Par
Hélène Perraudeau
Publié le
4 novembre 2024 à 14h08
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Nous sommes dans juillet 1944, le 28 précisément. Dans la Manche, non loin de Saint-Lô, la petite ville de Saint-Jean-des-Baisants, peuplée d’environ 700 âmes, vient d’être libérée par les Alliés.
Gratuit, mais complètement détruit, ou presque. Parmi les pensionnaires, Angèle Lamoureux, 60 ans. Elle ne le sait pas encore, mais cette fille de riches agriculteurs, fervente catholique, deviendra, dans quelques mois, la première femme élue maire du département de la Manche.
Voici comment ça s’est passé.
Plus de 150 ans après Olympe de Gouges
« Sous l’égide du général de Gaulle, le Conseil national de la Résistance a préparé les réformes après la Libération », raconte René Gautier, historien local. Deux ordonnances, l’une du 21 avril 1944 à Alger et l’autre du 5 octobre suivant à Paris, furent publiées en faveur du suffrage des femmes. »
Nous sommes plus de 150 ans plus tard La Déclaration des Droits des Femmes et des Citoyens, écrit par Olympes de Gouges en 1789, décapité sur ordre de Robespierre.
« On aurait pu penser qu’après la Première Guerre mondiale, durant laquelle les femmes avaient remplacé les hommes partis au combat, ce droit de vote leur aurait été accordé plus tôt », souligne l’historien de la Manche. Mais c’était sans compter sur un Sénat ultra-conservateur qui bloqua, entre 1919 et 1936, une dizaine de propositions législatives allant en ce sens. »
Élu maire par surprise
En France, les élections municipales 29 avril et 3 mai 1945 sont donc les premiers à inclure le vote des femmes : non seulement elles peuvent voter mais elles peuvent aussi se présenter, voire être élues.
C’est ce qui va arriver à Angèle Lamoureux, presque à contrecœur, car ce dernier ne se présente pas pour être élu maire, mais uniquement pour siéger au conseil municipal. Elle, fille de maire – son père Emile Morice a été élu de 1912 à 1925 – « a été élue en sixième position », précise René Gautier. Elle devient maire, parce que la personne pressenti pour ce poste ne veut plus l’occuper.»
Démission après seulement sept mois
A 61 ans, voici Angèle Lamoureux à la tête de sa commune. Elle est la première femme mancheuse à occuper ce poste. Cependant, elle n’y est restée que sept mois.
Le Période de reconstruction, difficile et sensible, cela s’est-il avéré trop compliqué à gérer ? A-t-elle rencontré l’hostilité de certains hommes ? « On n’en sait rien pour l’instant », reconnaît René Gautier, qui mène des recherches sur le sujet auprès des personnes qui y ont assisté.
« Ce qui est sûr, c’est que les procès-verbaux de l’époque montrent qu’elle administrait la commune avec objectivité, bon sens et fermeté », note cette dernière.
Replaced by Paul Auvray until 1955, Angèle Lamoureux remained conseiller municipal.
Conférence de Michel Boivin en 2025 et place à son nom
Pour lui rendre hommage, Saint-Jean-d’Elle inaugurera prochainement une place portant son nom. Décédé en 1964, Angèle Lamoureux is buried in the Saint-Jean-des-Baisants cemetery.
Samedi 22 mars 2025, une conférence animée par Michel Boivin, historienne et politologue, sera consacrée au droit de vote des femmes en 1944, en France et dans la Manche, avec un coup de projecteur sur l’élection historique d’Angèle Lamoureux.
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