quelques heures avec Hamid Kaetb, l’une des dernières affiches du secteur

quelques heures avec Hamid Kaetb, l’une des dernières affiches du secteur
quelques heures avec Hamid Kaetb, l’une des dernières affiches du secteur

Quelques gouttes, puis le déluge s’abat sur le parking d’un centre commercial marmandais. Pas de quoi effrayer l’une des dernières affiches du Lot-et-Garonne. Amateur de blagues en tout genre, il ouvre le coffre, sort son seau et en avant ! «J’affiche… tout ce qu’il faut!» « . Sa casquette vissée sur la tête pour cacher son visage, Hamid Kateb rit encore en paraphrasant le président de la République. A 59 ans, ce « décorateur de mobilier urbain », comme il aime se définir avec humour, qui a fait ses débuts en 1996, n’est pas près de raccrocher ses gants et son balai. Ni son compteur kilométrique. Avec sa Peugeot grise – son bureau – il sillonne le Lot-et-Garonne mais aussi Cahors, La Réole, Auch, Bergerac, six jours sur sept, seul. Ce qui n’est pas pour lui déplaire, bien au contraire.

Garorock, Pause Guitare…

Micro-entrepreneur, il expose pour plusieurs associations ou grands événements musicaux. Au programme de cette journée fin mai, il distille les programmes grand format de Musicalarue, Garorock, Pause Guitare (Albi), Socquette Léger ou encore les concerts de Staccato ou Florida.

« À l’époque, il y avait des cirques et des discothèques qui faisaient ça aussi : une affiche restait rarement plus de quatre jours »

L’ouvrier est l’un des derniers « dinosaures » à y rester. « Les trois quarts des gars que j’ai rencontrés ont disparu. Au début, c’était dur car il y avait plus de compétition et de démonstrations sauvages. Et puis il y a eu le Minitel, le fameux 3615… À l’époque, il y avait des cirques et des discothèques qui faisaient ça aussi : une affiche restait rarement plus de quatre jours », se souvient-il.


“Nous ne sommes pas là pour détruire ce qui a été placé”, explique Hamid

Carine CAUSSIEU

Aujourd’hui, beaucoup ont transféré leur communication vers les réseaux sociaux. « Mais il y avait aussi beaucoup plus de petites associations culturelles, donc c’était vivant », nuance Hamid. Cela lui permet aussi de rencontrer de grands noms comme le plasticien Jacques Villeglé qui a travaillé dans un atelier à Calignac de 1997 à 2012. « On retrouve une de mes affiches dans une de ses juxtapositions », clame-t-il.

Il récupère souvent ses lots en Floride, où il a déjà assuré la sécurité. Au fur et à mesure de la tournée, les bras se fatiguent. « Physiquement, c’est l’enfer ! Mais si on travaille en se plaignant, ce n’est pas la peine», affirme l’intéressé entre deux poses sur des panneaux ou des transformateurs. Il fut l’un des premiers à investir dans les transformateurs. C’est donc l’âme désemparée qu’il découvre que ses affiches ont été masquées, notamment pour les candidats européens, de la rue Hélène-Boucher à Lolya.

« L’important c’est d’avoir une bonne colle. Vous pouvez le manger, cela ne vous fera rien ! »

Mais pour une petite loterie qui se déroule entre deux concerts, il est prêt à faire un effort. « Nous ne sommes pas là pour détruire ce qui a été mis là », affirme Hamid, un beau joueur. Quoi qu’il en coûte, cela en vaut également la peine lorsque, tout à coup, une clôture verrouillée vient d’être installée autour d’un de ses transformateurs. » « On va essayer quand même ! » » En quelques coups de pinceau et une certaine habileté, il y est parvenu. Ce farceur sait que concrètement, « poster » sur ces spots est illégal mais personne ne l’en empêche.

« L’important c’est d’avoir une bonne colle. Vous pouvez le manger, cela ne vous fera rien ! », dit l’homme, amusé d’être suivi. Eh bien, nous allons sauter la dégustation. D’autant plus quand Hamid précise sa composition, qu’il fabrique lui-même : un liant alimentaire comme de la farine et un produit chimique acide… Aujourd’hui, en moyenne, il doit poser quotidiennement plus de 120 affiches pour avoir une activité rentable.

En a-t-il sur ses murs à la maison ? « À une époque oui, dans les toilettes, mais plus maintenant. Un maçon ne rapporte pas de béton à la maison», ironise le quinquagénaire qui préfère parler de ses filles que de lui. Toutes ont une fibre artistique ou militante : l’une fait partie de l’association féministe La Mèche, tandis que l’autre se consacre au collage ou au design de mode. Le temps d’une journée, soyez-les aussi, sur une affiche ? Le temps nous le dira.

 
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