renards observés en ville, faut-il s’inquiéter ? – .

renards observés en ville, faut-il s’inquiéter ? – .
renards observés en ville, faut-il s’inquiéter ? – .

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Julia Gualtieri

Publié le

13 juin 2024 à 18h36

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“Voilà, j’ai un renard depuis fin 2023 qui vient dans mon jardin”, explique Audrey dans un message posté sur Facebook le mois de mai commence. Dans les Hauts de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), où elle réside, il n’est pas rare de voir un manteau rouge traverser un jardin. Les locaux attentifs en savent quelque chose. C’est le cas de Catherine. Latignacienne depuis 30 ans et marcheuse invétérée, elle a l’habitude de croiser des renards en ville. Notamment à proximité du hameau de Deuil, en direction de Gouvernes. Parmi les riverains, l’un des sentiers est même surnommé « la promenade du renard ». « Ils passent la départementale et arrivent à Lagny », sourit-elle.

«C’est un plaisir d’observer cet animal sauvage»

La ville ne leur fait donc pas peur. «C’est un phénomène que nous observons depuis une dizaine d’années», assure Jean-François Courreau, président de Faune Alfort, le centre de soins le plus proche habilité à prendre en charge les animaux sauvages. Mais tout le monde n’en est pas forcément conscient : discretcet animal sauvage est plus habitué à nous observer que l’inverse.

“Ils sont si beaux. C’est un plaisir d’observer cet animal sauvage, l’un des rares que l’on puisse apercevoir dans la ville. De plus, ils sont plutôt curieux. Ils s’arrêtent, nous regardent… Même s’ils n’aiment pas le contact humain ! », affirme Catherine qui, même si elle raconte avec bonheur ses rencontres, ne veut pas « créer l’hystérie ». « Il faut les regarder et leur dire bonjour. Ils ne sont pas dangereux», sourit Philippe Roy, président de l’association Renard.

Un renard a pris l’habitude de passer dans le jardin d’Audrey, une habitante de Lagny. ©Photo envoyée à La Marne

Mais leur présence jusqu’à dans les jardins peut interroger. Pourquoi est-il là et y a-t-il des risques ? On fait le point en quelques questions.

Comment expliquer leur présence ?

Si nous savons que le renard – le renard roux dans notre pays, ou vulpes vulpes de son nom latin – est présent dans la ville, il est difficile de suivre les populations et leur évolution. « Le renard s’installe là où on le laisse tranquille », résume Philippe Roy.

Aujourd’hui, il n’est pas n’est plus classé comme nocif, mais elle figure dans la liste des « espèces susceptibles de causer des dégâts » en Seine-et-Marne. Cela signifie qu’il est possible de chassez-le ou le piéger. La ville peut ainsi offrir un lieu de refuge.

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Leurs territoires deviennent restreints et les zones urbaines deviennent paradoxalement des espaces dotés de nombreuses ressources.

Jean-François Courreau, président de Faune Alfort

Que mange le renard ?

Essentiellement carnivore, le renard possède néanmoins un régime alimentaire varié. Il peut manger des fruits, des vers de terre et même fouiller dans nos poubelles si nécessaire… « C’est un animal assez opportuniste. C’est aussi ce qui l’amène en ville », ajoute le service environnement de Marne et Gondoire. Inutile de le nourrir, le renard est assez rusé pour trouver sa nourriture. Il se peut aussi qu’il revienne très souvent.

En ville, nos déchets, nos composts, attirent un certain nombre d’animaux, dont petits rongeurs dont les renards adorent. « Ils ont ainsi un rôle de régulateurs des populations de rongeurs », résume la direction de l’environnement urbain.

Est-ce une menace pour les poules ?

Lorsque des animaux plus gros sont à leur portée, les renards ne les hésiteront pas. C’est le cas des oiseaux… ou pouletsau grand désarroi d’Audrey.

J’ai déjà perdu trois poules. Il y a 15 jours, mon voisin en a perdu deux.

Audrey, habitante de Lagny

Le renard a réussi à infiltrer son poulailler. « Il a réussi à soulever le bas de la clôture. » A cause de la grippe aviaire, ses poules étaient confinées dans une volière, mais cela ne suffisait pas à les protéger.

« J’ai installé une caméra et je peux l’observer la nuit. Il nous fait des vidéos sympas, mais on voit surtout qu’il est très déterminé. Lorsqu’elle installait de lourdes jardinières autour de son poulailler, le renard les vidait de leur terre, pensant pouvoir se remettre dessous. Avec une porte à fermeture automatique et un grillage étendu dans le sol, ses poules doivent être protégées.

Que faire si un renard fréquente votre jardin ?

« Je le trouve très beau, j’aime les animaux, mais il est envahissant. Je le vois même la journée, se promener dans le jardin», confie ce Latignacien qui s’inquiète pour les enfants. Problème : personne ne peut faire grand-chose pour elle. Ni la police municipale ni les vétérinaires ne parviennent à le capturer. Le centre de soins à domicile d’Alfort ne se déplace pas. Dernière option, appeler une association de chasseurs, mais elle n’arrive pas à le faire. L’espèce n’étant plus classée nuisible, il est possible de la relâcher, mais elle en doute.

La détermination de cet animal et son présence récurrentemême diurne, peut être expliqué. Les naissances ont effectivement lieu en mars-avril. Dans les deux mois qui suivent, les renardes doivent non seulement trouver quelque chose nourrir leurs petitsmais ils doivent aussi leur apprendre à chasser.

Peut-il transmettre des maladies ?

Si le renard a longtemps été associé à la transmission de rageplus aucun cas n’a été observé depuis la fin du 20e siècle. Les plus jeunes peuvent souffrir gale, mais il n’est contagieux ni pour l’homme ni pour les animaux domestiques. En revanche, elle peut être mortelle pour les renardeaux, qui sont plus faibles que leurs aînés dans leurs premières années.

Attention à l’échinococcose

Le seul risque pour l’homme, “infime”, souligne Jean-François Courreau, est représenté par l’échinococcose alvéolaire. On recense une trentaine de cas par an en France, impliquant souvent des cueilleurs de plantes sauvages ou des chasseurs ayant manipulé des cadavres. Concrètement, il s’agit deun ténia qui peuvent contaminer les humains ou les animaux par contact avec des excréments dans lequel se trouvent les œufs du parasite. Pour les animaux, les traitements antiparasitaires suffisent à s’en débarrasser.

Habituellement, les hommes le transmettent également, mais dans de rares cas, le parasite peut provoquer dommages au foie. Faites juste attention à nettoyer les fruits et légumes du jardin que vous ramassez au sol. Et il n’y a plus aucun risque s’ils sont cuits. Quant à l’urine, elle n’est pas contaminante.

Peut-il mordre ou attaquer les animaux domestiques ?

Selon Jean-François Courreau, le risque de morsure Est très faible. “C’est possible dans un réflexe de défense si la fuite est impossible”, explique le médecin. C’est pourquoi il n’est pas recommandé de piéger soi-même un renard. Les bagarres avec des chats et des chiens sont également assez rares. S’ils existent, ils sont probablement liés à l’impossibilité de trouver suffisamment de nourriture pour la portée.

À l’échelle mondiale, l’homme est donc plus dangereux pour le renard que l’inverse. La mortalité dans les portées est très élevée, à 50 %, en partie due aux activités humaines. Les automobilistes peuvent régulièrement apercevoir des cadavres de renards jonchant la D934.

« Ce sont des animaux capables d’une grande adaptation », souligne Jean-François Courreau. Même les portées s’adaptent : s’il n’y a pas assez de nourriture, les renardes auront moins de bébés. Il est impossible de mesurer réellement la population de Lagny et de ses environs et son évolution. Mais une invasion de renards n’est pas à craindre. C’est peut-être à nous aussi de nous adapter à lui.

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