C’était son rêve depuis dix ans. Comme 39 autres marins, Guirec Soudée a pris le départ du Vendée Globe 2024, ce dimanche 10 novembre aux Sables-d’Olonne. Sur son bateau Freelance.com, lors de ce tour du monde en solitaire et sans assistance, le skipper breton devra se passer d’un équipier, mais aussi sans une fidèle compagne de ses précédents voyages : Monique, sa poule roux.
Un animal que son entourage n’aurait pas forcément choisi, avant qu’il ne parte à l’assaut des mers et des océans. « A 21 ans, Guirec décide d’acheter un voilier et de faire le tour du monde pendant cinq ans, contextualise Manon, son assistante logistique. Departing from Tréguier (Côtes-d’Armor)il voulait déjà manger un poulet, mais tout le monde lui disait “non, ce n’est pas une très bonne idée”. Une poule sur l’eau, elle ne pondra pas, elle ne s’acclimatera pas du tout. Finalement, à son arrivée aux îles Canaries, des amis lui ont offert un poulet. Et je pense queil est tombé sur LE poulet au pied marin ! »
“Monique lui a sauvé la vie”
Avait-il imaginé vivre avec un autre animal sur son bateau ? Pas vraiment, selon Manon. “Un chien aurait pris beaucoup plus de placeles croquettes auraient été beaucoup plus lourdes, et il voulait un animal un peu atypique, qui pourrait aussi lui donner à manger. Monique ne prenait pas beaucoup de place, tout comme ses 12 kilos de graines.
L’aventure a donc duré cinq ans, avec plusieurs escales, et aussi quelques frayeurs, comme ce passage de 130 jours dans les glaces du Groenland. “Pendant la nuit polaire, il lui avait créé un plafonnier et il continuait à simuler le jour et la nuit pour Monique, elle continuait donc à pondre des œufs. Il n’avait pas du tout mangé à sa faim pendant son hivernage : finalement, il a fini par manger les œufs Monique, qui lui a sauvé la vie parce qu’il n’est pas mort de faim.»
Une belle histoire qui a séduit plusieurs visiteurs rencontrés au village du Vendée Globe. Comme Grégory, professeur des écoles et marin amateur, qui en a déjà fait son petit favori. « J’ai adoré son livre avec Monique, son poulet. C’est magnifique, ça ne parle pas vraiment de technique, tout le monde peut le lire. C’est plus porté sur la relation avec sa poule, qui est vraiment une amie pour lui depuis, c’est vrai que c’est un navigateur que je suis beaucoup. Je suis content qu’il parte, je pense qu’il va faire un bon Vendée Globe.
« Un podium, basé sur un malentendu… »
Beaucoup d’émotions aussi le jour J pour l’équipe de Manon et Guirec Soudée, qui préparaient la course depuis quatre ans. « Je ne vous le cacherai pas au début, les larmes ont coulé… C’est une grande réussite pour tout le monde. Guirec avait hâte de partir. Sans poulet cette fois (rires)puisque c’est interdit. Il avait déjà passé le cap Horn en se disant à ce moment-là : « Je reviendrai avec un bateau plus gros, plus puissant »… et c’est ce qu’il va faire, donc c’est génial !
Pour sa première participation, le navigateur espère «vraiment finir la coursece qui serait déjà incroyable, croit Manon. Après, sur la base d’un malentendu comme il dit habituellement, pourquoi pas un podium… » Au moment de publier cet article, Guirec Soudée occupe la 32ème place.