Dans l’Essonne, l’usine Mistral assemble des fontaines à eau blindées pour les gares et aéroports

Dans l’Essonne, l’usine Mistral assemble des fontaines à eau blindées pour les gares et aéroports
Dans l’Essonne, l’usine Mistral assemble des fontaines à eau blindées pour les gares et aéroports

La percussion sourde de la poinçonneuse détonne. A quelques mètres du tapis noir avalant les tôles à perforer, un bras robotique rouge saisit rapidement les plaques de métal avant de les plier. Le fabricant francilien de fontaines à eau Mistral Constructeur a investi plus d’un million d’euros pour automatiser une partie de sa chaîne de production. Objectif : maintenir le rythme de 20 000 fontaines à eau produites par an. A quelques pas des lignes automatisées, de grandes colonnes d’eau se détachent de cette production frénétique.

Depuis moins d’un an, l’usine de 65 salariés, située à Ris-Orangis (Essonne), fabrique des fontaines à eau géantes pour les gares, les stations de métro et les aéroports. Sous sa casquette noire, Samir Loucif, agent de montage, contemple la file d’une quinzaine de distributeurs installés devant lui, bientôt prêts à rejoindre les stations. Des modèles robustes mesurant 2 mètres de haut et pesant plus de 100 kilogrammes, bien loin des fontaines légères et compactes que l’entreprise fournit aux bureaux depuis plus de 70 ans – 1,20 m pour 20 kg.


« Les fontaines sont généralement assemblées en position debout. Mais vu les dimensions de ces modèles, nous sommes obligés de les allonger lors du montage.”, dit-il sous la lumière des néons en plongeant ses mains dans la carcasse métallique posée sur des tréteaux. Avec son coéquipier, ils assemblent 10 machines par semaine à temps plein, quand le reste de l’usine en assemble 80 en moyenne sur d’autres modèles.

Plus de 400 fontaines à eau pour la SNCF, la RATP et le groupe ADP

Au total, l’usine doit produire environ 200 fontaines géantes pour les gares SNCF, 120 pour les deux grands aéroports du groupe francilien ADP et 100 pour les métros RATP. Une bagatelle sur les 20 000 unités produites chaque année par l’usine. « Mais cela doit nous permettre de mettre la main sur un nouveau type de clientèle »souligne Thomas Liccioni, directeur de l’usine, qui espère surfer sur la vague de la loi Agec avec son distributeur géant.

Depuis le 1er janvier 2022, les établissements recevant du public (ERP) qui accueillent plus de 300 personnes doivent proposer des points d’accès à l’eau potable. Au total, le ministère de la Transition écologique a estimé à 30 000 le nombre de nouveaux points d’eau qui devraient être ouverts dans les lieux très fréquentés suite à cette loi. Au premier rang desquelles on retrouve les galeries des gares et des stations de métro, qui rassemblent chaque jour des centaines de personnes. Un marché géant, qui donne du fil à retordre au constructeur.

Fontaines à eau blindées

Vandalisme, graffitis, flaques d’eau… Les premiers modèles installés pour tester ont démontré que la vie d’une fontaine à eau dans une gare n’est pas une tâche facile. « Jusqu’à présent, les points d’eau que nous approvisionnions à la RATP ne sortaient pas des bureaux des agentssouligne Thomas Liccioni, en sweat à capuche gris, entrant d’un pas vif dans le showroom de l’usine. Mais installer une fontaine à eau sur un quai, c’est autre chose que dans un bureau, et la RATP et la SNCF n’avaient pas encore l’expérience de ces projets.» Au total, il aura fallu deux ans à Mistral Constructeur pour élaborer la recette adaptée aux galeries et halls de gare.

Le constructeur a donc tout axé sur la robustesse. “Franchement, pour l’ouvrir, il faut y aller”», raconte Samir Loucif, qui ouvre l’une des portes avec une énorme clé dentée. À l’intérieur, l’épaisse structure métallique de la machine est doublée d’un socle en acier dur placé à sa base. Résultat : un poids multiplié par cinq par rapport aux distributeurs traditionnels.

Il est également impossible d’accrocher les fontaines aux murs : les exploitants de stations exigent que les points d’eau soient placés au milieu des allées, afin d’être bien visibles par leurs usagers. Des trous ont donc été creusés à la base de la machine. Impossible donc d’arracher la fontaine, qui sera fixée au sol par des câbles.

Infrarouge contre le Covid

À cela s’ajoute le fait que depuis la crise sanitaire, les cahiers des charges des fabricants de fontaines à eau ont changé. Pour éviter les épidémies, les opérateurs souhaitent le sans contact, avec des systèmes de détection infrarouge. “Nous avions déjà développé ces appareils au sein d’entreprises suite au covid”, se réjouit encore Thomas Liccioni. Une question de survie pour l’entreprise à l’heure où « Même toucher les boutons du photocopieur est devenu tabou »… Ce qui lui a permis d’économiser quelques mois de développement sur ses nouveaux modèles pour gares.


“Ce sont des modèles qui nécessitent beaucoup plus d’électronique que nos modèles plus traditionnels”» dit Samir Loucif à la chaîne de montage en glissant les fils électriques dans les trous percés dans la prison métallique.

Autre nouveauté dans le cahier des charges : éviter qu’une bouche ne touche le col de la fontaine. Pour ce faire, une ouverture est creusée dans une grande tour : assez grande pour y laisser entrer une gourde, trop étroite pour une tête. “Avec ces fontaines, il n’est plus possible de boire directement à la bouche”, dit le réalisateur qui, en guise de démonstration, tente de passer la tête dans l’ouverture. Ce modèle remplace déjà progressivement les fontaines à jet classiques des deux grands aéroports parisiens.

Pour la purification de l’eau elle-même, l’usine s’appuie sur une recette maison brevetée : la désinfection UV. Développée pour les hôpitaux il y a une dizaine d’années, la technique consiste à émettre un rayonnement ultraviolet dans la cuve afin de décimer les bactéries. Au bout du petit réservoir, un morceau de quartz reflète les rayons. Ceux-ci parcourent ensuite les canalisations jusqu’à la sortie de la buse pour maintenir la pureté de l’eau dans la canalisation.

Déjà 161 fontaines installées dans les gares SNCF et Île-de-France Mobilité


« Installer une fontaine à eau dans un bureau n’a rien à voir avec une gare. On nous demande des informations sur la circulation, les gens viennent toucher les machines… J’ai même eu un enfant qui venait prendre mes outils », énumère Isabelle Payet, responsable du service après-vente. Son équipe a déjà installé 161 fontaines dans les gares SNCF et Île-de-France Mobilité partout en France. Le premier a été installé en septembre 2023, dans la station parisienne Nation. « Le plus difficile est de faire tomber Petites étapes les 2,10 mètres et 110 kilos d’engin… Pour descendre 30 à 50 marches, cela peut nous prendre 15 minutes”constate le gérant, qui mobilise deux personnes pour chaque installation, contre une seule pour les fontaines de bureaux.

Le jeu en vaut la peine : alors que le prix d’un modèle de bureau se compte en centaines d’euros, une fontaine de gare coûte des milliers d’euros. Prochaine étape pour l’entreprise ? Elargir son carnet de commandes auprès des trois acteurs du transport avant de s’ouvrir à d’autres méga-infrastructures publiques. « Des fontaines à eau sont installées uniquement dans la salle des professeurs »observe, souriant, Thomas Liccioni, qui lorgne déjà les couloirs des établissements scolaires.

 
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