A la recherche de demain | Landais. Arjuzanx, de la mine de lignite au paradis des grues cendrées

A la recherche de demain | Landais. Arjuzanx, de la mine de lignite au paradis des grues cendrées
A la recherche de demain | Landais. Arjuzanx, de la mine de lignite au paradis des grues cendrées

Qui découvre le site d’Arjuzanx peut imaginer qu’il y a plus de trente ans, le 26 janvier 1992, à 19h30, une centrale thermique EDF y produisait son dernier kilowattheure ? Depuis, sur ce site minier à ciel ouvert, s’est développée une réserve naturelle, où prédominent les grues cendrées, d’octobre à mars. Nous sommes en Pays Morcenais, au cœur des Landes, à 40 kilomètres à égale distance de Mont-de-Marsan à l’est, de Dax au sud et de l’océan à l’ouest.

Bordée par la petite rivière du Bez et les grands pins maritimes de la forêt landaise, Arjuzanx, avec Sindères, Garrosse et Morcenx, constitue la commune de Morcenx-la-Nouvelle. Les quatre villages, qui ont fusionné le 1er janvier 2019, rassemblent aujourd’hui 5 000 âmes. Entre 1958 et 1965, Morcenx, chef-lieu du canton, passe à elle seule de 3 000 à 6 000 habitants. Autres époques, autres coutumes et autres paysages…

600 mineurs en 1984

Épuisement du gisement de lignite, concurrence du pétrole et du nucléaire, rentabilité en forte baisse… En 1973 puis en 1978, EDF décide d’arrêter l’exploitation de la mine. Si les pouvoirs politiques et les syndicats remportèrent les premiers bras de fer, ils ne purent empêcher, en 1981, la fermeture de ses plus anciennes centrales thermiques. En 1987, le conseil d’administration de l’entreprise publique décide de dissoudre Arjuzanx, avec effet en 1992.

L’exploitation de la mine, qui s’étend sur 900 hectares, a duré à peine trente-trois ans, de décembre 1959 à février 1992. Six cents, c’est le pic du nombre de mineurs présents à la mine, en 1984. Il en restait encore 140 à la fermeture. . Le démantèlement de l’infrastructure s’est achevé en janvier 1995 avec la démolition des deux dernières tours de refroidissement, bien après le démantèlement des excavatrices atteignant 22 mètres de long et 50 mètres de haut, en fonctionnement 24 heures sur 24.

20 000 grues et 200 000 visiteurs

Le site est ensuite transformé, avec l’aide d’EDF qui travaille à sa renaturation. « À la fermeture de la mine, lacs, bassins, tourbières et marais occupent les dépressions du territoire, tandis que pelouses, landes et forêts colonisent leurs élévations. La topographie turbulente, héritée de la mine, favorise une multitude de milieux naturels propices à l’explosion de la diversité », lit-on sur l’un des panneaux disposés dans la Maison du Chantier, ouverte toute l’année.

Désormais, plus de 20 000 grues cendrées séjournent chaque hiver sur le site, qui peut en accueillir 80 000 lors des pics de migration. Ils se nourrissent des grains de maïs qui restent, après la récolte, dans les champs voisins, les rives du lac leur offrant calme et tranquillité pour se reposer.

Classé réserve nationale de chasse et de faune sauvage en 1987 – année de l’arrivée des premières grues… -, le site a été inscrit à l’inventaire des espaces naturels d’intérêt faunistique et floristique en 1997. Avec ses 753 millions de mètres cubes d’eau distribués sur ses lacs et étangs, Arjuzanx a rejoint le réseau Natura en 2000 avec la création, en 2004, d’une zone spéciale de protection.

Avec ses lacs et étangs, l’ancienne mine deviendra réserve naturelle nationale en septembre 2022 »

Le 21 octobre 2002 marque un tournant dans l’histoire du site avec son rachat par le Département des Landes, puis l’entrée en action, en 2004, du Syndicat paritaire de gestion des milieux naturels, toujours en activité. L’objectif initial « d’aménager et de réaliser un aménagement écologique intégré d’une friche composée de puits miniers sur 600 hectares et de 1 550 hectares de terrils », a été atteint, grâce notamment à la plantation de 1,5 million d’arbres. L’espace protégé devient la Réserve Naturelle Nationale d’Arjuzanx (RNN) en septembre 2022.

Le site conserve la mémoire de l’exploitation du lignite, grâce à des panneaux qui retracent son histoire. Le lignite, surnommé « charbon de la terre », provient de la fossilisation de plantes vieilles de 11 millions d’années, enfouies sous 25 mètres de sable et d’argile de lac.

Etendue sur 2 600 hectares, dont 400 en accès libre, la réserve, avec 25 kilomètres de sentiers ouverts à la randonnée pédestre, équestre ou VTT, a accueilli plus de 200 000 visiteurs en 2021.

Si les grues cendrées n’y vivent pas seules, les observer est un véritable spectacle à apprécier depuis un observatoire placé à 15 mètres du sol. Le site peut également être découvert depuis les belvédères de Bande Porteuse, Commanday et Osmondes, avec ou sans guide. Un moment hors du temps.

 
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