Par
Ludivine Ageon
Publié le
13 juin 2024 à 14h59
Voir mon actualité
Suivre Le Ploërmelais
Jean Thébault, originaire de Guilliers (Morbihan), dernier survivant de la rafle de sa commune en 1944, est décédé à l’âge de 98 ans.
L’occasion de revenir sur son histoire qu’il a eu l’occasion de raconter à la rédaction il y a quelques années…
La rafle de Guilliers
En janvier 1944, après la mort d’un soldat allemand dans les rues de Guilliers, les occupants nazis mènent un vaste raid dans les villes environnantes. Le 18 janvier 1944, 500 hommes, jeunes voire très jeunes, se rassemblent dans la cour de l’école publique. « Arrivé parmi les derniers, je me suis retrouvé pendant plusieurs heures à 3 mètres de la mitrailleuse. Une éternité. Je reconnaissais encore le visage du soldat, derrière l’arme de guerre», a déclaré Jean Thébault lors de la remise de la médaille de l’Assemblée nationale en 2016.
Le commandant du camp de Point-Clos est intervenu pour empêcher la fusillade.
48 d’entre eux sont choisis et envoyés à Mauron. Ils seront finalement 46 à partir vers le camp de Royalieu, à Compiègne.
Deux mois plus tard, ils étaient dans les wagons à bétail en route vers la déportation. Une tentative d’évasion du train nous a obligés à terminer le voyage sans vêtements, dans le froid de l’hiver. Nous sommes arrivés épuisés le 25 mars 1944
Esclaves des nazis
Le matricule 60624 lui est attribué, et il est affecté le 5 juin 1944 au Kommando (camp annexe) de Linz, dans les usines d’armement d’Hermann Goering. « Les déportés étaient morts en sursis, ils travaillaient jusqu’à l’épuisement complet », se souvient Paul Molac. Jean Thébault y resta jusqu’au 5 mai 1945, date à laquelle la ville fut libérée par la Troisième Armée de Patton. Clin d’œil de l’Histoire, cette même armée libère le secteur Mauron en août 1944 !
Revenez au pays
Jean Thébault n’avait pas 20 ans lorsqu’il a finalement été libéré. Trop faible pour être rapatrié par avion, il sera ramené par des convois de la Croix-Rouge. C’est en Bavière, dans une zone d’occupation française, qu’aura lieu une cérémonie en leur honneur, avec la première Marseillaise entendue depuis longtemps. Parmi les déportés, seuls 19 reviendront vivants en Bretagne. Des monuments de mémoire ont été érigés en souvenir de ce moment dramatique, à Guilliers, Mauron et Loyat.
« Il est important de se souvenir et d’honorer ceux qui ont été blessés dans leur chair et leur esprit. Nous devons continuer à refuser la notion de supériorité, d’infériorité et de sous-humains. Les hommes naissent et restent égaux. C’est si simple et l’Histoire nous montre que l’homme peut aller très loin dans cette négation de l’humanité », a ajouté le député.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.
