Le président de la région Île-de-France a annoncé mardi 12 novembre que toutes les subventions qu’elle verse et qui ne relèvent pas du ressort de la région devront être financées à 100 % par l’État en 2025.
Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, a donné ce mardi 12 novembre une conférence sur le budget 2025 de la région, où elle a dénoncé une « réduction arbitraire » après les mesures décidées par le gouvernement pour réduire le déficit de la France. Elle a également détaillé les coupes budgétaires prévues en Île-de-France.
Le budget 2025 sera donc un budget « d’austérité » contraint et « involontairement » pour la région Île-de-France. Les recettes de la région Île-de-France baisseront de 321 millions d’euros entre 2024 et 2025. En effet, le gouvernement Barnier a annoncé que l’État allait geler certaines dépenses, ce qui aura des conséquences en Île-de-France.
Réaction immédiate de Valérie Pécresse : toutes les subventions qu’elle verse et qui ne relèvent pas de la compétence de la région doivent être financées à 100 % par l’État.
« C’est une décision que je prends sous contrainte. Ce n’est pas une décision que j’aurais prise en temps normal. C’est une décision que je suis obligée de prendre, je dois faire des choix et ces choix, je les assume”, indique Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France lors d’une conférence de presse.
“Nous n’avons plus d’argent”
Cela concerne par exemple les grands projets d’énergies renouvelables, qui sont généralement cofinancés avec la Banque des Territoires et l’ADEME. La région ne paiera donc plus un centime pour le développement des réseaux de chaleur en Île-de-France, comme l’installation de pompes à chaleur ou encore de panneaux solaires, ce qui met à mal la stratégie régionale souhaitée par Valérie Pécresse, qui devait atteindre 40 %. énergies renouvelables d’ici 2030.
Fini non plus le versement des aides au logement, qui seront prises en charge à 100 % par l’État. Et Valérie Pécresse explique cela parce qu’elle est venue soutenir l’État, n’ayant en réalité aucune compétence en matière de politique du logement. Fini les aides régionales à la création de logements sociaux, ni même les aides allouées aux jeunes étudiants et apprentis actifs. Sur ce point, la région avait par exemple investi 105 millions d’euros depuis 2016.
Dernier aspect concerné : la formation professionnelle. La région suspendra toute nouvelle commande dans ce domaine. « L’État nous demande d’augmenter nos commandes de formation en 2025, ce que nous ne pouvons absolument pas faire. (…) On ne peut pas faire plus, parce qu’on n’a plus d’argent», assure Valérie Pécresse.
Pas de coupes budgétaires pour les transports
“L’Etat nous prend nos recettes, donc nous disons à l’Etat de le faire seul en 2025. Cela veut dire une année blanche en 2025. Zéro euro engagé en 2025 sur tous les projets du contrat de plan Etat-Région à l’exception des projets de transport”, justifie le président régional.
« Nous sommes obligés de les reporter sine die pour éviter l’envolée de la dette francilienne, et pour que le poids de la dette ne réduise pas nos marges de manœuvre. Et pour ne pas augmenter les impôts des Franciliens dans une année où ils seront fortement impliqués », précise-t-elle.
Enfin, le seul secteur qui sera exempté de ces coupes budgétaires concerne les transports, étant donné que les départements participent à leur financement. Le président ne veut pas ajouter de dépenses aux départements qui sont également touchés par le gel budgétaire.
« Ils sont demandés et cofinancés avec les départements. Je m’engage, nous maintiendrons et tiendrons nos engagements sur le contrat de plan de transports Etat-région. Mais pour le reste, année blanche, rien ne sera dépensé cette année”, explique Valérie Pécresse.
Une « Valérie Thatcher » pour l’opposition
Et de préciser que « si des recettes supplémentaires étaient votées » par le Parlement, « nos investissements redémarreraient naturellement ». Cela se ferait ensuite via un budget rectificatif début 2025.
De son côté, Céline Malisé, la présidente du groupe communiste de la région, s’alarme de ces décisions de l’exécutif régional. « Interrompre les plans des contrats Etat-Région, c’est interrompre quantité de projets utiles », souligne-t-elle.
« Cela crée des investissements, cela crée des emplois et cela met ce type d’investissement entre parenthèses. Cela va à l’encontre d’une bonne gestion économique”, poursuit-elle, encourageant Valérie Pécresse à prendre la “tête de la mobilisation pour demander au gouvernement des moyens pour les collectivités”.
« C’est une bonne élève de la droite libérale. Elle coupe, elle coupe. Et en même temps, elle met entre parenthèses les investissements. C’est quelque chose d’explosif dans la première région économique de France », poursuit Céline Malisé, estimant que Valérie Pécresse est « en phase avec le rythme » du gouvernement. “En fait, Valérie Pécresse se prend vraiment pour Valérie Thatcher.”
« Ce sont des projets structurants pour la région », ajoute Christophe Prudhomme, conseiller régional du groupe LFIa.
Et de conclure : la région compte deux secteurs où elle intervient réellement : les transports et les lycées. Transports, on a un vrai retard et il faut mettre le turbo. Et on le voit dans l’éducation, il y a aussi un besoin d’investissements massifs, notamment dans les zones les plus défavorisées d’Île-de-France.»
Garance Amespil et Nicolas Dumas