Par
AFP
Publié le
13 novembre 2024
Le procès de l’ancien chef du renseignement intérieur Bernard Squarcini, soupçonné d’avoir profité de ses réseaux policiers pour obtenir des informations confidentielles et des privilèges au profit d’intérêts privés, notamment le PDG de LVMH, s’est ouvert mercredi à Paris, en commençant par l’interrogatoire de questions de procédure.
Aux côtés de celui surnommé “le Squale”, neuf autres hommes sont jugés, soupçonnés d’avoir répondu aux sollicitations de M. Squarcini, dont le préfet Pierre Lieutaud, à l’époque numéro 2 du Coordonnateur national du renseignement, et Laurent Marcadier, ancien magistrat. de la cour d’appel de Paris.
Tout le monde conteste les faits.
L’ancien directeur central du renseignement intérieur (DCRI, aujourd’hui DGSI) comparaît devant le tribunal correctionnel jusqu’au 29 novembre pour 11 délits allant du trafic d’influence passif au détournement de fonds publics, en passant par la atteinte au secret de la défense nationale, la contrefaçon dans des documents publics ou encore complicité en violation du secret professionnel.
Dans ce dossier, il est soupçonné d’avoir profité de ses relations au sein du renseignement et de la police pour obtenir des informations au nom d’intérêts privés – notamment pour le patron du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault.
Et ce, aussi bien pendant la période où il était patron de la DCRI (2008-2012) qu’après sa reconversion dans le secteur privé en 2012.
Évincé par François Hollande qui le jugeait trop proche de Nicolas Sarkozy, l’ancien maître-espion est devenu patron d’une société de conseil en intelligence économique, Kyrnos, qui travaillait principalement avec LVMH.
Les juges d’instruction ont distingué quatre aspects dans leurs investigations : parmi eux, la tentative d’identification en 2008, par des policiers de la DCRI, l’auteur d’une tentative de chantage privé au détriment de Bernard Arnault, dénoncé par un policier constitué partie civile. dans le cas.
Autre volet : l’incroyable espionnage de François Ruffin et de son journal Fakir, entre 2013 et 2016.
Le journaliste, qui tournait “Merci Patron”, un film satirique sur le leader mondial du luxe qui a remporté le César du meilleur documentaire en 2017, a inquiété le groupe car il envisageait de perturber les assemblées générales de la multinationale.
M. Ruffin, devenu depuis député, et ses avocats ont regretté mardi lors d’une conférence de presse l’absence du groupe LVMH sur le banc des accusés, évoquant “un procès impliquant l’amputation de la tête”.
Le groupe n’est en effet pas déféré à la justice puisqu’il a bénéficié fin 2021 d’un accord judiciaire d’intérêt général, négocié avec le parquet, pour éviter des poursuites.
Bernard Arnault cité comme témoin
“Sur le banc des accusés, (…) il nous manque un Bernard”, a encore déclaré M. Ruffin juste avant l’audience de mercredi. “Il nous manque le donneur d’ordre, les dirigeants de LVMH, qui sont ceux qui ont demandé à Bernard Squarcini et à ses sous-traitants d’infiltrer le journal Fakir.”
Dans ce contexte, la défense du député a convoqué M. Arnault à comparaître comme témoin au procès. Au début de l’audience, le président du tribunal Benjamin Blanchet a indiqué s’être entretenu avec l’avocat du dirigeant de LVMH, qui a assuré qu’il “avait l’intention de se présenter”. Le président a donc réservé la matinée du 28 novembre pour son audition.
L’audience s’est poursuivie par l’examen des questions de procédure, l’avocat de l’un des prévenus ayant demandé de séparer la section concernant l’espionnage de M. Ruffin pour le juger séparément, arguant qu’il n’y avait “pas d’unité” ni de “temps”, ou « lieu » et une « base juridique totalement différente ». Cette demande a été rejetée.
La défense de M. Squarcini a alors demandé que cette affaire soit renvoyée devant la formation du Conseil d’Etat spécialement habilitée à juger les affaires relatives au secret-défense.
“Nous vous demandons rien de moins que de juger un service régalien de l’Etat, de juger de son fonctionnement, de savoir si ses procédés, son fonctionnement, ses usages, il est compatible avec le code de procédure pénale”, a lancé Me Marie-Alix. Canu-Bernard, estimant que le Conseil d’État était la seule « autorité légitime » en la matière.
Le tribunal a également rejeté cette demande.
Paris, 13 novembre 2024 (AFP) – Par Eleonore Dermy
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