“Il y a des années où on a envie de ne rien faire”la phrase est de l’auteur-musicien-poète Pierre Barouh. On le croise en entrant chez Philippe Rebbot, il l’a écrit à la craie sur un tableau. Philippe Rebbot a modelé sa vie sur les œuvres des autres. J’entends par là que des chansons, des livres, des photos ou des dessins lui ont permis d’improviser une façon de vivre.
Sa vie de famille a fait l’objet d’une fiction avec laquelle il a co-écrit Romane Bohringer. Ça s’appelle Amour flou.
Depuis dix jours, Philippe Rebbot est à l’affiche de Sur un filpremier film de Ordre de Kateb.
Pour le rendez-vous de ce matin, direction Montreuil, à l’est de Paris. La station de métro s’appelle Croix de Chaveau et je tiens un micro ouvert à l’entrée d’un immeuble non loin. Il y a des vinyles posés au sol avec Stevie Merveille en haut de la pile, son chien Peter, caché sous le canapé et un recueil de poèmes de Richard Brautigan, à côté de nos tasses de Ricoré.
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Conférence écouter 1h 17min
Bavard pour combler la panique du vide
Ce n’est pas compliqué de faire parler Philippe Rebbot, qui avoue : « Une fois que je démarre, je suis comme un diesel. Je suis timide, puis bavarde. Cela va de pair. J’ai peur du vide, du silence. C’est pourquoi je parle très vite, tout le temps, comme je le fais maintenant. C’est la panique. Devant une caméra, c’est presque plus facile que dans la vie, où j’ai un peu peur des gens. Quand on tourne, je m’en fiche, ce n’est pas moi. Eh bien, c’est moi, mais pas moi. »
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Conférence écouter 1h15min
Comédien par hasard
Philippe Rebbot a débuté dans le cinéma comme assistant réalisateur : « J’adorais ça, ranger les camions, rire avec les gens, faire des films, de la fiction… Je n’avais pas d’autre ambition. Son premier rôle était dans Ennui par Cédric Kahn. Il a remplacé pour trois lignes Charles Berling, une personne qui jouait le rôle d’un barman. Une expérience qui devait être la dernière : « Même si je connaissais l’équipe, j’avais tellement peur. Je me suis dit : je ne le ferai plus jamais. Acteur, c’est venu plus tard. Aujourd’hui, « être devant la caméra, c’est comme skier, je suis heureux quand j’enlève mes chaussures. Je dois en profiter, mais ce n’est pas évident. Je prends soin de moi, mais dans la vie, je fais tout à l’envers. »
Mélancolie depuis l’enfance
Les parents de Philippe Rebbot lui parlaient peu, mais le faisaient écouter Georges Moustaki, et Serge Reggiani qui l’a «constitué » dit-il. Conséquence: « Je suis devenue mélancolique à cinq ans, alors que je ne connaissais même pas la vie. » Reggiani a également déclaré que son ambition en tant qu’acteur n’était plus d’être acteur, mais de le devenir. Pour Philippe Rebbot c’est une obligation : « Je n’ai pas le choix. Je n’ai aucune technique. Alors quand j’incarne un personnage, j’essaie d’être ce personnage. J’essaie de le comprendre et quand c’est bien fait, j’y arrive et je vois même pourquoi quelqu’un est venu me chercher. Je me dis : « Je connais ce type » presque en spectateur. J’aime les acteurs qui donnent l’impression que ce qu’ils jouent, ils l’ont vécu, ils le vivent, ils le ressentent. »
Le reste est à écouter…
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Conférence écouter 1h 16min
Programmation musicale
- Jack Blanc – Quel est le brouhaha
- Zaho de Sagazan – O à travers