclarées inhabitables rien qu’en Charente-Maritime : il a pénétré les âmes. Dix communes des Deux-Sèvres ont, pour l’instant, obtenu le statut de catastrophe naturelle alors que 175 l’avaient demandé. Mais face à la révolte de certains élus d’abord lassés d’attendre avant d’être rejetés, une brèche s’est ouverte.

Emmanuel Exposito et Olivier d’Araujo, les maires d’Éannes et Prin-Deyrançon, à la mairie de Frontenay-Rohan-Rohan le vendredi 1er décembre 2023 : ils faisaient partie de la quinzaine d’élus réclamant, ce soir-là, plus de transparence autour la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle après le séisme.
© (Photo archives NR, Jean-André Boutier)

Début juin 2024, 25 communes avaient créé un deuxième dossier : “Ces demandes sont actuellement examinées par la commission interministérielle compétente qui évaluera les nouveaux éléments apportés”, » a ajouté la préfecture. Et pourtant : il y a eu une dizaine de séismes de cette ampleur en cinquante ans en France métropolitaine. C’est la plus forte depuis celle du Teil, en Ardèche, en 2019. Dans la région, la dernière secousse de cet acabit remonte à 1972, sur l’île d’Oléron.

 
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