Dans le Tarn, la Dordogne et les Côtes-d’Armor, le RN a obtenu un score égal à la moyenne nationale aux élections européennes. Ces circonscriptions plutôt rurales avaient pourtant élu des députés LFI lors des élections législatives de 2022. Des chiffres surprenants, conséquences de la crise agricole ?
Après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, la bataille est lancée pour les élections législatives. Certains députés sortants s’empressent de présenter à nouveau leur candidature. C’est le cas d’une partie des députés LFI. Sur les 75 élus, plusieurs ont déjà débuté leur campagne. Certains sont inquiets : le Rassemblement national est arrivé premier dans leur circonscription lors des élections européennes du 9 juin. Un basculement qui pourrait leur faire perdre leur siège ?
Dans les Côtes-d’Armor, une montée en puissance du RN liée à l’installation d’un centre d’accueil ?
En Bretagne c’est une vague bleu marine qui surprend, pour une région où l’extrême droite est traditionnellement faible. A Callac, dans les Côtes-d’Armor, le RN arrive en tête avec 32 % des voix – en 2019, le parti d’extrême droite avait récolté 10 points de moins. Les chiffres, proches de la moyenne nationale, ne rassurent pas la députée sortante, Murielle Lepvraud, députée LFI.
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Dans la cité costarmoricaine, plusieurs facteurs pourraient expliquer la montée en puissance du RN. En 2022 un projet d’accueil des migrants a été discuté au sein de la commune. Mais après de nombreuses difficultés – tags offensants, menaces de mort et manifestations soutenues par l’extrême droite – le projet fut finalement abandonné, laissant une ville fracturée.
Si Murielle Lepvraud assure repartir au combat, certains s’interrogent sur ses chances de succès dans la circonscription. Lors des manifestations agricoles du début de l’année, des tensions sont apparues entre le député de Guingamp et les agriculteurs locaux. Le premier défend l’agriculture biologique, par la vente directe, avec une réduction du cheptel, alors que le modèle conventionnel est majoritaire parmi les agriculteurs qui ont manifesté. « Vous ne pouvez pas vous présenter en disant que vous voulez la fin du modèle agro-industriel, alors que vos électeurs en dépendent » » a répondu un éleveur de Ouest-France. Une opposition qui pourrait une nouvelle fois donner l’avantage au RN ? En fait, ces derniers mois, le parti s’est présenté comme le porte-parole des revendications des agriculteurs.
Les agriculteurs voteraient-ils pour le RN ?
L’enquête Ipsos
publié ce dimanche, montre en effet la progression du vote RN en milieu rural. Dans le Tarn, le RN arrive en tête avec 33 % des voix, améliorant ainsi son score de 8 points par rapport à 2019. Le parti a réussi à s’imposer – y compris à Albi, qui n’était pas encore passée sous les couleurs bleu marine. Un territoire qui avait élu une députée LFI, Karen Erodi, en 2022.
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Dans ce département, les manifestations agricoles du début de l’année ont été particulièrement intenses. Dans la nuit du 21 au 22 mars, les bureaux des députés ont été vandalisés. Jean Terlier (Renaissance), Frédéric Carbolier (RN) et Karen Elodi (LFI) ont découvert leurs bureaux couverts d’étiquettes et de pancartes les incitant à soutenir les agriculteurs. Sur le bureau du député LFI était inscrit « Député fantôme » ou encore « Métier fictif » ; des déchets verts avaient également été déposés devant la porte. Là encore, le désaccord entre le député et les syndicats majoritaires concernait le modèle agricole à mettre en place, et semble avoir conduit les agriculteurs à choisir le camp du RN.
Un constat « très inquiétant » pour Christophe Bex
Dans la 7e circonscription de Haute-Garonne, 55 communes ont placé le parti de Jordan Bardella en tête des élections européennes. Une défaite pour le député LFI sortant Christophe Bex. « C’est catastrophique. Quand on prend deux villes comme Frouzins et Muret historiquement ancrées à gauche, le Rassemblement national avance aussi. C’est très inquiétant », il s’est confié à La Dépêche
le lendemain des élections. Dans ces villes, la liste RN a réalisé un score équivalent à sa moyenne nationale, 32% pour Muret et 33% pour Frouzins, en nette progression par rapport aux dernières élections européennes de 2019.
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Selon l’enquête Ipsos, « 8 % des électeurs qui avaient choisi Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle de 2022 et qui se sont rendus cette fois aux élections européennes ont choisi de voter RN ».
