Dimanche soir, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et donc la tenue de nouvelles élections législatives dans moins d’un mois. Un défi organisationnel pour les communes qui n’avaient pas du tout prévu cette élection dans leur planification.
Trois semaines. C’est la période entre l’annonce surprise d’Emmanuel Macron et le premier tour de ces élections législatives anticipées. Les 30 juin et 7 juillet, soit à peine un mois après le vote européen, les Français devront à nouveau passer par l’isoloir. Face au score très élevé du Rassemblement National, largement en avance sur le parti présidentiel, le Président de la République a décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale. Dans chaque circonscription, un député doit être réélu. Depuis lundi, les discussions, pourparlers et négociations vont bon train pour désigner les candidats.
Dans les fêtes, ce n’est pas simple. Ni dans les communes. Il y a toute une logistique à orchestrer en quelques semaines. Les agents devront travailler. “ Cette histoire coûtera encore 50 000 € à notre ville ! Au-delà des bénévoles dans les bureaux de vote, il y a les agents de la mairie qui veillent au bon déroulement du vote. », a lancé ce lundi le maire Eddy Valadier, dans le Club Objectif Gard. Alors que la Foire des Maires du Gard s’ouvre demain à Nîmes, l’association organisatrice a dû reporter la signature d’une convention de sensibilisation des étudiants aux collectivités, en raison du délai de réserve avec le directeur académique.
A Uzès, la salle est occupée par l’exposition événement sur Bugatti
La tenue de ces élections se heurte également aux festivités et événements sportifs déjà prévus. A Uzès, les cinq bureaux de vote seront déplacés car la salle de l’Évêché sera occupée par l’exposition phare de la saison avec les voitures classiques Bugatti. La commune a fait une demande auprès de la préfecture pour transférer les bureaux à l’Ombrière. A Saint-Geniès-de-Comolas également, le premier magistrat Olivier Jouve a demandé à la préfecture de déplacer les isoloirs dans la salle communale : «Le problème c’est que notre salle polyvalente où se déroulent les votes est réservée à un mariage avec des enfants du village. Je ne me vois pas annuler cet événement en préparation de longue date, où sont attendues 120 à 150 personnes. Les élections sont une affaire sérieuse, mais chacun doit trouver ce qu’il cherche. Je pense que le préfet confirmera notre demande. Les deux salles sont à 500m l’une de l’autre. Nous communiquerons beaucoup. A part quelqu’un qui n’est pas au courant et qui arrive à 17h55, tout le monde aura le temps de voter», précise l’édile.
L’autre difficulté est de trouver suffisamment de personnes pour occuper les bureaux de vote. ” Certains agents ne sont pas là, les élus avaient vérifié cette date qui était censée être libre pour aller voir leur famille. Ils ont déjà acheté leur billet de train », nous dit-on au cabinet du maire d’Uzès. À Saint-Geniès-de-Comolas, plusieurs élus ont dû annuler leur congé pour «être de service« . Dans le petit village de Montclus, le maire Benoit Trichot craint de devoir appeler les habitants à tenir les bureaux de vote faute de conseillers municipaux. A Bagnols-sur-Cèze aussi, la question des congés se pose au début de la période estivale. Il faut au moins 60 agents dans la 3ème ville du Gard pour superviser le vote. Pour le 30 juin, je ne suis pas inquiet. Ce sera peut-être plus compliqué le 7 juillet. Mais nous y arriverons. La démocratie est trop importante », assure Jérôme Talon, directeur général des services à la mairie de Bagnols-sur-Cèze.
«Nous allons embaucher deux intérimaires supplémentaires»
Certains événements associatifs ont dû être déplacés car les salles Saint-Exupéry et Mermoz ainsi que la salle multiculturelle seront indisponibles en période électorale. Les bureaux y seront installés à partir du 26 juin et ne seront retirés qu’à l’issue du second tour. Ils ont en revanche décidé avec le maire, Jean-Yves Chapelet, de maintenir les festivités en plein air du 7 juillet, à savoir la fête bagnolaise avec ses manifestations taurines. ” Nous allons embaucher deux intérimaires supplémentaires pour fin juin et juillet pour renforcer les équipes des festivités. Nos équipes ne peuvent pas tout gérer », rapporte Jérôme Talon.
Plusieurs festivals démarrent également au début de l’été. C’est le cas de celle de Saze qui se déroule du 28 juin au 1er juillet dans la cour du château. Il a été décidé de reporter la représentation du dimanche 30 juin au soir, ainsi que la buvette, au lendemain. C’est une tâche de communication publique qui attend les organisateurs qui venaient de recevoir les programmes imprimés. Trop tard pour modifier… Quant au collectif Mozaik’arts de Saint-Victor-la-Coste, il est contraint de reporter son concours de peinture en plein air du 7 juillet à septembre, faute de place pour exposer les tableaux.
Enfin à Nîmes, la mairie a prévenu qu’aucune manifestation festive ne pourra être organisée du 29 juin au 7 juillet, laissant dans le pétrin les enfants de l’école primaire Hector Berlioz. ” Nous comprenons bien sûr les obligations et les difficultés de la mairie à organiser des élections au pied levé, mais j’avoue que nous sommes assez déçus et tristes pour les enfants… », raconte-t-on sur le terrain. A la place, une après-midi ludique sera organisée avec les enfants de manière festive, mais sans les parents…
