« J’ai rencontré Diomaye en prison… Les Sénégalais ne sont pas aidés aux Etats

« J’ai rencontré Diomaye en prison… Les Sénégalais ne sont pas aidés aux Etats
« J’ai rencontré Diomaye en prison… Les Sénégalais ne sont pas aidés aux Etats

Merci de vous présenter?

Je m’appelle Cheikh Diallo. Je suis de nationalité sénégalaise et actuellement je vis aux USA depuis une vingtaine d’années. Je travaille pour le service postal des États-Unis (USPS). Je suis titulaire d’un Master 2 en gestion des ressources humaines. Comme tout au début, mon intégration n’a pas été facile, mais grâce à Dieu, avec l’aide de quelques Sénégalais que je connaissais, je me suis bien adapté. Je suis dans la ville de Kansas City, dans l’État du Missouri (dernier État à avoir aboli l’esclavage).

Vous vivez aux États-Unis depuis plus de 20 ans. Comment se porte la diaspora sénégalaise ?

C’est difficile pour les personnes qui sont en situation irrégulière. Pour obtenir un passeport, il faut se rendre à New York ou à Washington. C’est vraiment déplorable. Certaines personnes se plaignent que les agents soient absents et/ou ne respectent pas les horaires de travail. Parfois il faut passer la nuit (en venant d’un autre état, il faut trouver un hôtel et changer son billet retour). Mais comme dans toutes les administrations sénégalaises, il règne une anarchie notoire, du « je m’en fous ». Le régime actuel sait mieux que quiconque ce qui se passe dans les ambassades et les consulats. Ceux qui utilisent leur passeport américain pour leurs voyages ne les contactent presque jamais. Ils sont mieux lotis contrairement aux autres qui utilisent le passeport sénégalais. Ils sont en ruines. Les Sénégalais d’Amérique sont fatigués et ont besoin de beaucoup de considération et d’aide de la part des autorités. Ici, la communauté sénégalaise est très peu représentative. La vente et la réparation de voitures sont appréciées des Sénégalais.

L’arrivée de ceux qui sont passés par le Nicaragua ne facilite pas les choses. Les élections de novembre prochain seront décisives et pourraient rendre la situation des étrangers plus difficile en cas de victoire de Trump (les sondages lui donnent 10 points d’avance sur Biden).

Comment vivez-vous l’arrivée de la vague nicaraguayenne ?

Personnellement, cela ne m’a pas affecté puisqu’on ne me l’a pas demandé. Mais je connais des gens, notamment à New York, qui déplorent la situation désastreuse à laquelle sont confrontés les Sénégalais. Beaucoup d’entre eux n’ont pas de domicile fixe et il est vraiment dommage que certains d’entre eux passent la nuit sous les ponts. C’est vraiment déplorable !

Dites-nous depuis quand et comment adhérez-vous aux idéaux de Pastef ?

D’ailleurs, je ne suis pas membre de Pastef, mais je partage beaucoup de points avec eux. Je peux citer, entre autres, la souveraineté nationale, le partage égalitaire de nos ressources et l’unité nationale.

Comment avez-vous vécu les événements politiques en tant que sympathisant du PASTEF ?

Cela va surprendre beaucoup de monde, étant donné que j’ai des parents très très proches du régime de Macky Sall. Sans entrer dans les détails, j’ai des proches qui dirigeaient l’appareil d’État. Mais j’ai ignoré tout cela pour mes convictions personnelles que je partage avec Pastef. J’ai perdu beaucoup d’amis et j’étais sur le point de perdre mon emploi car je me rendais à New York et Paris pour participer aux manifestations contre le régime de Macky Sall depuis que les manifestations étaient interdites au Sénégal.

N’avez-vous pas vécu des moments difficiles en famille à cause de votre engagement contre le régime de Macky Sall ?

Bien sûr que oui, mais j’ai la chance d’avoir une famille où chacun respecte les choix de chacun. Mais parfois vous avez le sentiment que vos positions ne sont pas respectées et partagées, surtout lorsque les membres de votre famille étaient très proches du Président.

Racontez-nous comment avez-vous rencontré le président Diomaye en prison ?

Difficile à croire. Mais si je vous dis qu’après l’arrestation de Diomaye devant les services des impôts et des successions, j’ai eu du mal à accepter cette injustice. 45 jours après son arrestation, j’ai décidé d’aller au Sénégal lui rendre visite en prison sans le connaître. C’était risqué car à cette époque, si les autorités savent que vous êtes en contact ou soupçonnent que vous êtes un élément de Pastef, la prison était votre prochain foyer. Mais je ne pouvais pas accepter une telle injustice, alors me voilà au Sénégal, à Map Manuel devant Diomaye.

Comment avez-vous convaincu Diomaye dès le premier contact d’accepter de vous parler ?

Dans la vie, j’ai toujours cru que lorsque l’on dit la vérité, tôt ou tard, on en sortira victorieux. Comme il venait d’être arrêté et incarcéré (environ 45 jours de prison), il était normal qu’il se montre prudent. Mais après 5 minutes de conversation, j’ai remarqué qu’il commençait à se sentir à l’aise. Je lui ai aussi fait savoir que j’habite dans la même ville que la députée de Pastef de la diaspora (Aïcha Touré). En partant, il m’a remercié pour mon geste. Et après, nous avons établi une très bonne relation et à chaque fois que je lui rendais visite le matin, il m’appelait au téléphone le soir pour reparler. Un homme simple et très courtois.

Racontez-nous quelques anecdotes avec le président Diomaye pendant le peu de temps où vous vous connaissiez ?

Il ne voulait pas me rencontrer car nous ne nous connaissions pas. Mais après 5 minutes de conversation, il se sentit à l’aise. J’ai rencontré un homme courtois et respectueux et surtout très religieux. Chaque fois que nous nous rencontrions, il me disait de ne pas trop m’inquiéter de son incarcération car eux (les membres du parti) pourraient finir en prison ou même perdre la vie. Je le dis et je le répète, il a toujours été respectueux et courtois envers moi. Finalement, je me suis dit que Dieu m’avait béni en rencontrant Diomaye et je prie pour que Dieu lui facilite cette énorme tâche.

Etes-vous rassuré par la direction de Diomaye après deux mois au pouvoir ?

Je pense qu’il est très tôt pour juger le nouveau gouvernement. Nous, Africains en général et Sénégalais en particulier, sommes trop pressés. Cela prendra du temps mais espérons qu’ils changeront positivement la vie de ces Sénégalais…

 
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