Tanguy Le Turquais et son épouse Clarisse Crémer partent pour le Vendée Globe. Parents d’une petite Matilda de 2 ans, nous avons dû organiser la vie à terre en leur absence. Et c’est Léna, la sœur de Tanguy, qui veillera sur elle : « Ce sera mon Vendée Globe. Je sais que c’est courant d’avoir des enfants. Mais pour moi, c’est un défi car ce n’est pas ma fille», raconte la jeune femme de 28 ans, qui a d’abord refusé.
C’est au retour de la Transat Jacques Vabre, en 2022, que Clarisse annonce à Tanguy qu’elle est enceinte : « En 2020, cela fait déjà dix ans que nous sommes ensemble. Nous avons 30 ans et nous savons que nous voulons des enfants. Nous essayons mais cela ne fonctionne pas tout de suite. Ils doivent attendre un an. Clarisse est déjà engagée dans un deuxième projet de tournée mondiale. Et le skipper de Lazare, installé depuis à Locmiquélic (56), a lancé son propre projet. « Nous savons que nous serons tous les deux sur un projet Vendée Globe et que nous allons avoir un enfant. Et puis je panique ! Très vite, on s’est dit qu’il n’y avait pas moyen de dire à cette enfant que papa et maman n’avaient pas réalisé leur rêve parce qu’elle était arrivée.
« Sans elle, nos projets n’existeraient pas »
En une demi-seconde, ils savent : ils ont besoin de Léna. Tanguy prend alors son téléphone et annonce : « Nous recherchons quelqu’un pour s’occuper de Matilda, dès l’âge de six mois jusqu’après le Vendée Globe. Nous aimerions que ce soit vous parce que nous voulons que cette personne vive avec nous pour qu’elle puisse être le troisième parent, pour que Matilda s’habitue à cette personne. Pour nous, la meilleure personne, c’est vous ! « . A cette époque, Léna était aux Baléares et travaillait avec sa mère sur les marchés et les bateaux : « Je voulais revenir en Bretagne mais je ne savais pas encore trop ce que je voulais faire. Alors j’ai clairement dit non ! « .
Un an plus tard, elle revient sur sa décision. Le projet de Tanguy grandit et il propose également de travailler dans son écurie : « C’étaient les conditions de rêve. Après, concernant Matilda, j’ai dit que je ne pouvais pas donner de réponse avant de la rencontrer. J’avais vraiment besoin de sentir si j’allais pouvoir le faire ou non. Je n’avais pas beaucoup de patience avec les enfants. Elle fait ses valises et les pose dans le Morbihan. Dès l’instant où j’ai rencontré sa nièce, c’était une évidence : « Si j’avais été avec Matilda à plein temps, je n’aurais pas été épanouie. Ayant une énorme responsabilité sur le bateau, je n’ai pas les compétences pour ça. C’était donc l’équilibre parfait. Et elle en devient la pierre angulaire : « Aujourd’hui, sans elle, nos projets n’existeraient pas. Ce qu’il y a de précieux qu’on n’aurait pas trouvé ailleurs, c’est que, quand on part en mer, on n’a pas peur. Nous ne sommes pas inquiets pour Matilda. C’est inestimable. »
Responsabilités, modèles et câlins
Il faut une immense confiance en soi pour quitter la prunelle de ses yeux pendant trois mois alors qu’on part faire le tour de la planète à la voile : « Je ne pourrais pas le faire avec ma mère, avec mon autre sœur, avec mon père… ça ne marcherait pas. C’est juste parce que c’est Léna… » poursuit le skipper Lazare, qui la compare au soleil avec les planètes qui tournent autour de lui. Cette pétillante jeune femme que Matilda appelle « Tatina » aura le rôle de « seconde mère » pendant trois mois. Sa responsabilité sera grande. Elle le sait mais n’a pas peur car elle sait qu’on s’occupera bien d’elle. « Si Matilda a un accident de voiture et doit être opérée en urgence : qui prend la décision car nous ne sommes pas forcément joignables pour le moment. Ce n’est pas ma mère, ce n’est pas la mère de Clarisse, c’est Léna qui décide ! »
Après avoir vécu deux ans avec eux, elle a trouvé sa place. Lorsqu’elle est absente trop longtemps, Matilda la demande. « Je vais beaucoup lui parler, lui expliquer beaucoup. J’essaie de lui faire mettre dans sa chambre deux modèles de bateaux de Tanguy et Clarisse et de lui en parler chaque jour. » En revanche, il n’est pas question de vidéo avec les bateaux mais de photos envoyées à terre.
Les coeurs seront lourds dimanche à l’heure du départ. Mais il n’y aura pas de ponton pour Matilda. « Nous lui dirons au revoir la veille à la maison et partirons avant qu’elle ne se réveille. Si elle est réveillée, maman et papa partiront au travail… comme d’habitude. » Les câlins et les larges sourires de Léna feront le reste !