“Imaginez s’il n’y avait pas eu un témoin qui avait eu le courage d’alerter les autorités [le ministère de la Santé]Je n’aurais jamais su ce que Lucas avait enduré lors de son séjour aux urgences de Hyères« .
Ce témoin s’appelle Damien Arnoux. Il avait alors le même âge que son voisin sur la civière. Il l’a vu souffrir, se tordre de douleur, ne pas être entendu, être abandonné. Il l’a vu souffrir pendant des heures. “Il a surtout eu le réflexe de se dire que ce n’était pas normal et d’écrire des lettres pour le dire. Dans notre malheur, c’est lui qui nous a permis de savoir ce qu’avait enduré Lucas« .
« Cela peut arriver à n’importe qui ! »
Catherine Godefroy, la mère du jeune homme de 25 ans, décédé dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2023 des suites d’une septicémie à l’hôpital de Hyères, vit son deuil avec une grande dignité, mais avec l’envie de tout connaître. la vérité sur cette terrible nuit.
“Ce qui est arrivé à Lucas pourrait arriver à n’importe qui. Il est temps que les politiques prennent en charge ce problème des urgences, de la psychiatrie, de la pédiatrie… J’ai donné des interviews, je suis apparu à la télévision, je suis soutenu, mais que font les politiques pour changer les choses ?« .
Faut-il organiser des assemblées générales des services de santé et d’urgence ? “Il faut faire quelque chose. J’ai travaillé à l’hôpital il y a plusieurs années, ce n’était pas comme ça ! Quelque chose ne va pas. Nous devrions avoir la capacité d’agir, d’alerter lorsque quelque chose ne va pas. »
« Où sont l’empathie et l’humanité envers les patients ?
Pour Catherine Godefroy, il n’y a pas seulement un manque de moyens. “Où sont l’empathie et l’humanité envers les patients ? Faut-il traiter les patients comme des enfants, les infantiliser, faire comme s’ils n’étaient pas présents ? Lucas avait des dreadlocks. Ne méritait-il pas qu’on s’occupe de lui ? Y a-t-il eu des préjugés ? Nous voulons savoir« .
Cette mère combattante a reçu des dizaines de témoignages. “Tout le monde n’est pas armé pour se défendre, pour dire que ce n’est pas normal. Il y a des situations impensables« .
Elle fait référence au témoignage d’une patiente qui a eu l’impression d’avoir été violée lors d’une auscultation. “Elle avait un problème médical à l’anus. Il y avait un médecin et trois internes.
On lui a dit de se mettre à quatre pattes et les stagiaires ont commencé à rire. Elle ne voulait plus aller à l’hôpital et son état de santé s’est détérioré. Elle avait peur de revivre cette situation. Elle a dû être emmenée aux urgences. rapporte Catherine Godefroy.
« Une enquête plus complète sera menée »
L’information judiciaire ouverte par le parquet de Toulon pour « homicide involontaire » et la nomination d’un juge d’instruction sont un plus non négligeable dans la recherche de la vérité. Aurait-il pu être sauvé ? Tous les moyens nécessaires ont-ils été mis en œuvre pour le maintenir en vie ?
“Une enquête plus complète pourra être menée. Les deux rapports de l’Agence régionale de santé (ARS) et celui de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) remis par la ministre de la Santé Catherine Vautrin, ont été rendus publics. Des enquêtes ont été menées et seront menées », explique-t-elle.
Elle assure qu’elle ira”jusqu’à la fin de la procédure pénale. Avec mon avocat, Me Thomas Callen, nous avions déjà déposé une plainte avec constitution de partie civile. Le parquet de Toulon a ouvert une information judiciaire et nommé un juge d’instruction. Le but est de faire avancer les choses. Que les malades puissent voir des médecins à l’hôpital !« .
“Je me demande si aller à SOS Médecin n’aurait pas été mieux“
Quant aux sanctions prononcées contre les professionnels de santé en justice, elle se dit abasourdie. “On m’a expliqué qu’un médecin qui venait d’être condamné avait écopé d’une lourde sanction : de la prison avec sursis. Malgré les convictions, les médecins peuvent exercer. En revanche, un médecin anti-vaccin peut être révoqué. Il faut de la cohérence« .
Catherine se souvient alors d’un des textes envoyés par Lucas à ses parents, depuis sa civière : «Je me demande si aller à SOS Médecin n’aurait pas été mieux« .
Cette mère espère que les politiques utiliseront leurs mandats pour changer les choses pour les patients. “On a droit à l’empathie et à un minimum d’humanité quand on entre à l’hôpital», insiste-t-elle.