Le lobby ferroviaire francophone pointe vers des temps de trajet plus longs

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Les nouvelles prévisions de l’Office fédéral des transports heurtent Damien Cottier, président de OuestRail. Il craint que toute la structure du calendrier soit mise à mal.

La Suisse romande ne bénéficie pas de la réduction des temps de trajet initialement prévue dans le paquet Rail 2000. © Clé de voûte

La Suisse romande ne bénéficie pas de la réduction des temps de trajet initialement prévue dans le paquet Rail 2000. © Clé de voûte

Publié le 15/06/2024

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Damien Cottier est de retour. À peine trois semaines après avoir pris la présidence de OuestRail, le lobby ferroviaire romand, la conseillère nationale neuchâteloise (plr) est confrontée à la première mauvaise nouvelle: l’allongement des délais de déplacement en Suisse romande, annoncé par les CFF pour le calendrier 2025, dû aux multiples travaux programmés, risquant de servir de base à la planification au-delà de 2035.

L’Office fédéral des transports (OFT) a récemment publié sur son blog un communiqué de prévisions révisées pour le ferroviaire, adaptées en fonction des choix stratégiques annoncés par les CFF. Un projet d’offre consolidé que OuestRail a qualifié d’« inacceptable » dans un communiqué publié mardi. Damien Cottier vous explique pourquoi.

Quelles sont les principales raisons de votre insatisfaction ?

Damien Cottier : Des promesses nous ont été faites depuis trente-cinq ans et on nous informe ici qu’elles ne seront pas tenues. Suite au vote sur Rail 2000 en 1987, il a été convenu que des investissements seraient réalisés en Suisse romande afin de réduire les temps de trajet. La solution qui fut alors privilégiée pour atteindre ces objectifs, notamment parce qu’elle était la moins coûteuse, fut les trains pendulaires, à savoir l’ICN sur la ligne au pied du Jura et la technologie Wako sur le Plateau. Aujourd’hui, les CFF abandonnent cette technologie, finalement jugée trop coûteuse à entretenir. Et l’OFT utilise ces trajets prolongés comme nouvelle norme.

Des promesses nous sont faites depuis trente-cinq ans et on nous informe ici qu’elles ne seront pas tenues.
Damien Cottier

Quel impact cela aura-t-il sur les plannings ?

Si l’on prend la ligne Lausanne-Berne, il a été convenu dans le programme Rail 2000 que la durée du trajet serait réduite à environ 55 minutes. Mais l’OFT projette désormais une durée de 68 minutes. On ne parle donc pas d’une ou deux minutes de différence, mais d’un quart d’heure. Et on retrouve les mêmes problèmes entre Genève et Bienne ou entre Lausanne et Viège. De tels écarts ont des conséquences très concrètes, notamment sur les connexions. On le voit avec l’horaire CFF 2025: à cause des travaux, nous perdrons pendant des années le hub de connexion de Lausanne, ce qui affectera toute la Suisse romande. Et selon l’OFT, on planifierait sur cette base des investissements au-delà de 2035. Ma crainte est qu’on veuille privilégier les investissements dans d’autres régions du pays.

Et cela ne serait-il pas justifié ?

Non, la Suisse alémanique a déjà connu de nombreux investissements et les délais y ont été améliorés. S’il est vrai que d’importants travaux sont actuellement en cours de notre côté de la Sarine, il s’agit en réalité surtout d’un rattrapage. Cela ne justifie donc pas d’investir moins ici. Avec le projet actuel de l’OFT, c’est toute la structure de l’horaire en Suisse romande qui serait mise à mal. C’est déjà très contraignant pour la période de travail des dix prochaines années, mais nous ne pouvons pas laisser longtemps la Suisse romande derrière nous. Les décisions du peuple et du Parlement doivent être mises en œuvre.

Concrètement, qu’implique ce « projet d’offre consolidée 2035 » de l’OFT ? Que les calendriers sont gravés dans le marbre jusqu’en 2035 ?

Pire, il fixe des objectifs de temps de trajet au-delà de 2035 et, sur cette base, nous déterminerons quels seront les grands projets prioritaires dans les années à venir. Mais pour nous, il serait très important que la modernisation de la ligne Romont-Fribourg, par exemple, figure dans la liste des prochains grands investissements que le Parlement votera en 2026. Et des études sont également nécessaires pour le pied de la ligne. Jura, où il faudra compenser les minutes perdues après la disparition des bascules ICN, ainsi que pour Genève-Lausanne.

Concrètement, à qui s’adresse votre message ?

Aux gouvernements des cantons romands d’abord, à qui nous disons qu’il faut taper du poing sur la table dès maintenant, au début du processus de planification. Au Parlement, nous pourrons certainement influencer les décisions lors du vote de crédits spécifiques, mais il est plus difficile d’influencer le contenu à un stade aussi avancé du processus. Il faut donc agir maintenant et sensibiliser le Conseil fédéral.

>Médias ESH

 
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