Manche. Entre épargne et écologie, l’agriculteur Emmanuel Auguste pratique le pâturage dynamique

Manche. Entre épargne et écologie, l’agriculteur Emmanuel Auguste pratique le pâturage dynamique
Manche. Entre épargne et écologie, l’agriculteur Emmanuel Auguste pratique le pâturage dynamique

Par

Sébastien Lucot

Publié le

13 juin 2024 à 15h46

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“Aujourd’hui le vaches sont nourris comme des porcs, très souvent dans des bâtiments, alors qu’ils sont des ruminants. »

Depuis 24 ans, Emmanuel Auguste travaille seul dans son exploitation laitière située à Trelly, dans le Centre-Manche, et prône pâturage de son bétail race normande.

Le maïs, « un désastre écologique »

Si à l’échelle nationale, le maïs reste le principal culture irrigué dans France et représente à lui seul près de la moitié des superficies irriguées, ce modèle agricole montre aujourd’hui ses limites.

Copieusement subventionné par la France – l’aide étant depuis des années 1990 bien plus important pour un hectare de maïs que pour un hectare d’herbe : faut-il repenser cette politique agricole, à l’heure du changement climatique ?

« Nous avons besoin de maïs. Mais quand je vois autour de moi certains agriculteurs qui agrandissent, presque le double, leur superficie de culture de cette culture… » exprime Emmanuel Auguste, l’un des douze membres du Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) Lait biologique à faible teneur en carbone originaire de la Manche Sud, récompensé au Salon de l’Agriculture 2024 dans le cadre des trophées de l’agroécologie.

À l’heure où des sécheresses plus longues et plus intenses menacent l’Europe, le maïs, consommateur d’eau, ne présente pas que des avantages, notamment d’un point de vue environnemental. « Il faut savoir qu’un hectare de prairie stocke 500 kg de carbone par an. Un hectare de maïs, avec tous les passages de matériels nécessaires pour le travailler et nourrir les animaux, libère 500 kg de carbone», assureAgriculteur biologique de 54 ans.

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45 parcelles de prairie

Le maïs seul ne suffit pas à nourrir le bétail. Un supplément doit être ajouté, sojaprincipalement importé deAmérique du Sud. « L’ensemble du cycle du maïs est un désastre écologique , surtout quand on fait pareil en France. »

LE le prix de la nourriture L’exploitation est également divisée par quatre selon Emmanuel Auguste, qui a fait les comptes : « Pour une tonne de matière sèche dans une exploitation conventionnelle, le coût de production est de 80 euros. Avec juste du pâturage, c’est 20 euros”, explique celui qui, aujourd’hui, parvient à en avoir deux SMIC et part vacances été.

S’il produit 320 000 litres de laitpar an avec son cheptel d’un cent vachesdont une trentaine de génisses et quelques veaux, cet homme amoureux du métier veille à ce qu’avec une bonne gestion de l’élevage pâturage dynamiqueles bovins ne peuvent être nourris qu’avec l’herbe qu’ils broutent dans les champs « de mi-novembre à mi-février ».

Derrière la ferme d’Emmanuel Auguste, des prairies à perte de vue. A partir de ses champs vierges, il a réussi à créer 45 parcelles. Compte 1,2 sont par animal et par jouril change chaque jour son troupeau d’enclos avec l’aide de Tania, une Border Collie.

Il a planté 31 km de haies

En mai, lorsque la croissance est la plus grande, l’herbe dans ses parcelles, d’une hauteur de 15 à 20 centimètres , atteint une valeur nutritionnelle optimale. « Il lui faut une vingtaine de jours pour y arriver. »

C’est à cette période de l’année qu’Emmanuel sort le plus souvent son tracteur – qu’il utilise très peu – pour faucher et stocker le fourrage pour l’hiver ou l’été, en période de sécheresse. « Comme les vaches se retournent en 45 jours sur mes 45 enclos, la croissance va plus vite que leurs besoins nutritionnels. Pour que je puisse m’approvisionner. »

Pour délimiter ce quadrillage de ses prés, 31 kilomètres de haiesont été plantés par l’agriculteur de la Manche. « C’est 2 500 euros chaque année pour les entretenir. Un coût, c’est vrai. Mais ça retient l’eau et coupe le vent», assure celui qui met en avant la non-utilisation de pesticides. Un comble pour le quinquagénaire qui a débuté sa vie professionnelle comme commercial, pendant une dizaine d’années, pesticides. « Le pire, c’est qu’aujourd’hui, beaucoup n’ont jamais été vendus. »

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