Contraint de prendre une retraite anticipée, ce policier n’a eu aucun soutien après avoir vu assassiner un collègue

Contraint de prendre une retraite anticipée, ce policier n’a eu aucun soutien après avoir vu assassiner un collègue
Contraint de prendre une retraite anticipée, ce policier n’a eu aucun soutien après avoir vu assassiner un collègue

Dans le cadre d’une série de rapports sur la santé mentale des policiers, Le journal s’est entretenu avec des dizaines d’experts et d’agents en plus d’examiner plusieurs dizaines de documents, dont une quarantaine de demandes d’accès à l’information. Un constat se dégage : il n’a jamais été aussi difficile d’être policier.

« Comment puis-je mener une intervention armée si je ne peux plus me rendre à l’épicerie ? C’est la question qui a poussé une policière de Longueuil à prendre sa retraite prématurément, 15 ans après avoir été impliquée dans une fusillade mortelle à la suite de laquelle elle dit n’avoir eu aucun soutien.

Isabel Ste-Marie a toujours voulu être policière. Son rêve s’est finalement réalisé en 1993 lorsqu’elle a été embauchée à Brossard. Au fil du temps, elle a vécu son lot d’événements marquants. Mais une journée de mars 2007 a été particulièrement traumatisante pour le patrouilleur.

Elle et son compagnon ont été les premiers arrivés sur les lieux d’une fusillade qui a coûté la vie à une collègue de Laval, qui intervenait sur son territoire dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafic. Daniel Tessier, 42 ans, a reçu une balle dans la tête.

C’est Isabel Ste-Marie qui a annoncé le décès à ses collègues, après l’avoir accompagné à l’hôpital et veillé sur le corps en attendant la suite.

Un jour comme les autres

Lorsqu’elle a finalement été libérée, elle est retournée au poste et n’a trouvé… personne. Aucun superviseur ou collègue ne l’attendait, non compte rendu n’était pas prévu.

« C’était un jour comme les autres, il faut y croire », se souvient-elle avec difficulté.

Le soir, elle retournait au travail, selon son horaire. On ne lui a jamais dit de rentrer chez elle et elle est intervenue dans une bagarre générale.

À ce stade de l’entrevue, Isabel Ste-Marie fait une longue pause et regarde dans le vide. Ses yeux sont tristes, ses lèvres tremblent. Malgré le temps qui passe, la douleur est toujours très forte pour celle qui avait autrefois tant de passion pour son métier.

« Après quelques jours et beaucoup de pression de notre part, les patrons ont fini par nous donner une sorte de compte rendu. Le fait que nous ayons dû nous battre pour cela nous a donné le sentiment de n’être rien.

Au cours des années suivantes, Isabel Ste-Marie a commencé à éprouver des symptômes de choc post-traumatique, même si elle ne le savait pas à l’époque. Dès qu’elle parlait à une personne, son prénom restait gravé dans sa mémoire.

« Ça s’accumulait et je ne pouvais pas quitter mon travail au travail », dit-elle.

La policière de Longueuil éprouvait également beaucoup d’anxiété, ce qui se traduisait parfois par des crises de panique lors de ses quarts de travail. Vers la fin, elle redoutait les appels difficiles ; si elle n’était pas à proximité, elle faisait profil bas et laissait les autres intervenir.

“C’était tellement loin de ma personnalité”, a-t-elle déclaré. Je suis une fille d’action, j’aime quand les choses bougent.

Une retraite anticipée

Elle a donc demandé à être transférée au renseignement criminel, où elle a travaillé pendant six ans. Mais les démons du passé ont quand même fini par la rattraper.

«J’étais obsédée par les toilettes», explique-t-elle. J’avais toujours peur de tomber sur un pendu lorsque j’ouvrais une cabane.

Malgré la thérapie et les arrêts de travail, la douleur est demeurée trop intense et Isabel Ste-Marie a dû quitter le corps policier plus tôt qu’elle ne l’aurait souhaité.

“Je suis convaincue que si j’avais été correctement prise en charge après la fusillade mortelle, j’aurais pu avoir la belle carrière dont je rêvais”, déplore-t-elle.

En octobre dernier, ses symptômes se sont aggravés et elle avait des pensées noires. Elle s’est donc rendue à la Maison La Vigile, un centre pour secouristes situé à Québec (voir autre texte).

“Cela m’a absolument sauvé la vie”, a-t-elle déclaré.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Skynopy lève 3,1 millions d’euros pour mieux communiquer avec les satellites
NEXT Quel temps fera-t-il à Laval et ses environs le lundi 24 juin 2024 ? – .