Passionné de nature depuis son enfance, Bastien Prévost, installé en Haute Corrèze depuis 4 ans, est devenu un photographe animalier accompli. Et fin connaisseur de son environnement.
Preuve qu’il n’est pas nécessaire d’aller loin pour vivre de beaux moments. Originaire de son Nord natal, Bastien Prévost a choisi de s’installer en Haute Corrèze il y a 4 ans. «Je voulais aller dans une région un peu plus verte», dit-il en souriant.
C’est là, entre Neuvic et Mauriac, dans les bois, prairies et ruisseaux qui bordent son jardin, qu’il a trouvé son bonheur. Passionné de nature, curieux notamment d’ornithologie, pratiquant la photographie « pour m’aider à identifier les oiseaux », le jeune homme se spécialise progressivement dans la photographie animalière. «Je voulais montrer ces animaux sauvages sous un autre jour», explique-t-il. Au point de combiner parfaitement nature et art.
Un bestiaire sauvageUn cerf pris dans un rayon de soleil. (photo Bastien Prévost)
Dans son viseur, les blaireaux et les renards occupent une place à part. « Parce qu’il y a beaucoup d’interactions entre eux, notamment entre la maman et ses bébés. Ils jouent, ils se toilettent, ce sont des signes d’intelligence de l’espèce. »
C’est une sorte de quête, mais c’est ce qui me permet de connaître une espèce sur le bout des doigts.
L’année dernière, il s’était concentré sur la chouette hulotte, cette année, c’est la chouette effraie des clochers qui est sa préférée. « Les rapaces nocturnes m’intéressent, parce qu’ils sont jolis, intéressants pour la micro-régulation des petits mammifères et parce qu’ils sont un peu mystérieux », sourit-il.
Mais c’est le pic noir, « mon genre de cœur ». Il illustre un habitat de plus en plus rare, les vieilles forêts de hêtres typiques de notre région et il a la capacité de forer des cavités qui profiteront à de nombreuses autres espèces. Elle a cette intelligence pour coopérer, pour se protéger et préserver la biodiversité forestière. »
Autant d’animaux qui ne se photographient pas facilement. « C’est une sorte de quête, résume-t-il, mais c’est ce qui me permet de connaître une espèce sur le bout des doigts. »
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Documentation et veille
D’abord, Bastien Prévost marche, observe, localise, dans un rayon d’un une vingtaine de kilomètres autour de chez lui ou au fond de son jardin. « Je passe beaucoup de temps en hiver avec mes jumelles pour repérer les endroits où observer les animaux. Pour les blaireaux ou les renards, l’objectif est de retrouver les fameux terriers d’où ils sortiront au début du printemps. »
Ensuite, il lit, recherche, décrypte les études scientifiques « pour bien connaître les espèces et savoir où les chercher. Je me sens plus naturaliste que photographe », avoue-t-il.
Nous regardons différemment la faune à nos portes, je souhaite montrer cette richesse.
Finalement, il dégaine son appareil photo et attend. « D’avril à juin, c’est la grande période de mise bas ou de tétée, il y a de belles séquences à faire. » Des séances de 3 à 4 heures, sans bouger ni parler, en regardant vers les lieux qu’il aura préalablement identifiés. « Physiquement, cela peut être éprouvant. C’est aussi un exercice mental, il ne faut pas abandonner. »
Jeux d’ombre et de lumière
Le résultat est incroyable, avec un jeu d’ombre et de lumière. « J’aime les échanges de regards et les grands contrastes de lumière. Esthétiquement, j’aime ça et ça met en valeur le sujet ; il met en valeur des animaux communs que l’on ne voit pas forcément. »
« Souvent, les Corréziens ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont d’avoirSéance de nourrissage filmée à contre-jour. (photo Bastien Prévost)
il n’y a pas de biodiversité aussi remarquable autour d’eux. Nous regardons différemment la faune à nos portes, je souhaite montrer cette richesse. »
« Certaines photos sont opportunistes, comme un rayon de soleil qui tombe directement sur le cerf que j’observe », poursuit-il. Mais de plus en plus, j’ai une image en tête et quand elle se réalise, c’est un pur bonheur ! Et du soulagement, l’aboutissement de près d’un an de travail. »
Que peut-on voir au 25ème Festival d’art photographique de Tulle qui s’ouvre ce samedi ?
Renards, blaireaux, merles, pics noirs… Tout un monde sauvage et magnifique se retrouve à la galerie Aigua da Rocha, à Ussel. Photos que Bastien Prévost et Camille Gaubert ont prises de 2020 à 2024 et imprimées sur papier washi ; un papier fabriqué selon une technique japonaise ancestrale et 100% artisanale par une entreprise héraultaise, à base de kozo, espèce de mûrier à papier, et d’eau de Source. Le rendu est vibrant, les couleurs veloutées. « Cela correspond à notre éthique de prendre des photos près de chez soi et de montrer la biodiversité locale. Nous souhaitons montrer nos images sur le support le plus écologique possible. »L’exposition « De l’ombre à la lumière » est visible jusqu’au 16 novembre, du lundi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 17h30.
A l’affût avec Bastien Prévost
« L’idée est de partager cette passion et de montrer qu’il y a de belles choses autour de soi. » En 2022, en complément de son activité professionnelle, Bastien Prévost et sa compagne Camille Gaubert créent une micro-entreprise, A notre image. Objectif : organiser une quinzaine de stages de photographie animalière, d’une durée d’un à trois jours, par an. Au programme : maîtrise de la caméra nature, cours sur la biologie des espèces et temps d’affût.
J’aime, pour chaque cliché, avoir une histoire à raconter et que mon image soit pure.
Et ça marche ! « Tout notre agenda est bouclé jusqu’en 2026 », se réjouit-il. « La photographie animalière est devenue très populaire, et de plus en plus de jeunes s’y intéressent notamment. »
Des cours très appréciés
Ses stagiaires sont majoritairement des citadins, extérieurs à la Corrèze. Certains simplement à la recherche d’une belle photo, mais « beaucoup veulent vraiment apprendre à photographier une espèce pour pouvoir refaire ce travail de recherche de l’animal. C’est bien, comme ça, ils ne sortent pas sur le terrain pour faire n’importe quoi. »Bastien Prévost guide les stagiaires sur le chemin de la photographie naturaliste. (photo Geoffrey Motté)
Car ce qu’il partage aussi, c’est une certaine approche de la photographie animalière. À la fois en quête de la photo la plus artistique et soucieux d’une nature préservée, il ne photographie qu’un quart de ses peaux à peine. « Je fais tout ce que je peux pour déranger le moins possible les animaux, c’est une question d’éthique. Je ne mettrai jamais une espèce en péril pour répondre à la demande d’un client. J’aime, pour chaque cliché, avoir une histoire à raconter et que mon image soit pure. »
[email protected] A notre image, des photographies nature :
; site Internet, www.anotreimage.fr. Les photos sont en vente en ligne.