Avec Shaka Ponk, le moment d’une vie

Théo s’en souviendra sans doute toute sa vie. Nous n’exagérons guère. Le 30 octobre, le jeune homme passe du public à la batterie. Incroyable ? Il n’arrive toujours pas à y croire. Un moment « hors du temps » sur scène avec Shaka Ponk.

Nous vous l’avons dit. Nous vous l’avons encore dit. Shaka Ponk, c’est fini. Ou presque. Et de toute façon, l’avenir de Shaka ne se jouera pas sous la même forme qu’aujourd’hui. Les convictions écologiques, entre autres, obligent. Le 30 octobre, c’était la dernière apparition du groupe sur la scène du Zénith de Dijon. La quatrième date bourguignonne de la tournée d’adieu.

Et il y en a un qui se souviendra, peut-être toute sa vie, de cinq minutes qui lui paraissent encore quelques jours plus tard, irréelles. A 27 ans, Théo se dit lui-même originaire « des campagnes profondes du haut Jura ». Il sourit. Attention, celui qui se surnomme avec humour le « jeune troubadour » est pourtant ingénieur en recherche clinique et étudiant en médecine à Besançon.

Mais passons à autre chose… Le 30 octobre était bel et bien placé sous le signe de la musique. Théo écoute Shaka Ponk depuis une douzaine d’années. Son premier concert ? Dijon déjà, le 25 octobre 2014. Vu, donc, six ou sept fois. L’inexactitude des chiffres ? Quand on aime, on ne compte pas forcément !

Un moment « hors du temps »

Alors Dijon mercredi dernier, c’était quoi exactement ? Pourquoi parler du jeune Théo plutôt que du concert époustouflant, de la simplicité des membres de Shaka Ponk et de l’énorme show de Samaha, Frah, CC, Mandris, Steve et Ion ? Parce que c’est aussi ça Shaka : une grosse dose de talent, une cocotte minute d’humanité et une proximité avec le public qu’on ne retrouve peut-être nulle part ailleurs.

Oui, Théo est passé du public à la scène en quelques secondes, à l’invitation du groupe. « Tu es batteur, n’est-ce pas ? Vous avez envie de jouer à « I’m Picky », vous êtes sûr ? « . On n’y croit pas, on se dit qu’on va bien rire… Et on sort les cinq minutes de la chanson chapeau bas. Des musiciens, une chorale gospel qui jouent le jeu à 200%. Une Samaha qui filme l’instant comme une enfant, le sourire aux lèvres et un immense respect derrière la tête pour ce jeune homme qui vit « son » moment. C’est peut-être celui qui en parle le mieux : « C’est la magie de la musique qui m’a fait monter sur scène. Avec une dose de chance, du travail, un peu de chance (…) Mes vidéos de batterie postées sur les réseaux sociaux ont également été très appréciées. Mais sans cet esprit de partage de Shaka, cela ne serait jamais arrivé. C’est dit. C’est simple. C’est sincère.

“J’ai vécu un moment hors du temps.” Le sympathique Ion s’incline gentiment devant le batteur du soir. Lui aussi repartira visiblement émerveillé par la performance. C’est Théo qui parle sans doute le mieux de ce qu’il a vécu : « Quand je suis monté sur scène (après un petit signe de Frah), j’ai eu une montée d’adrénaline monstrueuse. Je me suis retourné et j’ai vu le Zénith emballé. J’ai alors pris conscience de l’ampleur de la chose. Ma gorge s’est serrée et Frah (le chanteur) m’a demandé si j’étais sûr de ce que je voulais faire. J’ai débranché le cerveau pour en tirer le meilleur parti. « .

Gentillesse

Mais au-delà de ce moment musical époustouflant, Théo se souviendra sans doute de cet « autre chose » si particulier. Il insiste : « Je ne veux pas me montrer. Mais surtout, dites-leur un grand merci. Il détaille, toujours empreint d’une certaine émotion : « La bienveillance de chaque membre du groupe était frappante : chacun avait un mot d’encouragement à mon égard et ils m’ont galvanisé tout au long de ma visite. J’avoue que j’ai eu du mal à produire et analyser les images que je voyais. C’était irréel d’être assis là. Derrière la batterie d’un batteur que j’admire depuis tout petit, avec le reste du groupe tout sourire, aussi joyeux que moi. Je tournais autour de 10 000 ! Et puis la chanson commence, je commence à jouer, j’entends le public crier de surprise. J’ai tout donné, j’ai vraiment donné ma vie. Mon objectif était de voir cette salle en ébullition, de les voir s’amuser autant que moi. »

« Chaque souvenir semble plus fou que l’autre. Samaha qui me filmait avec un sourire radieux, Frah qui chantait tout en réchauffant le public pour faire monter le compteur d’applaudissements, Ion assis à ma gauche profitant de ce moment privilégié. Et CC, Mandris et Steve à fond dans la performance (…) Une fois la pièce terminée, j’ai ressenti un mélange de sentiments : un bonheur immense, une reconnaissance incroyable et évidemment un peu de tristesse que ce soit passé si vite… Un sentiment fou d’accomplissement. « .

« Merci ! »

Cette tournée n’aurait pas pu être plus spéciale. Pour le groupe, qui clôturera sa tournée à la fin du mois avec quatre dates à Bercy. Pour les fans, qui auront rarement vécu des moments aussi intenses au Zénith. Pour Théo ? En fin de compte, c’est peut-être lui qui résume le mieux ce que chacun a vécu ces 365 derniers jours : « Le seul mot que j’aurais à leur dire, c’est MERCI. Un immense merci d’avoir joué le jeu, d’avoir cru en moi, de m’avoir fait confiance. Merci pour leur gentillesse, leur bienveillance et leur envie de partager. Si j’avais envie de monter sur scène avec eux et personne d’autre, c’est aussi pour ces valeurs fortes que je sentais partager avec eux. Tout cela s’est réalisé et même plus que ce que j’imaginais. Ils sont vraiment incroyables, authentiques et respectueux. Je leur souhaite le meilleur dans leur avenir, profiter des derniers rendez-vous et trouver le bonheur ailleurs par la suite. Je sais que c’est déjà difficile pour eux en ce moment, avec la fin qui approche, mais ils peuvent être fiers de ce qu’ils ont accompli, c’est stratosphérique ! « .

Qui a dit que la musique, le show-biz, les concerts, les tournées n’étaient que des moments aseptisés et sans vie ?

Text and photos Christophe Bonnefoy

 
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