l’essentiel
Malgré une programmation riche, le lieu de vie culturelle et salon de thé rencontre des difficultés. Le soutien du public est nécessaire pour maintenir son activité.
“C’est épuisant… Et déprimant…” Début juin, Myke Alias ne se cache pas derrière le masque de comédien au moment d’évoquer la situation du théâtre – salon de thé, qu’il a ouvert en novembre 2022 à Nérac. « Ce matin, je vais commencer à faire des pâtisseries mais… » Son chien, qui garde l’entrée, sait aussi bien que son maître que peu de monde viendra le déranger l’après-midi.
Après plus d’un an et demi d’exploitation, les premiers résultats ne sont pas réjouissants. Si la première année, le taux d’occupation des spectacles était satisfaisant (75 % des 50 places proposées), le contexte inflationniste a durement frappé les acteurs culturels. “C’est pareil partout.” Avec la baisse du pouvoir d’achat, les dépenses de loisirs et de culture sont les premières à souffrir. « Nous avons observé, en France, sur l’année écoulée, une baisse de 50 % des participations au chapeau », souligne Myke Alias. Et l’activité salon de thé, censée équilibrer les comptes, n’a jamais vraiment décollé.
Loin du centre ville, mais atypique
Alors aujourd’hui, le Néracais ne s’en cache pas, son projet est en danger. « Nous n’avons pas ou très peu de liquidités. » Soutenu par l’association Art en Art (88 membres), le Petit Théâtre de Nérac s’est implanté dans la zone industrielle de Labarre, faute d’espace adéquat ou de prix abordable en centre-ville. Fervent partisan du projet depuis son retour dans son pays natal, Myke Alias est metteur en scène salarié du théâtre Neracais. “Je travaille 90 heures par semaine, pour un salaire de 15”. Quand il pourra le verser.
Pourtant, avec les membres de son association, il a du mal. L’établissement est ouvert presque tous les jours entre salon de thé, cours de théâtre et spectacles. “Nous allons au marché, nous sommes actifs sur les réseaux sociaux.” La situation géographique du lieu est sans doute un frein à l’activité du salon de thé, qui propose pourtant des produits de qualité. Mais elle a aussi sa singularité qui lui donne tout son charme. « C’est un endroit surprenant. Au milieu d’entreprises de construction, vous franchissez une porte et vous vous retrouvez au milieu d’un théâtre. C’est aussi le seul bar de Nérac où vous pourrez avoir les pieds dans l’herbe avec notre espace extérieur. Côté programmation, nous proposons plein de choses : de la danse, de la musique, du théâtre mais aussi des soirées blind-test, karaoké, soirées privées. « Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui les revenus équilibrent à peine les coûts.
Verdict dans un an
Par essence associative, le Petit Théâtre de Nérac ne cherche pas à réaliser de profit. « Nous faisons tout cela pour Albret et ses habitants. » Au final, il ne manquerait pas grand-chose pour que le projet reprenne de l’ampleur. Encore quelques passages dans la journée.
Myke Alias garde donc espoir. Récemment, les élus néracais se sont rendus au théâtre. La voie verte passant derrière la haie qui borde le jardin, l’accessibilité sera faite pour offrir une nouvelle clientèle. Une signalétique sera également installée pour signaler la présence de ce lieu si particulier. « Et puis, mes parents et amis qui ont des entreprises m’ont dit que les deux premières années, c’est toujours compliqué. Il vaut mieux faire le point après le troisième.
L’été prochain, le réalisateur fera le point. Soit le public sera revenu et le théâtre pourra continuer. Soit vous devrez décider de déménager en ville, en espérant trouver un espace adapté à cette activité et financièrement abordable. Soit tout arrêter…
