le retour poignant des vétérans canadiens du débarquement en Normandie

le retour poignant des vétérans canadiens du débarquement en Normandie
le retour poignant des vétérans canadiens du débarquement en Normandie

« Ce retour est encore plus agréable que ma première visite en Normandie », sourit George Couture. Béret vert vissé sur la tête, multiples décorations soigneusement épinglées sur la veste, l’Américano-Canadien se plaît à participer aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement. Son troisième passage, le plus « spécial ». Treize vétérans du pays de l’unifolié ont fait le déplacement pour la semaine et ont accepté de partager leurs souvenirs.

George Couture fait partie des engagés à Juno Beach le 6 juin. Le soldat se souvient « du temps orageux, des vagues ». « Il fallait descendre les rampes mais si on tombait entre deux bateaux, c’était la mort tellement la mer était agitée. » Son unité débarque à Bernières-sur-Mer, face à un immeuble, le premier libéré, devenu aujourd’hui la Maison des Canadiens. En sol normand, les combats sont violents : « Nous étions dans une tranchée de 500 m à moitié remplie d’eau. Les Allemands partent mais contre-attaquent. J’ai pu m’enfuir avec un autre soldat en sautant par-dessus un muret. »

Avec son camarade, George Couture va se retrouver dans une autre unité et se diriger droit vers « une embuscade ». Les Canadiens se retrouvent alors face aux chars allemands. Les blindés alliés explosent sous le feu ennemi. “L’explosion a tué deux personnes”, a déclaré le vétéran. Il y a eu deux blessés graves. Les Allemands m’ont demandé de les soulever. Et ils l’ont abattu. » Fait prisonnier, Georges passera onze mois en captivité, emmené en train vers le front russe, pour aider à soigner les blessés et les corps. « Nous avions peu à manger. Il y avait des navets. Et aussi du faux café qui nous donnait mal au ventre», soupire-t-il, toujours souriant.

Alors que George Couture est kidnappé, Charles Davis arrive en Normandie pour aider les troupes à avancer. A 21 ans, il était chargé du transport de vivres et de munitions. Au fil de ses allées et venues, il découvre une région ravagée et une situation critique : « Caen était ruinée. Il a fallu faire sortir les Allemands de Caen tandis que les Américains ont eu du mal à sortir de Saint-Lô.» De ce chaos, le militaire garde en tête les images « des habitants qui [l’ont] invités chez eux, des enfants qui jouaient. »

Comme Charles Davis, James « Jim » Spenst conduisait les camions de ravitaillement de l’armée. Des allers-retours innombrables qui « ne lui laissaient pas beaucoup de temps pour visiter », sourit-il aujourd’hui. Jim n’avait que 18 ans et, comme la majorité des soldats canadiens, il s’est porté volontaire pour rejoindre les rangs des Alliés. « J’étais un jeune réserviste et je me suis engagé. C’est difficile, à cet âge, de réaliser qu’on va participer à une telle opération. » Quelques jours avant d’être envoyé en France (en juillet 1944), le jeune homme apprend la grave blessure de son frère, qui perd une jambe au combat.

Ces vétérans, presque centenaires, passeront une semaine intense là où leur guerre a commencé, avant leur longue avancée : Caen, Falaise, Paris puis Paris, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ce 6 juin, 80 ans plus tard, ils assisteront à la cérémonie officielle de leur pays, tout près de Juno Beach. « C’est très agréable d’être ici, confie George Couture. Ce retour est une première, à 98 ans, pour Jim Spenst : « Les Allemands ne sont pas revenus donc nous avons pensé qu’il n’était pas nécessaire de revenir », plaisante-t-il. Dernier survivant de son unité, l’ancien chauffeur de camion s’éclipse avant de reprendre la route de Juno Beach. Il est temps… d’allumer une cigarette canadienne en respirant l’air normand.

 
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