C’était déjà un site archéologique insolite en soi. Mais avec la récente découverte de l’équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), sur place depuis janvier, cela devient exceptionnel. Excisum, le camp militaire du Ier siècle, mis au jour, rue Bourlange à Villeneuve-sur-Lot, avant le début des travaux…
C’était déjà un site archéologique insolite en soi. Mais avec la récente découverte de l’équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), sur place depuis janvier, cela devient exceptionnel. Excisum, le camp militaire du Ier siècle, mis au jour, rue Bourlange à Villeneuve-sur-Lot, avant la construction d’une maison, ne cesse de surprendre les spécialistes de la période gallo-romaine.
Si sa présence à Eysses reste inexpliquée, puisque bâtie sur un territoire qui n’était a priori pas menacé par les invasions dites « barbares », on trouve à l’intérieur de son enceinte des thermes en assez bon état. , ont été découverts : « Il est très rare de découvrir ce type de vestiges sur un site militaire. On ne s’y attendait pas, souligne Vanessa Elizagoyen, responsable scientifique du chantier de fouilles. Généralement, les thermes se trouvent à l’extérieur du camp. C’est une autre spécificité d’Eysses qui en fait d’autant plus un site exceptionnel. »
Des strates de charbon de bois attestent de la présence de la chaudière à bois et d’un bassin d’eau chaude.
PA
Depuis janvier dernier, les archéologues ont progressivement mis au jour les murs, l’emplacement de la chaudière, marqué par des couches de charbon de bois, le système d’évacuation des eaux usées et une piscine à gradin dont les parois sont recouvertes d’un enduit. lisse : « Ils sont situés sur la parcelle nord du camp, où l’on trouve généralement le logement de l’animateur et les ateliers de réparation », ajoute Vanessa Elizagoyen.
L’urgence des fouilles avant destruction
L’équipe de l’Inrap a également retrouvé des morceaux de verre, probablement des restes de vitres attestant de l’importance de l’éclairage naturel dans l’ancien bâtiment. Ils se sont ajoutés aux nombreux objets retrouvés ces derniers mois et soigneusement conservés dans des cartons. Des sesterces de différentes tailles, des vases, des pierres précieuses ou encore des morceaux de murs décorés seront ensuite acheminés vers les laboratoires de recherche de l’Inrap pour y être analysés. Des fragments de mosaïque ont également été mis au jour. Ils indiqueraient qu’il reste des décors de sol potentiellement enterrés : « Actuellement, nous sommes au niveau des murs et encore loin d’avoir atteint les étages du bâtiment. On ne sait toujours pas comment l’eau était transportée pour alimenter les bassins froids et chauds. »
Pour les archéologues, en ce mois de juin, l’horloge s’accélère. Il leur reste à peine un mois pour continuer à découvrir les trésors cachés d’Excisum. La durée des fouilles, décidée à l’avance par l’Inrap, était de six mois et aucune prolongation n’est prévue : « Nous devrions recevoir des renforts pour accélérer les fouilles », ajoute Vanessa Elizagoyen. Début juillet, les outils des archéologues laisseront la place aux engins de chantier pour la construction d’une maison et de sa piscine, un projet qui entraînera la destruction totale des vestiges vieux de 2 000 ans.
Les archéologues savent qu’ils n’en ont pas fini avec Excisum. Un autre terrain, voisin, également à vendre et à bâtir, a sans doute dans son sol la continuité des thermes récemment inaugurés… qui risquent eux aussi de disparaître sous un nouveau pavillon. A moins que le terrain ne soit acheté pour préserver sa richesse archéologique.
