Une cinquantaine d’agriculteurs et une dizaine de tracteurs, ces derniers venus en convoi du Laragnais, étaient garés devant la préfecture des Hautes-Alpes, à Gap, ce jeudi 7 novembre, avec l’intention de plaider la cause de l’arboriculture. C’était aussi un coup de semonce envers les pouvoirs publics – à l’image de la manifestation prévue ce vendredi à Digne-les-Bains, (NDLR : dans l’attente d’un mouvement général attendu la semaine prochaine).
Des filets de protection usagés ont été accrochés aux portes de la préfecture et, même, deux pommiers partiellement amputés ont été disposés pour planter le décor.
L’arboriculture alpine était donc au cœur des préoccupations de la délégation des deux syndicats professionnels présents, la FDSEA et la JA 05. Leurs coprésidents, Anne-Marie Gros et Laurent Gabet, ainsi que Nicolas Richier et Edouard Pierre pour les premiers, Cyril Hugues pour le second, étaient accompagnés d’Éric Lions, président de la Chambre d’agriculture.
Sorti de la zone Natura 2000
Ils ont été reçus par le préfet Dominique Dufour, entouré des directeurs des services concernés par l’agriculture. Les membres de la délégation se sont montrés satisfaits, après une heure et demie d’entretiens et lors du compte rendu à leurs troupes. “Il n’y aura pas de nouvelles mesures décidées dans le cadre de Natura 2000. le préfet a reconnu les efforts réalisés par les arboriculteurs depuis deux décennies dans le cadre des mesures agro-environnementales (MAE)», a rassuré Laurent Gabet.
Une deuxième demande a également été satisfaite, sans doute encore plus importante : «Les 130 hectares de vergers de haute montagne de la Durance et du Buëch seront retirés de la zone Natura 2000», a déclaré le dirigeant syndical. 64 arboriculteurs sont concernés par cette mesure.
De 3 033 hectares en 2000 à 2 334 ha aujourd’hui, le verger de haute montagne a donc diminué d’un quart. Le rendement à l’hectare ayant baissé de 10% pour les pommiers. La réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires imposée par Natura 2000 est un facteur de dégradation de la production, selon eux. Les arboriculteurs veulent stopper ce déclin.
La manifestation pacifique s’est donc conclue de manière positive sur un sujet local. Certains jeunes agriculteurs sont restés sceptiques et ont préconisé une action plus ferme. Les responsables syndicaux ont rejeté toute idée d’action susceptible de contrecarrer les progrès obtenus et qui sera formalisée dans un texte, arguant que «Le préfet accepte de graver dans le marbre l’accord discuté aujourd’hui« .
Dans quelques jours, les agriculteurs seront mobilisés à plus grande échelle pour des revendications mondiales déjà formulées en janvier 2024 et dont le règlement a été complètement interrompu par la dissolution et les élections législatives qui ont suivi, et l’attente du nouveau gouvernement Barnier.