Le dernier rapport sur la pauvreté en France du Secours Catholique a été rendu public ce jeudi 14 novembre et dresse un constat «alarmant» : 6 400 ménages ont été accompagnés au cours de l’année écoulée, dont 54% des personnes accompagnées sont des femmes isolées, mères célibataires ou simplement célibataires. Par ailleurs, 44 % des personnes accueillies sont sans ressources et le niveau de vie médian baisse : 517 euros par mois en Isère, contre 537 l’année précédente. Enfin, 90 % des bénéficiaires ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. (moins de 1275 euros) et 67% d’entre eux sont même en situation d’extrême pauvreté (moins de 850 euros).
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La protection sociale, au cœur du problème
Le Secours Catholique explique ces chiffres par un non-recours massif aux prestations sociales, dû principalement à la méconnaissance des prestataires de ces aides, ainsi qu’à la difficulté de les obtenir. Brigitte Gauthier, présidente du Secours Catholique de l’Isère. “L’augmentation de la pauvreté est en grande partie due au non-recours aux prestations sociales, dont le RSA» explique-t-elle.
Brigitte Gauthier ajoute que cet avantage social en particulier est très souvent stigmatisé. De plus, du fait de la dématérialisation des démarches, peu de personnes ont le réflexe de le demander. “Aujourd’hui, presque toutes les démarches administratives se font via internet et ce n’est pas si simple. Ajoutez à cela le fait que les candidats sont dans une situation très précaire, tout cela est accentué» conclut-elle.
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C’est pourquoi un Assistance informatique est mis en place. “Nous leur montrons comment faire des demandes, déposer un dossier administratif» raconte Sonia, bénévole. “Certaines personnes n’ont pas d’ordinateur ni de smartphone et en plus, elles ne savent pas comment s’y prendre, alors on les aide» ajoute-t-elle.
Des bénéficiaires très souvent débordés
En Isère, Secours Catholique a la particularité d’accueillir une majorité d’allocataires en attente de papiers d’identité, parfois mineurs. Ce qui veut dire que pour le moment, ils ne peuvent pas travailler. Par conséquent, soutenir ces personnes précaires peut s’avérer très difficile. “J’ai 25 ans et j’habite chez une connaissance à Grenoble. Je n’ai pas de papiers, donc je ne peux pas travailler. Le Secours Catholique me fournit une aide administrative» dit Marie. Elle est arrivée en France en 2023, et est originaire de la République Démocratique du Congo. « Des photocopies, ou des démarches sur internet, c’est tout ce que je peux espérer pour le moment » continue-t-elle.
“J’étais seul, sans personne”
De son côté, Baptiste, un Guinéen de 16 ans, a dormi plusieurs mois dehors sous une tente à Grenoble avant d’être accompagné par le Secours Catholique. “J’étais seul, sans personne, sans revenus. Comme je n’avais pas encore de papiers d’identité et que je suis très jeune, il m’était impossible de subvenir à mes besoins. Aujourd’hui, l’association m’a orienté vers un accueil de nuit où je peux dormir et le jour, je vais à l’école» explique-t-il.
Son parcours très précaire a nécessité le Secours Catholique une véritable mobilisation. “Il n’a pas été reconnu mineur, son parcours est donc très compliqué” explains Marie-Noëlle, volunteer. “Aujourd’hui, nous l’accompagnons au niveau administratif, nous l’orientons vers toutes les associations qui distribuent de la nourriture. La nuit, Baptiste est hébergé dans une paroisse catholique, qui accueille également six jeunes» conclut-elle.
Dans son rapport, le Secours Catholique demande au gouvernement de garantir un accès physique au sein des administrationsmais aussi de simplifier les procédures et de les adapter aux situations individuelles. Enfin, l’association demande avant tout garantie d’un revenu minimum décent.