« Il y a un médecin et nous le licencions. Nous sommes à bout de souffle», colère et étonnement après l’expulsion d’un psychiatre tunisien à Millau

« Il y a un médecin et nous le licencions. Nous sommes à bout de souffle», colère et étonnement après l’expulsion d’un psychiatre tunisien à Millau
« Il y a un médecin et nous le licencions. Nous sommes à bout de souffle», colère et étonnement après l’expulsion d’un psychiatre tunisien à Millau

Ce vendredi 31 mai, les soignants de l’hôpital psychiatrique de Millau se sont réunis.

La mobilisation massive des soignants de l’hôpital psychiatrique de Millau n’aura donc pas suffi. Pas plus que le rassemblement organisé mardi 29 mai dernier, devant les portes de la sous-préfecture de l’Aveyron. Pas plus que les 3 500 signatures de la pétition mise en ligne ces dernières 48 heures « contre la menace d’expulsion imminente d’un psychiatre du Sud Aveyron ».

Ce vendredi 31 mai, la praticienne en question, d’origine tunisienne et exerçant à Millau depuis 18 mois, a pris la route de l’aéroport, accompagnée de deux confrères infirmières de Millau. Soit l’exécution de l’obligation de quitter le territoire ordonnée par la préfecture de l’Aveyron pour un psychiatre de Padoue (praticien associé à un diplôme hors Union européenne).

« Il y a un médecin et nous le licencions. Nous sommes au bout du rouleau »

Il est visiblement très, très affecté, commente Éric Animat, infirmier social Sud santé. C’est une personne très respectueuse qui ne voulait pas rester illégale sur le territoire.

Jean-Dominique Gonzalez, médecin-chef du centre psychiatrique, souligne l’immense sentiment d’incompréhension. « Nous sommes dans une situation exceptionnelle. La santé publique est en jeu. Face à cela, on nous parle de textes juridiques. C’est terrible…” Ému aux larmes, le chef de service regrette « que les droits de l’homme sont ainsi bafoués. Il y a un médecin et il est licencié. Nous sommes à bout de nerfs. Avec le staff, nous essayons de faire de notre mieux.

Avec des conséquences quotidiennes dès le lundi 3 juin au matin. Quand les 300 patients régulièrement suivis par le médecin expulsé n’auront plus personne à qui parler directement. En incluant également les services ambulatoires et les urgences, ce chiffre s’élève à 700 patients. C’est énorme pour la filière Millau et Sud Aveyron, soutient Éric Animat. Cela ne peut pas être absorbé par les deux psychiatres restants.

Corinne Mora, élue CGT santé, raconte avoir participé, ce jeudi 30 mai dans l’après-midi, à avoir rencontré Benoît Durand, directeur de l’hôpital de Millau. « Je lui ai demandé la position de l’ARS (agence régionale de santé, NDLR) sur cette question. Il m’a dit que l’ARS avait fait référence à la préfecture. Mais mardi, lors du rassemblement devant la sous-préfecture, un communiqué signé par le préfet et l’ARS a été remis à - !

“Et le bon sens ?” » demande à haute voix une infirmière travaillant dans le secteur psychiatrique depuis 1989. “Je crois que nous nous attaquons depuis un certain temps à deux piliers de la démocratie : la santé et l’éducation nationale.” Et pour citer Lucien Bonnafé disparu en 2003 : « Nous jugeons une société à la manière dont elle prend soin de ses malades mentaux et de ses personnes marginalisées. »

Durant la seconde guerre, avec d’autres, Lucien Bonnafé développe les bases de la psychothérapie institutionnelle, à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban, en Lozère.

 
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