Les réactions se multiplient à travers le monde après l’annonce de la victoire de Donald Trump. On essaie d’y voir plus clair ce matin avec Thomas Frank et Jordan Tama qui livrent leur analyse immédiate du résultat.
L’inflation a-t-elle coûté la défaite de Kamala Harris ?
Thomas Frank et Jordan Tama s’efforcent de démêler le paradoxe selon lequel les classes populaires ont voté massivement pour un homme milliardaire très proche des ultra-riches. Jordan Tama tente une explication : « Il y a des gens qui vous diront qu’il y a des facteurs économiques qui ont amené Trump au pouvoir, d’autres diront que ce sont des facteurs culturels, la peur de l’autre, la peur du migrant. En fait, c’est une combinaison de tout cela et Trump a très bien su tirer parti de ces deux aspects.».
Thomas Frank met le doigt sur l’inflation, “un grand morceau d’histoire”, qui avait “a détruit la présidence de Jimmy Carter et Gerald Ford”. La nostalgie semble avoir conduit de nombreux Américains à voter pour Trump : « nostalgie d’une époque d’avant la pandémie, d’avant l’inflation ». Pourtant, c’est Donald Trump qui, aux yeux de Thomas Frank, reste en partie responsable de la flambée des prix : « Ses dépenses massives, les initiatives que lui et Biden ont prises, qu’ils ont signées, ont conduit à une augmentation de cette inflation. Il en est donc en grande partie responsable. Mais le paradoxe est que Trump va hériter d’une excellente situation économique”ajoute-t-il. Les politiques de Donald Trump risquent même d’exacerber l’inflation avec des droits de douane sur les importations vers les États-Unis, ajoute Jordan Tama.
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L’abandon de la « classe ouvrière »
La trajectoire suivie par le Parti démocrate au cours des dernières décennies mérite également d’être mentionnée pour continuer à expliquer le résultat des élections. Selon Thomas Frank, l’objectif des démocrates est depuis quelques temps de mettre en lumière le « cols blancs, professionnels hautement qualifiés »au détriment des classes populaires. « Il existe de nombreux exemples de faveurs accordées à ce groupe lorsque Bill Clinton était président. De nombreux accords commerciaux ont joué un rôle majeur dans la destruction du secteur manufacturier aux États-Unis. À Wall Street, de nombreuses lois ont été adoptées pour permettre aux banques de Wall Street de faire ce qu’elles voulaient, ce qui a entraîné la crise financière de 2008. Puis, lorsque Barack Obama a été élu, de nombreux électeurs en ont eu assez. d’espoir pour ce grand leader Eh bien, il a sauvé les banques, et il a fait très peu pour les propriétaires de petites entreprises américaines. Tout cela est très connu aux États-Unis..
Vers un renoncement à l’Ukraine et un soutien encore plus massif à Netanyahu ?
Interrogé sur l’avenir des guerres dans lesquelles les États-Unis sont engagés, Jordan Tama craint que Donald Trump n’offre une partie du territoire ukrainien à Vladimir Poutine. «Trump veut se présenter comme une personne capable de résoudre des problèmes, de conclure des accords, des accords, encore des accords. Dans ce cas, il est effectivement prêt à mettre fin à l’aide à l’Ukraine.». Cette position pourrait s’expliquer par une volonté d’exercer le même type de pouvoir qu’un Poutine ou un Xi Jinping. “Et puis, il veut pouvoir faire l’affaire du siècle qui se présentera comme une belle réussite”complète Jordan Tama.
Concernant la situation à Gaza, Jordan Tama dit que « Trump ne va pas faire pression sur Netanyahu pour qu’il change la politique israélienne ». De la même manière que pour le conflit ukrainien, le nouveau président des Etats-Unis souhaiterait apparemment parvenir à un accord diplomatique entre Israël et les Etats arabes, “car encore une fois, ce serait un succès d’en être crédité.” Cependant, tempère-t-il, les relations entre Israël et les Palestiniens, et entre Israël et les autres pays du Moyen-Orient, sont au plus bas. « Trump ne parviendra pas à inverser la tendance ».
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