Alors que les moulins manquent de meuniers, cette formation ne fait pas le plein en Charente-Maritime

C’est un centre de formation unique en , et même dans toute la francophonie. À Surgères (Charente-Maritime), le campus alimentaire comprend une meunerie, L’ENSMIC, qui fête cette année son centième anniversaire. La formation principale consiste en un BTS agricole, proposé en alternance. Une formation qui peine à recruter, malgré des besoins de main d’œuvre importants dans les usines françaises. Pourtant, ce métier totalement méconnu peut être passionnant, technique et engageant. A Surgères, l’enseignement est assuré avec un outil de pointe : un moulin pilote de très haut niveau. France Bleu La Rochelle a pu visiter les lieux.

Le propriétaire des lieux, François Brionnet, n’a besoin que quelques clics de souris sur votre ordinateuret c’est parti pour la meunerie : la transformation du blé en farine. Plusieurs machines sont nécessaires, précise Mohamadou, étudiant en première année à l’ENSMIC : « Il y a des concasseurs, des slappers, des convertisseurs et chaque machine a un rôle à jouer. » Et le connard dans tout ça ? « Ici, tout est presque automatique, mais il y a des usines où il faut démarrer les machines manuellement. Et puis il faut faire les réglages, éviter les bourrages, surveiller le débit, le débit… »

Quelques clics sur un ordinateur permettent de commencer la « mouture », la transformation du blé en farine. © Radio-France
Julien Fleury

« Le rôle du meunier est de réaliser des mélanges de farines »

Pour expliquer la fonction du meunier, la directrice du campus alimentaire de Surgères, Marie-Pierre Mousset, aime utiliser le métaphore du vin : « Le rôle du meunier est de réaliser des mélanges de farines. Quand on fait du vin, on ajoute un peu de merlot, tel cépage, etc. Ici c’est pareil, on mélange des farines de différentes qualités pour obtenir le bon mélange qui conviendra au client. Et si on donne de la farine à biscuit à un boulanger, ça ne fera pas du bon pain.

Ce métier attire toute une colonie d’étudiants sénégalais à Surgères. Ils sont une dizaine d’inscrits à l’ENSMIC, venus en France pour des études supérieures dans d’autres domaines. Alhoussein va bientôt terminer ses deux années de formation : « On ne savait pas trop comment on faisait la farine, on allait juste à la boulangerie prendre notre petit pain en toute tranquillité. On n’imaginait pas qu’il y avait autant de paramètres et tant de choses à respecter !

Point fort de l’ENSMIC, un moulin pilote permet de fabriquer de la farine en conditions réelles. © Radio-France
Julien Fleury

« Si vous êtes motivé, les portes sont grandes ouvertes »

Alhoussein se réjouit de l’accueil à Surgères : « Si on est motivé, vraiment, les portes sont grandes ouvertes. » Il faut dire que les besoins en main d’œuvre sont immenses. « Presque toutes les usines recrutent »confirme Thomas, qui a quitté l’école de Surgères il y a six ans. Et déjà responsable de la production d’un moulin en Haute-Garonne. « J’ai eu deux départs à la retraite cette année, raconte le jeune homme de 26 ans, et j’ai recruté deux meuniers, qui n’étaient pas du tout qualifiés. Il faut donc tout leur apprendre de A à Z. »

chargement

C’est après un baccalauréat professionnel en boulangerie que Thomas découvre le métier de meunier. « J’avais envie de gravir les échelons et de m’intéresser aux matières premières, et donc à la farine. » Un choix que le jeune homme ne regrette pas un instant. Un de ses camarades de classe est d’accord : le moulin pilote de Surgères est un outil exceptionnel. Les jeunes qui sont ici ont une chance incroyable. Il y a plein de petits meuniers en France qui rêveraient d’avoir un tel outil de production.

La minoterie BTS peine à recruter. Une opportunité pour les dix étudiants sénégalais qui ont choisi de suivre cette formation à Surgères.
La minoterie BTS peine à recruter. Une opportunité pour les dix étudiants sénégalais qui ont choisi de suivre cette formation à Surgères. © Radio-France
Julien Fleury

Une vingtaine de places disponibles, au minimum

Il n’y a qu’une vingtaine d’étudiants en BTS cette année. Pour cette formation en meunerie, il y aurait de la place pour au moins deux fois plus. « Chacun achète son paquet de farine, mais personne ne se demande tout le travail qu’il y a à faire, regrets Marie-Pierre Mousset. Les moulins doivent ouvrir, qu’on peut communiquer sur ces métiers car en fait, il y a plein de métiers totalement méconnus.

chargement

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Jean-Luc Gleyze appelle à « rassembler les Cironnais »
NEXT la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron entre crises et optimisme