l’essentiel
Via les témoignages de plusieurs témoins et experts au deuxième jour du procès de deux vingt ans, jugés pour tentative de meurtre et complicité, la salle a pu toucher du bout des doigts la brutalité qui se dégage de l’appartement de Lavelanet où se sont déroulés les meurtres. a eu lieu. faits.
Une porte « fracassée », un appartement « bouleversé », une pièce « emmêlée » : quand l’un des premiers intervenants décrit la scène de crime au cœur du procès pour tentative d’assassinat jugé jusqu’au vendredi 15 novembre par le tribunal de la base de En Ariège, on entendait voler une épingle.
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La salle et les jurés sont accrochés aux lèvres du pompier lavélanétien, dont la voix n’est pas haute mais dont les propos font mouche à chaque instant ; ses gestes trahissent les images qui lui sont revenues lors de son témoignage et les soins qu’il a pu prodiguer ce matin-là. « A vrai dire, j’ai été choqué par cette odeur d’hémoglobine qui m’envahissait tout le nez. Je peux vous le dire, à 6h30 du matin, quand on ne s’y attend pas forcément, c’est une montée d’adrénaline. »
Une analyse éclairante des éclaboussures de sang
Il n’est qu’un parmi les nombreux témoins qui ont comparu devant le tribunal et les jurés en cette deuxième journée d’audience du procès de Kévin* et Gaspard*, le premier principalement accusé de tentative d’assassinat et le second de complicité. Quand mardi la salle a pu apprécier les propos d’Aurélie et David, deux des trois victimes – aux côtés de Naël, le troisième – des violences qui se sont déclenchées dans cette nuit du 7 au 8 mars 2020, c’étaient là les gens qui gravitaient. autour de cet appartement lavélanétien où s’est déroulé le bain de sang qui en dessinait les contours.
Le sang et la violence sont sans aucun doute deux éléments qui resteront à l’esprit tout au long de la journée. L’intervention d’un expert en morphoanalyse de traces sanguines de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie (IRCG) a notamment occupé les fins de matinée et les esprits. C’est la première fois que l’appartement d’Aurélie apparaît à l’écran, taché de taches de sang qui ressortent encore plus dans une pièce claire.
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Selon les projections observées sur les murs, “il y a au moins trois coups sur David et deux sur Naël”, qui plus est “avec une grande intensité”, affirme le gendarme, qui ajoute que cela peut correspondre au pied de table métallique retrouvé plusieurs mois après les faits. Le directeur de recherche de l’enquête, également gendarme, note en préambule « une scène de crime particulièrement violente, compte tenu des traces de sang retrouvées ».
Si Aurélie n’a pas été touchée par cet objet contondant, le rapport du médecin légiste qui l’a examinée est tout aussi édifiant que sur l’état de son corps après le passage à tabac. Blessures au crâne, lésions au visage, contusions et hématomes aux omoplates, bras et jambes… « Une dizaine de coups », soulignera le rapport de l’expert du Centre Hospitalier Intercommunal des Vallées de l’Ariège (Chiva). En effet, la violence semble imprégner les murs de l’appartement et suivre la jeune femme partout où elle va, elle qui avoue au psychologue qu’elle « a l’impression de n’avoir qu’une vie difficile ». « Les murs étaient fins, je les entendais souvent se faire face », avoue le voisin du dessus, qui parle de l’influence de Kévin sur Aurélie. “Quand je l’ai vue arriver dans le couloir ce soir-là, elle était pleine de sang, elle boitait, elle était paniquée”, ajoute la jeune femme. Et David était dans une mare de sang, presque noyé dedans. »
Je cherche une « pochette »
Maître Vitrac, conseiller d’Aurélie, demande au directeur de l’enquête si on peut parler de harcèlement de la jeune femme par son ex-compagnon : « C’est l’impression qui se dégage, de moins pour moi, explique-t-elle. Il lui envoie 155 messages dans l’après-midi précédant l’incident, on dirait qu’il envoie ses acolytes la chercher avec une fausse excuse pour lui rendre l’argent. L’avocat ne manque pas de relire notamment ce message : “Vous allez tout perdre et je vais le tuer”.
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Plus que ce message, il y a aussi la quête d’une « pochette » par plusieurs personnes à Lavelanet en pleine nuit, terme qui étonne suffisamment les gendarmes pour qu’ils tentent d’en comprendre le sens et tombent sur « arme à feu » dans le dictionnaire d’argot : « Visiblement, il ne cherchait pas un éplucheur de légumes », suggère le procureur général.