Selon le projet de loi de finances actuellement examiné au Parlement, le ministère des Armées notifiera la commande du porte-avions de nouvelle génération [PA NG] au porte-avions MO [c’est-à-dire la coentreprise de Naval Group et des Chantiers de l’Atlantique] ainsi que TechnicAtome en 2025. Ce qui laisse penser que les études conceptuelles relatives à ce futur navire sont pratiquement terminées et que les choix technologiques ont été faits.
Selon les dernières précisions révélées par Cols Bleus, le magazine officiel de la Marine nationale, le PA NG devrait afficher un déplacement de 80 000 tonnes. [soit 5 000 de plus par rapport à ce qui avait initialement été envisagé] sur une longueur de 310 mètres.
Cette masse supplémentaire ne devrait cependant pas avoir d’impact sur la puissance que devront développer les deux chaufferies nucléaires K22 de son système de propulsion. Cela doit être suffisant pour lui permettre de naviguer à une vitesse maximale de 30 nœuds et d’utiliser des armes à énergie dirigée, des brouilleurs de forte puissance et surtout des catapultes électromagnétiques. [EMALS] associé à l’AAG [Advanced Arresting Gear]c’est-à-dire le dispositif de récupération de l’avion.
A priori, d’après les dernières images du PA NG diffusées par la Direction Générale de l’Armement [DGA] et les industriels concernés à l’occasion de l’édition 2024 du salon Euronaval, le PA NG devrait en effet être équipé de trois catapultes EMALS. Proposée il y a deux ans, cette option n’avait pas encore été formellement confirmée.
En décembre 2021, l’Agence de coopération en matière de sécurité de défense [DSCA]responsable des exportations de matériel militaire américain, avait donné son feu vert à la vente de deux appareils EMALS et d’un appareil AAG à la France pour un montant estimé à 1,2 milliard d’euros.
Puis, un an plus tard, le Pentagone a annoncé avoir attribué à General Atomics un contrat de 9 millions de dollars pour développer un « sous-système comprenant deux ou trois moteurs de lancement et un dispositif AAG » pour le futur transporteur. avions de la Marine Nationale. Ce qui laissait donc la porte ouverte à une configuration possible avec trois catapultes électromagnétiques.
Actuellement, le porte-avions Charles de Gaulle, avec ses deux catapultes à vapeur, peut théoriquement lancer une vague de vingt Rafale M armés en quinze minutes puis la récupérer et la relancer quatre heures plus tard. Cependant, comme l’explique Cols Bleus, le PA NG « doit être capable de délivrer une puissance aérienne offensive sans précédent, grâce à un doublement du nombre de sorties aériennes et une amélioration de la létalité des armes qu’il embarquera ». En clair, on parle d’une soixantaine de sorties aériennes par jour dans un « scénario de haute intensité ».
De plus, en plus d’augmenter considérablement le rythme des opérations aériennes, un troisième EMALS offrirait plus de flexibilité tout en palliant potentiellement une déficience technique de l’une des deux autres catapultes.
Pour rappel, une catapulte de type EMALS utilise un moteur à induction électromagnétique linéaire [LIM]dont l’alimentation dépend de la masse de l’appareil à catapulter. Le champ magnétique généré de part et d’autre d’un rail catapulteur va alors mettre en mouvement un chariot mobile sur lequel est fixé l’avion à lancer. Compte tenu de la grande quantité d’énergie à libérer en quelques secondes, il utilise des volants d’inertie capables de stocker jusqu’à 100 mégajoules et d’être rechargés en moins d’une minute.
Par rapport aux catapultes à vapeur, une EMALS offre plusieurs avantages : les contraintes mécaniques sur les cellules de l’avion sont réduites, l’efficacité énergétique est optimisée et la maintenance est facilitée.